Brigitte Boccone-Pagès, présidente du Conseil national: "notre communauté a besoin de rester unie"

La Présidente du Conseil national s’apprête à faire voter le budget rectificatif par ses collègues élus. Une première pour cette femme au planning décidément bien chargé en ce moment…

Propos recueillis par Joelle Deviras Publié le 15/10/2022 à 10:07, mis à jour le 15/10/2022 à 10:04
Brigitte Boccone-Pagès a été élue première présidente de l’histoire du Conseil national. Photo Romain Fondacaro/ Conseil national

Les jours sont denses pour Brigitte Boccone-Pagès en ce moment. Elle vient d’être élue la toute première présidente de l’histoire du Conseil national, à l’unanimité des élus, elle préside les séances publiques du projet de loi sur le budget rectificatif de l’État et elle doit de surcroît envisager les prochaines élections nationales de février 2023.

Alors que la loi sera votée mardi 18 octobre prochain, Brigitte Boccone-Pagès souligne les priorités des conseillers nationaux.

Quelle est votre impression après les premières séances publiques budgétaires en qualité de président du Conseil national?

Je crois pouvoir dire que les choses se passent bien, même si je découvre, c’est vrai, l’exercice. J’ai eu la chance d’enchaîner, en une seule et même soirée, le moment de mon élection par mes collègues, puis le début de l’examen de cette loi de budget. Il a fallu répondre présente. Je l’ai fait, comme je m’y étais engagée. Les débats ont parfois été très contradictoires entre les élus et le gouvernement, mais j’ai tenu à ce que chacun puisse s’exprimer. Il y avait de la tenue et j’y veillerai en permanence. Jeudi soir, le gouvernement a parfois eu tendance à prendre la parole de façon un peu inconvenante, mais, en tant que présidente de l’assemblée, j’aborderai les prochaines séances publiques avec l’expérience des précédentes. C’est aussi cela le pragmatisme que nous voulons.

Parlons des élus et des groupes politiques. L’union nationale se poursuit malgré le départ de Stéphane Valeri et malgré la proximité des élections?

Oui bien sûr, et vous l’avez vu et même retranscrit dans vos colonnes. Ce qui compte, c’est de continuer à travailler ensemble au sein d’un Conseil national apaisé. Il en va de l’efficacité de notre institution et de sa place dans les institutions de notre pays. Depuis mars 2020, et même avant grâce à la capacité de Stéphane Valeri à pratiquer l’ouverture vers les minorités, nous avons tous travaillé ensemble, avec Beatrice Fresko-Rolfo, avec Jean-Louis Grinda mais aussi Jacques Rit, dans l’union nationale de tous les élus et dans l’unité des institutions.

J’ai connu des périodes d’affrontements politiciens, à plusieurs reprises. Notre communauté a besoin de rester unie, car ce qui nous rapproche est plus important que nos différences. Mais cette diversité doit avoir sa place. C’est le cas et le Conseil national gagne évidemment en efficacité lorsqu’il n’est pas divisé. Ce fut le cas puisque nous avons largement contribué à trouver les meilleures solutions pour lutter contre la crise sanitaire et pour continuer d’adapter nos lois à l’évolution des mentalités tout en renforçant notre modèle économique et social.

Mobilité, logement, projets de loi en attente… Le Conseil national a beaucoup pointé du doigt les retards du gouvernement. N’en fait-il pas trop?

Non, encore une fois nous sommes dans notre rôle. Mais comme je l’ai dit à l’attention du département de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme, ce n’est pas pour mettre en cause, c’est pour rapprocher le ressenti de la population des exigences liées aux fonctions de l’exécutif gouvernemental. Nous sommes le relais, nous sommes là pour faire la jonction. Nous représentons l’opinion publique monégasque, qui doit être prise en compte dans la conduite des politiques publiques. À travers les lois de budgets, nous abordons tous les thèmes qui concernent l’action publique. Lorsque la mobilité est un sujet qui génère de l’agacement en ville et des constats négatifs, nous avons le devoir de le dire.

Mais c’est un sujet "complexe" pour reprendre l’adjectif du ministre d’État?

Nous sommes pragmatiques et responsables, et nous savons bien qu’il ne suffit pas d’un claquement de doigts pour que la situation s’améliore. Ce que nous attendons, ce sont des décisions. Ce qui est le plus problématique, c’est le report des décisions, les études interminables. Les études, c’est utile et parfois indispensable, mais cela ne doit pas reporter la gestion des problèmes ou impacter des calendriers interconnectés d’opérations structurantes.

Sur quels points attendez-vous des avancées concrètes?

Le premier point, c’est le logement. Il n’est pas acceptable que la suppression ou le report de certaines opérations ne soit pas compensée dans les années qui viennent. Car si la pénurie sera derrière nous l’année prochaine avec la livraison des grands ensembles Testimonio, Honoria puis Ida, il va falloir continuer d’accompagner la demande régulière et légitime de logements pour nos compatriotes. Il faut donc décider. Le Conseil National l’a demandé et nous nous donnons rendez-vous en décembre, lors de l’examen du budget primitif 2023.

Le transport est également devenu une priorité?

Pour la mobilité, il faut un plan, des décisions et s’y tenir. Mais il faut aussi un programme de restructuration du Stade Louis-II sur la partie haute, pour accompagner l’évolution de l’économie du football au plus haut niveau et pour répondre aux attentes des supporters. Enfin, plusieurs sujets me tiennent à cœur, comme le dépôt d’un texte permettant la création d’un fonds d’indemnisation en faveur des victimes d’infractions pénales, notamment pour les femmes victimes de violences. Plus on attend, plus le risque court. Le gouvernement s’était engagé à déposer un projet de loi en 2022. Il reste trois mois. Il faudra aussi trouver une solution pour construire un Ehpad La grande dépendance est un sujet essentiel pour l’avenir, il faut anticiper les besoins futurs pour nos aînés.

Malgré ces points sensibles, vous avez des satisfactions?

Oui, nous avons obtenu récemment du gouvernement qu’il organise une période de test sur la gratuité des bus. Cette mesure était demandée par le Conseil national et nous en mesurerons l’impact prochainement. Nous réfléchissons à en demander la prolongation raisonnable pour avoir plus de données statistiques et pour laisser le temps à la population d’adopter de nouveaux comportements pour certains déplacements. Pour lutter contre l’inflation, nous avons obtenu plusieurs dispositifs. Nous sommes satisfaits du maintien du pouvoir d’achat de celles et ceux qui assurent le fonctionnement de nos services publics, face à l’inflation, par la revalorisation du point d’indice. Le Conseil national se félicite également de la décision du gouvernement, d’étendre à l'ensemble des employeurs du secteur privé la faculté d'accorder une prime exceptionnelle non-chargée à leurs salariés, au-delà du secteur de l’hôtellerie et de la restauration. C’était une demande forte de notre assemblée.

Voterez-vous ce budget rectificatif comme un seul homme?

Nous serons constructifs, mais un vote n’est jamais acquis d’avance. Avec le respect de la diversité des points de vue et des opinions de chacune et de chacun, l’unanimité ne sera pas de mise, c’est certain. Nous nous déterminerons mardi prochain en ayant pris le soin d’analyser les réponses qui nous ont été apportées durant les séances budgétaires.

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