Pour ce second round de l'élection présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête dans seize des vingt-huit bureaux de vote de Menton et confirme ainsi son avancée dans les urnes. Mais, dans un élan de fraternité accidentel, le bureau de vote du Val de Gorbio a coupé la poire exactement en deux. Au « bureau 25 », zone reliant périphérie et centre-ville, on pouvait compter 351 voix pour la candidate du Front national et autant de bulletins pour Emmanuel Macron. Un résultat étonnant qui évitera toute rivalité entre voisins de camps politiques opposés.
À La Turbie, ce n'est pas sur un bureau de vote mais sur l'ensemble que l'écart s'est resserré entre les deux adversaires. Six voix seulement séparent les candidats (851 pour Emmanuel Macron et 857 pour Marine Le Pen). Le résultat est surprenant pour La Turbie, traditionnellement placée à droite de l'échiquier politique. « Clairement, les électeurs n'ont pas voulu choisir entre une candidate très à droite et un candidat considéré comme à gauche, analyse le maire Jean-Jacques Raffaele (LR). Et de minimiser le score du candidat d'En Marche ! Avec 226 votes blancs et nuls, il n'y a jamais eu autant d'indécis à La Turbie. C'est historique ! »
Quel est le lien entre les grandes villes urbaines de Paris, Lyon, Bordeaux et… le village de 500 habitants de Saorge ? A priori, il n'y en a pas. Et pourtant dans les urnes, toutes ces communes ont élu à une écrasante majorité le candidat d'En marche ! (Paris à 89 %, Bordeaux à 85 % et Lyon à 84 %). Dans la commune de Saorge, le score d'Emmanuel Macron culmine à 80,47 % (contre 19,53 % pour Marine Le Pen).
Le village de la Roya a clairement fait barrage au Front national, fidèle à son histoire. Car Saorge a toujours été de gauche. « Nous avons eu plusieurs maires communistes. Saorge, c'est la terre des soixante-huitards où réside un bastion de résistance qui s'oppose à l'extrême droite », justifie la maire, Brigitte Bresc (divers gauche).
Au premier tour, Saorge avait déjà placé au premier tour Jean-Luc Mélenchon en première position avec un score de 48,08 % Loin derrière Marine Le Pen avec 11,48 % (10,14 % en 2012). Mais comment expliquer que Saorge ait résisté à la « vague bleu Marine » ? « Nous sommes situés au-dessus de la vallée et donc un peu isolés des autres communes. Depuis toujours la solidarité et l'entraide règnent entre les habitants. D'ailleurs cette tendance s'est également ressentie sur la question migratoire », poursuit le maire.
Seulement une trentaine de kilomètres sépare Saorge et Castillon. Pourtant, dans les urnes, les deux communes rurales sont diamétralement opposées. À Castillon, Marine Le Pen est arrivée très largement en tête avec 60,40 % ( contre 39,60 % pour Emmanuel Macron). Pour le premier tour, la candidate du Front national avait réuni 44,59 % des suffrages. Être Lepéniste à Castillon, ce n'est plus une surprise. Le village des « métiers d'art » doit faire face à de nombreuses difficultés comme la baisse des dotations, la disparition des commerces ou la récente suppression d'un poste d'enseignant dans l'unique école… Selon l'édile, Philippe Rion, ce score se justifie en partie car les candidats « n'ont pas assez parlé de la ruralité et de ses difficultés ».
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