RELIRE Grande première à Monaco, le Conseil national va lancer une vaste consultation sur la qualité de vie en Principauté
La qualité de vie: la priorité des priorités du Conseil national en cette rentrée?
"Nous entrons dans une période très chargée pour le Conseil national avec des séances publiques du budget rectificatif 2019, mais aussi trois séances législatives importantes. Vous le voyez, le Conseil national tient un rythme très intense depuis l’installation de la majorité en février 2018. De nombreux sujets vont être débattus, qui correspondent aux attentes légitimes des Monégasques et des résidents. Mais oui, celui qui est et sera au cœur de nos priorités, c’est bien l’amélioration nécessaire et urgente de la qualité de vie de la population, face à une situation qui ne s’améliore toujours pas malgré nos demandes répétées. Il est indispensable que le gouvernement change de braquet dans ce domaine, s’il veut pouvoir compter sur le soutien du Conseil national lors de l’examen du budget primitif 2020."
De nombreuses idées sont évoquées année après année. Le ressenti n'est pourtant pas dans une amélioration mais bien une dégradation de la qualité de vie. Comment travaillez-vous avec le gouvernement sur ce vaste problème?
"Dès notre élection, nous sommes intervenus auprès du gouvernement pour souligner, notamment, les nombreux problèmes générés par le trop grand nombre de chantiers, les dysfonctionnements de certains chantiers de voirie aggravant les blocages de la circulation, et l’absence de mesures suffisantes contre le bruit. Après des débats très animés, nous avions obtenu deux arrêtés ministériels, en décembre 2018, l’un relatif à l’interdiction des chantiers la nuit et les week-ends, l’autre imposant de nouvelles normes pour lutter contre les nuisances sonores. Nous avions alors dit, de manière pragmatique, sans faire de procès d’intention au gouvernement, ni faire des déclarations démagogiques comme certains peuvent le faire sans être aux responsabilités, que nous ferions un bilan de leur application à la rentrée 2019. Nous y sommes : il n’est pas satisfaisant. Le gouvernement ne fait pas appliquer ces arrêtés avec suffisamment de détermination. Je ne prendrai que deux exemples. Tout d’abord, le gouvernement n’a toujours pas démarré le phasage que nous demandions, pour reporter certains chantiers privés. Aucun chantier n’a été décalé dans le temps, comme le permet pourtant l’article 10 de l’arrêté ministériel n° 2018 pour préserver la qualité de vie de la population avoisinante. Et alors que nous demandions aussi que la tranquillité des riverains soit préservée, grâce, entre autres, à la pose systématique de sarcophages acoustiques, force est de constater, neuf mois plus tard, qu’il n’y en a qu’un seul opérationnel, avenue Princesse-Grace, et aucun sur les chantiers publics."
Un sujet qui touche tout le monde, Monégasques, résidents, salariés résidents français et italiens. Quelles mesures concrètes maintenant?
"Avec Guillaume Rose, nous avons proposé à l’assemblée le lancement d’une vaste consultation des Monégasques, des résidents et des travailleurs pendulaires. Cette décision a été votée à l’unanimité, car il s’agit bel et bien d’une préoccupation partagée par l’ensemble des élus. C’est la première fois que le Conseil national va donner directement la parole à la population. Ce sujet nous concerne tous! La mobilisation sur ce sujet majeur de notre quotidien, sera massive, je n’en doute pas. Cette démarche permettra donc de connaître, avec des données quantitatives objectives, les préoccupations de la population du pays sur ce dossier majeur. À partir de ces données précieuses, nous serons alors en mesure de formuler davantage de propositions, et de demander au gouvernement des actions concrètes."
Un Contrat de vie commune, c'est bien d'abord et surtout pour les couples homosexuels n'est-ce pas? Ça coince avec le gouvernement?
"Le projet de loi sur le Contrat de vie commune (CVC), tel que présenté dans le texte consolidé renvoyé par le Conseil national au gouvernement, répond à une vraie attente de la société monégasque d’aujourd’hui, exprimée par des couples aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels, désireux de pouvoir organiser leur vie commune, sans avoir recours au mariage. Le Conseil national veut éviter toute hypocrisie en ne souhaitant pas mélanger, comme le voudrait le gouvernement, au sein du CVC, les membres d’une même famille avec ces couples. Nous sommes d’ailleurs prêts à voter deux textes spécifiques, si le gouvernement tient absolument à un texte pour les parents et les enfants, même si ces cas sont déjà prévus par d’autres dispositions du Code civil. L’autre divergence entre nous, c’est que nous voulons offrir une protection réelle au partenaire. C’est pourquoi nous avons inclus la couverture maladie et des droits de succession suite à un décès, certes moins favorables que pour les époux mais plus avantageux qu’entre personnes étrangères l’une à l’autre."
L'archevêque a-t-il donné ses limites à ce propos comme sur l'IVG?
"Nous sommes cohérents sur ces deux textes. Nous voulons faire évoluer nos lois de façon moderne, sans pour autant remettre en cause la Constitution, en restant dans son cadre, mais en utilisant tout son cadre. Dans les deux cas, nous avons été aussi loin que nous le permet l’article 9, qui consacre la religion catholique comme religion d’État. L’archevêque est certes dans son rôle en donnant son avis. Mais nous ne légiférons pas sur le mariage, qui est une institution religieuse. Nous parlons bien d’union libre, qui touche au civil et rien qu’au civil. La Constitution est donc parfaitement respectée."
Le Plan national pour le logement a-t-il un calendrier? Les choses se mettent en place au rythme voulu?
"Nous sommes très vigilants sur le respect du calendrier des immeubles domaniaux, et nous demandons très régulièrement un point de situation au Gouvernement. Il demeure seulement une incertitude sur les délais de construction du Grand Ida. Nous aurons une réunion le 4 novembre prochain pour obtenir les garanties nécessaires. D’ici la fin 2022, ce seront bien plus de 700 logements neufs qui auront été livrés."
Vous qui avez conduit le projet du nouvel l'hôpital, que pensez-vous de son chantier?
"J’ai effectivement, à la demande du Prince dans mes précédentes fonctions, finalisé le projet médical du nouvel hôpital en 2011. À l’époque, le département de l’Équipement annonçait la fin de la phase 1 pour 2021. Désormais, on nous parle de l’année 2026! Et que dire des insuffisances de l’entreprise retenue par la direction des Travaux publics, qui a dû avoir recours au soutien d’un grand groupe pour pouvoir avancer sur le chantier, moyennant des dépassements de dépenses publiques déjà considérables…"
Les grands travaux avancent à petits pas. Quels sont les principaux problèmes?
"Nouveau CHPG, désastre d’Apolline, arrêt du chantier de l’îlot Pasteur depuis près d’un an, bloquant la restructuration du centre commercial de Fontvieille et impliquant le report de la livraison du nouveau collège Charles-III… On ne peut, hélas, que constater de graves dysfonctionnements dans la conduite de trop nombreux chantiers publics. Ce constat est inquiétant. Le Conseil national attend du gouvernement, dans le cadre des prochains débats budgétaires, l’annonce de décisions fortes permettant d’inverser cette tendance."
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