Budget 2017: les cinq priorités du Ministre d'Etat de Monaco présentées à la presse

Le chef du gouvernement princier a présenté le budget primitif 2017 à la presse, hier matin, après l’avoir fait au Conseil national la veille au soir. Un budget résolument tourné vers l’avenir

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La rédaction Publié le 12/10/2016 à 11:47, mis à jour le 12/10/2016 à 12:48
Photo Manu Vitali/Dir Com

Tous les matins, avec Jean [Castellini], on se réjouit d’être encore en excédent budgétaire.» Serge Telle, le ministre d’État de la principauté de Monaco, est un homme heureux. Heureux d’avoir pu présenter au Conseil national, lundi soir, et hier matin à la presse, son premier budget primitif, qui s’établit, selon les prévisions, à 1,2 milliard d’euros.
Aussi le chef du gouvernement princier a-t-il pu concocter un budget primitif 2017 offensif, «qui prépare l’avenir». «Ce n’est ni un budget de transition, ni un budget de rigueur. C’est un budget en excédent, d’anticipation.»

Qui permet de définir, et financer, cinq grandes priorités pour le prochain exercice. Cinq priorités aux allures de chantiers majeurs puisqu’elles concernent la réforme du système de retraite des fonctionnaires, le respect des engagements de la COP 21, le renforcement de la sécurité, le lancement d’un plan de numérisation de la Principauté et la mise en place d’actions contribuant au rayonnement international de Monaco.

Pour autant, ces cinq priorités n’empêchent pas le gouvernement de poursuivre ses missions et ses grands projets. Quelques chiffres plutôt que de longues palabres: 268 Me (+7,5 %) de dépenses dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la culture; 248 M€ pour la poursuite des opérations en cours (entrée de ville Jardin exotique, Îlot Pasteur, parking des Spélugues, opération L’Engelin, nouveau CHPG, etc.); 391 Me (+7,8 %) de nouveaux projets comme l’aménagement du Larvotto (500 Ke) ou la mise aux normes et l’extension de la station d’épuration (2,1 M€).

2017 sera aussi l’année des décisions sur le Très Grand Ida, la rénovation du Larvotto et du stade Louis-II, la modernisation des structures sportives du Devens et des Moneghetti à Beausoleil. Belle année en perspective.De quoi réjouir le ministre d’État.

1. Les retraites

Voilà une décision du gouvernement princier qui ne va pas laisser indifférents les 3.750 fonctionnaires de Monaco et, très certainement aussi, les milliers et les milliers de fonctionnaires à la retraite. En 2017, un fonds de retraite et de prévoyance sera créé, doté dans un premier temps de 5 M€. Ce fonds est destiné à soulager le système de retraite de la fonction publique dont le déséquilibre ne va pas cesser de croître.

«Aujourd’hui, explique Serge Telle, les cotisations génèrent 4,9 millions d’euros de recettes, pour 69,8 millions de dépenses. L’écart est déjà assez important. Dans dix ou quinze ans, il sera deux fois plus important.»

En raison des incitations aux départs anticipés, de la pyramide des âges et de l’allongement de l’espérance de vie – «Elle est de 89 ans à Monaco, l’une des plus élevées du monde» –, «nous aurons 10 M€ de recettes et 140 M€ de dépenses dans dix ans si nous ne faisons rien, poursuit le ministre d’État. Ce n’est pas tenable. Il est nécessaire d’anticiper».

D’où l’idée de ce fonds de 5 M€ pour commencer, qui pourra être abondé lors du budget rectificatif 2017.

"Trouver le bon équilibre"

«Il n’est pas question de prendre de grandes décisions et de tout révolutionner, tient à rassurer le chef du gouvernement, conscient de l’explosivité du dossier qu’il ouvre. Juste de trouver le bon équilibre, réfléchir avec le Conseil national pour trouver de bonnes solutions.»

Il y a quatre ans, la réforme du système des retraites du secteur privé s’est faite dans la douleur. Serge Telle, en bon diplomate, pose les jalons d’une réflexion qu’il espère constructive. La création d’un fonds de retraite, qui «sera géré comme un fonds de pension américain», est une piste. Dans le cadre de ce dossier, il sera compliqué de faire l’économie d’une réflexion sur le niveau et la durée de cotisation, ou sur l’âge légal du départ à la retraite, qui est aujourd’hui de 65 ans.

2. L'environnement

Maintenant que l’Accord de Paris est ratifié (notre édition d’hier), Monaco entre dans le vif du sujet. Le pays s’engage à réduire ses émissions de CO2 de 50 % entre les mesures effectuées en 1990 et 2030.

En 1990, 107000 tonnes de CO2 étaient rejetées dans l’air monégasque. Le volume est de 90.000 tonnes aujourd’hui. L’objectif est donc de 53500 tonnes à l’horizon 2030.
Comment? «L’an dernier, un fonds vert de 5 M€ a été créé, répond le ministre d’État. La contribution des résidents sur leur facture d’électricité s’élève à 8 M€. Nous allons fondre les deux systèmes afin de pouvoir répondre aux engagements pris par le souverain.»

Cet argent servira à financer des actions permettant de réduire la production de gaz à effet de serre. Parmi les pistes évoquées par le gouvernement, une incitation au remplacement des chaudières à fioul anciennes, donc polluantes (20.000 tonnes de CO2 en moins escomptées), des travaux de modernisation de l’usine d’incinération (10.000 à 14;000 tonnes), la création de parkings de retenue et tout autre projet à imaginer visant à réduire le nombre de voitures en circulation à Monaco (le solde pour arriver aux 36500 tonnes).

«Nous tiendrons les objectifs fixés par la COP 21, assure Serge Telle. Ce budget dédié va nous aider à y parvenir.»

3. La sécurité

Un effort financier supplémentaire de près de 6 Me sera consenti en 2017 pour renforcer la sécurité des biens et des personnes. Cette somme sera ventilée dans trois domaines.
Un, la création d’une réserve civile de la police monégasque.

Quinze postes de vacataires seront ouverts à de jeunes retraités ayant une expérience dans le domaine du maintien de l’ordre. Ils auront pour mission de remplacer les policiers chargés, par exemple, de la sécurité près des écoles. Lesquels policiers pourront alors être mobilisés sur d’autres missions. Coût: 2 M€.

Deux, le renforcement des équipements et des moyens de surveillance. Plus de 3 M€ seront dépensés dans ce sens.

Trois, la création de l’Agence monégasque de sécurité numérique, nouvelle autorité nationale en charge de la sécurité des systèmes d’information (nous y reviendrons dans une prochaine édition). Coût: 850.000 €.

4. Le numérique

Une «smart city». Ou plutôt, une «smart Principauté». C’est le projet qui sera lancé en 2017 à Monaco. «L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des habitants, mais aussi la qualité des relations entre l’administration et les administrés grâce à l’outil numérique», résume le ministre d’État.

Serge Telle livre même quelques pistes: «Des capteurs pourraient permettre de mesurer le trafic routier et une application indiquerait alors aux usagers les endroits où la circulation est embouteillée.» Ou encore: «Des échanges d’informations en temps réel sur la consommation d’électricité pourraient détecter des anomalies de consommation.» Les exemples d’applications sont infinis.

«Nous en avons parlé, nous allons le faire, assure le chef du gouvernement princier. La ville intelligente, ou comment vivre mieux grâce au numérique, c’est l’un des grands enjeux des prochaines années.»

Pour cela, quelque 8 M€ seront investis en 2017.

5. Le rayonnement

La cinquième et dernière priorité budgétaire du gouvernement princier n’est pas des moindres. Elle illustre la volonté de faire rayonner la Principauté sur le plan international. En 2017, 5,5 M€ seront consacrés à cela.

D’une part, le gouvernement va continuer à soutenir les deux clubs phares de Monaco, l’ASM Foot et l’ASM Basket, en reconduisant les partenariats noués (2,5 Me).

D’autre part, conformément aux souhaits du prince Albert II de renouer avec la tradition des grandes explorations à travers le monde, un partenariat a été conclu avec le navire scientifique Yersin.

En collaboration avec la Fondation Prince Albert II et l’Institut océanographique, le Yersin participera à des missions d’exploration sur les mers du globe, destinées en particulier à sensibiliser la population sur la nécessaire protection des océans, la biodiversité ou encore les changements climatiques, des thématiques chères au souverain.

«Ces missions constitueront une vitrine de la Principauté dans le monde», estime le chef du gouvernement princier. Il en coûtera 3 M€ à l’Etat en 2017.

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Monaco-Matin

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