Après la claque aux législatives pour la majorité d'Emmanuel Macron, la réforme des retraites peut-elle tomber aux oubliettes?

Décaler l’âge de départ à la retraite à 65 ans, l’une des mesures phares de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Mais sans majorité absolue, que fera la coalition Ensemble! à l’Assemblée Nationale face à un dossier aussi épineux?

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Amandine Collongette Publié le 21/06/2022 à 08:30, mis à jour le 20/06/2022 à 21:50
Photo AFP

C’est un sujet qui met des milliers de manifestants dans la rue: la réforme des retraites. Emmanuel Macron en a fait l’une des mesures phares de sa campagne présidentielle. Mais voilà, sans majorité absolue, que peut-il se passer à l’Assemblée nationale?

Pour l’économiste et directeur d’Asterès, Nicolas Bouzou, sur le papier, tout est jouable: "la coalition Ensemble! pourrait s’allier avec Les Républicains. D’ailleurs, le principal reproche que faisaient les Républicains au gouvernement pendant le premier mandat était de ne pas avoir réussi à aller jusqu’au bout. Les Républicains sont complètement en phase avec cette réforme. Je pense même que ça pourrait être un bon test de fonctionnement et de résilience pour l’Assemblée nationale."

Mais des divisions au sein des LR, et la volonté de ne pas faire de cadeaux à la majorité présidentielle pourraient faire capoter cet accord éventuel autour de la réforme des retraites.

Une réforme nécessaire?

De nombreux spécialistes tombent d’accord. Une réforme oui, mais pas d’urgence absolue. 

En revanche, pour l’économiste Elie Cohen, cette réforme est essentielle, et pour trois raisons: "il faut régler les déséquilibres financiers propres au régime des retraites, dégager des marges financières, et faire que la France  respecte ses engagements auprès de ses partenaires européens. Des engagements que nous ne respectons jamais. Rappelons que les dépenses liées aux retraites représentent 14% du PIB, et on sait qu’avec le vieillissement de la population ces dépenses vont augmenter. Sachant que la France est un des pays qui a le régime social le plus coûteux."

Autre raison qui motiverait cette réforme des retraites pour Nicolas Bouzou, économiste et directeur d’Asterès, le chômage des seniors. Actuellement, en France, les seniors sont très touchés par le chômage de longue durée: "cette réforme est nécessaire pour une raison principale: il faut augmenter le taux d’emploi des seniors qui sont actuellement très touchés par le chômage. Il est important d’avoir plus d’activité économique, et ça passe par le fait d’être plus nombreux à travailler. Cette réforme est aussi essentielle parce que notre dette est très lourde, et nos taux d’intérêt augmentent. Il faut montrer aux marchés que la France peut faire des réformes."

Le dossier des retraites reste un sujet très sensible auprès de l’opinion publique. De nombreux Français ont le sentiment de revenir sur leurs acquis sociaux et d’assister à un retour en arrière. "L’évolution démographique est telle qu’il faudra bien une réforme des retraites, mais ça réclame une adaptabilité de la part d’Emmanuel Macron qui doit rompre avec une méthode jupitérienne et qui doit discuter, négocier, davantage avec les syndicats" analyse Roland Cayrol, politologue et directeur associé à Sciences Po Paris. 

Quid de la position des différents groupes à l’Assemblée nationale?

Décaler l’âge de départ à la retraite à 65 ans ne séduit absolument pas la Nupes qui pendant la campagne des législatives a fait de la retraite à 60 ans une de ses mesures phares. 

Quant à Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée Nationale, elle avait qualifié "d’inhumain" chez nos confrères de BFM le départ à 65 ans pour certains métiers. 

Autre option pour Emmanuel Macron, continuer à réformer mais de manière moins clivante. "Il pourrait par exemple réformer par tranche, ou accélérer la réforme des retraites de Marisol Touraine, c’est une option" conclut l’économiste Elie Cohen.

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