Laurent Nouvion a tranché: non, il n’entrera pas en campagne en vue des élections nationales 2023.
Lundi, alors que la rumeur courait depuis des semaines d’une possible entrée dans l’arène de l’ex-président du Conseil national, il adressait une "lettre aux Compatriotes" par voie de presse.
Et alors qu’on a compris la tension sans équivoque entre lui et son émule d’hier Béatrice Fresko qui vient de rejoindre les rangs de l’actuelle présidente Brigitte Boccone-Pagès sous l’étiquette "Union Nationale Monégasque", Laurent Nouvion veut prendre une posture d’observateur. "Horizon Monaco sera très attentif au projet politique de cette liste « d’Union Nationale" et à la façon dont seront conciliés les antagonismes criants de leurs membres. » Il fait ainsi référence au travail main dans la main de trois anciens opposants - Brigitte Boccone-Pagès, Béatrice Fresko et Jean-Louis Grinda - qui, chacun avec quelques-uns de leurs anciens camarades, ont décidé de faire cause commune avec "L’Union", certainement parce qu’ils n’ont pas montré grandes différences de vues depuis février 2018. Alors cette "Union" n’a rien, en apparence, du mariage de la carpe et du lapin.
Pour preuve, dans l’hémicycle depuis près de cinq ans, la voix des deux représentants Horizon Monaco (HM) a finalement été très peu divergente de celle de la majorité. Quant aux vingt-deux qui n’ont pas été élus en 2018 et leur leader historique Laurent Nouvion, ils ont plongé dans un silence sourd. Pas de réunion, pas de prise de parole. Rien. Le groupe n’a pas occupé l’espace public, certainement encore traumatisé par une crise interne qui avait abouti à l’éviction de Laurent Nouvion à la tête du Conseil national en 2016.
Un mandat, "cela se prépare, cela se mérite"
Alors, à l’heure où il serait grand temps d’avoir une équipe au complet motivée et aguerrie à la chose politique, qui Laurent Nouvion a-t-il autour de lui aujourd’hui pour faire face à la machine post-valerienne? Certainement pas vingt-quatre hommes et femmes prêts à se mettre en ordre de bataille. Le 31 octobre dernier, dans nos colonnes, à la question "Qui représente Horizon Monaco aujourd’hui si ce n’est pas vous?", Béatrice Fresko a répondu d’une formule lapidaire: "Bonne question!"
De son côté, l’ancien président du Conseil national donne son explication: "Il était (...) essentiel qu’avec les amis et soutiens politiques nous étudions dans quelle mesure les conditions nous paraissaient réunies ou non pour qu’un véritable débat de fond, digne et équitable puisse avoir lieu dans ces dix semaines qui nous séparent du 5 février. Vous représenter pour cinq ans, cela se prépare, cela se mérite, cela ne se décide pas par opportunisme. J’ai trop de respect pour les Monégasques et la chose publique pour engager des colistiers dans un contexte où l’exercice démocratique a été neutralisé depuis les cinq dernières années sans aucune opposition. En ces temps troublés, je pense qu’il est préférable et responsable de ne pas ajouter à la confusion."
Le raisonnement surprend; les élections étant le rendez-vous privilégié de la démocratie...
Mais on comprend que Laurent Nouvion préfère donc donner du temps au temps. Le temps de faire oublier 2016. Le temps certainement de constituer un groupe autour de lui qui pourrait, pourquoi pas, le suivre en 2028. Et s’il a des faiblesses, il a deux qualités majeures: il aime la politique et il est encore jeune. Alors, il affirme: "HM va travailler sans relâche pour reconstruire son offre politique afin de se tenir prêt car les années qui viennent risquent de mettre à l’épreuve notre Communauté Nationale et nos équilibres précieux."
Une réflexion qui se fera en parallèle de ses activités professionnelles, notamment dans le sillage du Prince. "De mon côté, je continuerai à ma place, à servir Monaco, ses intérêts supérieurs, son Prince et les Monégasques, tant par mon implication dans la vie économique qu’au sein du conseil d’Administration de la SBM en tant qu’administrateur d’État grâce à la confiance du Souverain. Vous pouvez compter sur notre détermination sans faille et sur notre implication pour défendre la viabilité de notre modèle économique grâce à des finances publiques excédentaires, seul moyen de préserver notre modèle social et de santé unique en Europe."
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