Après la démolition des cabanons à La Mala, le maire de Cap-d’Ail espère une concession pour aménager l’ancien espace
Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail, en procédure contre l’État sur la question de la délimitation du domaine public maritime, espère une concession pour aménager l’ancien espace des cabanons sur la plage de La Mala
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Joëlle DevirasPublié le 18/01/2022 à 08:10, mis à jour le 18/01/2022 à 14:20
La démolition des huit cabanons de la Plage Mala ordonnée par le Préfet et qui vient tout juste de s’achever tourne une page historique et affective de Cap-d’Ail. Après quelque dix ans de procédures, la justice a tranché et a considéré que les baraquements plus ou moins aménagés, à l’origine des garages à bateaux, étaient sur le domaine public maritime. L’objectif de la préfecture a été atteint: après trois mois de désamiantage, déménagement et destruction, le site a été remis dans son état naturel fin 2021.Photo J.D.
La démolition des huit cabanons de la Plage Mala ordonnée par le Préfet et qui vient tout juste de s’achever tourne une page historique et affective de Cap-d’Ail. Après quelque dix ans de procédures, la justice a tranché et a considéré que les baraquements plus ou moins aménagés, à l’origine des garages à bateaux, étaient sur le domaine public maritime. L’objectif de la préfecture a été atteint: après trois mois de désamiantage, déménagement et destruction, le site a été remis dans son état naturel fin 2021.
Xavier Beck n’a pas la même lecture que l’État sur la délimitation du domaine public maritime.(Photo J. D.).
Que pensez-vous de la plage Mala dans son état d’aujourd’hui?
C’est un sujet sur lequel je suis très partagé. Les cabanons participaient au décor de la plage avec sa grotte et ses falaises; site que nous connaissions depuis notre jeunesse. Mais je reconnais que les cabanons faisaient davantage penser à un bidonville qu’à autre chose. On y était attaché.
Vous avez toujours pris position en faveur de leur conservation et vous êtes toujours battu avec les services de la Préfecture.
Je n’ai jamais supporté l’inégalité de traitement. Si on cherche à lutter contre la violation de la loi du domaine public maritime, alors on ne laisse pas bétonner la plage des Sablettes à Menton ni les rochers du Cap-Martin. Ne parlons pas de la réserve à Beaulieu-sur-Mer avec un port et une piscine dans l’eau, de l’Hôtel Belle Rive, de l’Eden Roc,... Et le summum était la villa du Roi Fayçal d’Arabie saoudite sur la plage de Golfe-Juan. Et là ce n’est pas un problème…
Deux poids deux mesures?
Je pense que l’État veut se donner bonne conscience dans les Alpes-Maritimes en faisant des exemples comme à la Mala.
Que deviennent les restaurants dans cette tourmente?
Pour l’Eden, une partie est en pleine propriété. En revanche, pour la Réserve, une grosse partie de l’établissement est sur le domaine public maritime. Il faut savoir également que l’espace auparavant pris par les cabanons et redevenu naturel diminue de facto l’occupation du domaine public de la partie plage qui ne peut être supérieure à 20%.
Tous les recours sont épuisés contre l’État?
Nous sommes toujours en procédure dans ce dossier parce qu’il nous est demandé par la préfecture d’exécuter un jugement pour lequel nous avons fait appel et qui réclame la démolition du poste de secours, des toilettes, la pompe de relevage et tout le service d’assainissement de la plage qui longe le bord de mer sous le chemin qui mène d’un restaurant à l’autre. On marche sur la tête. Les deux restaurants et 25% des eaux usées du Beau Site descendent là. La demande de démolition est d’autant plus aberrante que cet ouvrage n’appartient pas à la commune mais à la Métropole. Il est évidemment hors de question de toucher à un système qui ne nous appartient pas. Et maintenant le jugement nous met une astreinte de 100 euros par jour de retard à partir du 6 janvier.
Mais ces histoires des délimitations du domaine public maritime ne datent pas d’hier. Pourquoi autant de discussions et de querelles?
Vous avez une propriété coincée entre les deux établissements de plage et aujourd’hui considérée sur le domaine public maritime. Cette propriété a été vendue par l’État en 1971 très officiellement. Et aujourd’hui on nous présente un décroché pour délimiter le domaine maritime en affirmant qu’il y a eu une erreur en 1971! C’est absurde! Le propriétaire est en procès et ce n’est pas fini car l’État veut récupérer le jardin devant la maison. Ça ira en Cour européenne de Justice.
Il y a eu déjà tellement de procédures.
On a fait plus de dix procédures pour essayer de faire reconnaître que les limites du domaine public maritime n’étaient pas celles que proposait l’État mais celle qui était au niveau de la plage elle-même. Deux experts nous ont donné raison. La première fois le tribunal a homologué le rapport d’expertise. Mais devant la Cour administrative d’Appel de Marseille a ensuite repris mot pour mot l’argumentation de l’État. C’était remarquable. La préfecture a fait des sondages sans nous demander notre avis, alors que nous étions en pleine procédure, sans que ce soit au contradictoire. Et la préfecture a fourni un rapport à la Cour. Il y a de quoi être énervé! De plus, en 1996, l’État demande que le concessionnaire, c’est-à-dire à l’époque la commune, ait en charge la démolition de toutes les constructions et installations existantes réalisées sur le domaine public maritime. J’ai dit que c’était inacceptable. La concession nous a donc été retirée et, depuis 2010, c’est l’État qui gère directement en délivrant des autorisations précaires aux deux restaurants qui s’acquittent d’une redevance somme toute très modeste par rapport à ce qui se pratique ailleurs.
Vous êtes encore en procédure aujourd’hui?
Oui, devant la Cour d’appel de Marseille. Comment peut-on imaginer à notre époque une plage sans sanitaire ni poste de secours ou assainissement? On est dans une situation ubuesque.
Que comptez-vous faire de l’espace auparavant occupé par les cabanons?
Si on a la gestion, on pourra engager des frais. Sinon, on ne dépensera pas un centime. Au besoin, on mettra des barrières de sécurité. Je reconnais que c’est un bel espace qui mérite d’être aménagé. On peut faire quelque chose de très joli. Nous le ferons très volontiers si nous avons une convention avec l’État.
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