Josette n’a pas voté cette année pour les élections communales. Elle a fait l’impasse et c’est bien la première fois. D’abord, elle pensait que le bureau de vote se tenait, cette fois-ci, au Grimaldi Forum. C’est en tout cas ce que ses amis lui avaient dit, affirme-t-elle. "Et ce n’est pas accessible pour moi en bus." Ensuite, le bus gratuit proposé par la mairie ne passait pas assez près de chez elle et ses jambes douloureuses l’handicapent ont pris le dessus.
"C’est regrettable. Le signe d’un mal-être"
"La liste unique ne me gêne pas, en soi, c’est comme ça. Aujourd’hui, les gens ont du mal à s’investir dans une cause, encore plus en politique. Je ne sais pas quoi en penser. C’est regrettable, signe d’un mal-être." L’abnégation sans doute ne fait plus partie de l’air du temps se dit-elle. "Liste unique ou pas, la mairie de Monaco est cependant présente pour ses résidents, les seniors, et très utile. Ce qui me gêne, ce n’est pas tant le manque de choix que la destruction massive du patrimoine architectural de Monaco depuis 2000."
"Le sentiment de voter dans le vide"
Josette a 85 ans et habite une villa au-dessus du Pont-Saint-Devote depuis 1945. Un petit bijou doté d’un jardin sur lequel poussent un oranger et un citronnier. Une perle devenue rare. "Après ma mort je ne sais pas ce qu’elle deviendra. Ce saccage, c’est difficile à vivre. Probablement que cela est ce nécessaire pour faire de l’argent mais cela fait très mal au cœur." Peut-être, aussi, que ce nouveau visage de Monaco ne la pousse pas non plus à se rendre ce dimanche à l’espace Léo-Ferré. "Certainement. Ce que je souhaite pour Monaco, on ne l’entendra pas."
Alors Josette s’est contentée de prendre son déjeuner au café des Moulins sur la place éponyme, avant de rentrer chez elle avec ses deux fidèles compagnons.
Dans cet établissement, où beaucoup de touristes déjeunent ce dimanche midi, ceux qui peuvent voter sont partagés. Certains se sont rendus aux urnes le matin, "c’est notre devoir, cela ne se discute pas". D’autres devaient s’y rendre l’après-midi... ou pas. "Je suis partagée, détaille Nathalie commerçante dans un autre quartier. J’ai cette année des difficultés à donner du sens à mon vote. Beaucoup autour de moi ont ce même sentiment. De voter dans le vide. Car il n’y a pas de choix. C’est difficile à comprendre, à admettre."
Ne pas s’investir en politique
La liste unique revient sur beaucoup de lèvres et freine certains jeunes à aller voter. "Moi j’y suis allé, coupe Alexandre, résident aux Moneghetti, venu accompagner sa grand-mère jusqu’à l’arrêt de bus, mais j’ai tout barré sur le bulletin... Je suis pour l’anarchie politique et je veux le faire savoir et j’ai pu m’exprimer!"
Pour Guillaume, chef d’entreprise croisé dans le bus avec l’une de ses filles, "il serait absurde d’être géré par des élus pour lesquels personne n’aurait voté. Il faut asseoir leur autorité. Il faut y aller et s’exprimer."
Partagés donc, beaucoup regrettent l’absence de pluralité. Pour autant, aucun d’entre eux ne souhaite s’investir en politique et l’ont clairement exprimé.
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