Depuis le 16 septembre 2016, Marine de Carné de Trécesson de Coëtlogon est ambassadrice de France à Monaco. Une femme qui a intégré le Quai d’Orsay en 1987 à la direction des Français de l’étranger et s’est intéressée, dans ses nombreuses fonctions pour lesquelles elle fut détachée, à l’écologie et au développement durable, ainsi qu’à l’Europe où elle fut, à Bruxelles, sous-directrice de l’Europe méridionale.
Outre les sujets sur lesquels elle a œuvré et qui peuvent trouver un écho en Principauté, elle veille également sur la communauté étrangère la plus importante de Monaco. Une population qui attend des avancées notamment en matière de fiscalité et de logement.
Tour d’horizon avec Marine de Carné de Trécesson qui a été l’invitée du Monaco press club, au Columbus, jeudi dernier.
Aujourd’hui, la communauté française représente quelque 9.350 personnes. Est-ce enfin la fin du déclin?
La communauté est effectivement en diminution puisque de 13.000 en 1961, nous sommes à 9350 Français aujourd’hui. Ce chiffre est stabilisé par deux phénomènes. D’une part, la fiscalité, cause de décrue, a été jugulée par des décisions de justice, notamment celle qui explique que la convention de 1963 sur l’impôt sur le revenu ne s’applique pas aux Français de Monaco ayant toujours conservé leur résidence fiscale ici. Sur la CSG, le directeur des finances publiques de Nice m’a confirmé que les revenus du capital, pour les Français de Monaco, ne seraient pas assujettis aux prélèvements sociaux.
Reste le problème du logement…
Il faut évidemment travailler là-dessus car il serait paradoxal qu’on règle le problème de la fiscalité pour les enfants du pays* alors que, parallèlement, ils ne peuvent pas rester à Monaco, car les logements ont des coûts trop élevés. C’est un sujet sensible sur lequel il faut qu’on discute avec les autorités monégasques.
La communauté française diminuant, le sujet est donc plus facile à traiter…
En même temps que la communauté française a diminué, la communauté monégasque a augmenté. Mais il faut noter que, dans le même temps, 95 % des Monégasques épousent des étrangers et 70 % de ces étrangers sont des Français. Il existe donc une relation imbriquée et des liens extrêmement forts.
La diminution de la communauté française s’est donc faite avec la communauté monégasque, surtout depuis que les épouses peuvent accorder la nationalité à leur mari. Il y a donc un mariage de raison et de cœur entre Monaco et la France.
Moins de 10.000 Français, est-ce un seuil critique politiquement dans l’équilibre de nos deux pays?
La communauté française reste la plus importante, représentant un quart de la population contre la moitié il y a trente ans. La relation est très forte entre Monaco et la France. Ce qui m’importe est de regarder vers l’avenir. La population a fait des efforts. Côté français, on a fait des efforts aussi. L’idée est maintenant de savoir comment faire pour maintenir cette population afin qu’elle ait un avenir à Monaco.
Les Français de Monaco, ce sont aussi 30.000 salariés d’entreprises monégasques et qui ont, aussi, des difficultés pour se loger. Avez-vous des discussions avec les autorités françaises sur cet aspect?
C’est notre travail quotidien. Nous avons le souci de trouver des solutions innovantes comme avec le télétravail. Il faut réfléchir à des solutions à long terme pour le développement mutuel et l’attractivité. D’ailleurs, il serait peut-être intéressant que les Français, comme les Italiens, soient associés au conseil stratégique pour l’attractivité. Mais au quotidien, les problèmes persistent… Par exemple les bouchons. Il y a eu des solutions avec le tunnel descendant, un projet avec la bretelle de Beausoleil qui devrait se mettre en œuvre cette année, il y a des échéances pour les TER et des travaux pour l’extension des quais à Nice Riquier en 2017.Des progrès sont quand même constatés.
À Monaco, vous avez une relation d’abord amicale avec Serge Telle. Est-ce que cela facilite le travail?
Nous partageons un certain nombre de passions, d’ambitions et de sujets que nous souhaitons faire avancer en bonne coopération franco-monégasque; les sujets liés à l’environnement par exemple. Monaco et la France peuvent travailler en parfaite complémentarité et synergie. Il y a des projets sur les aires marines protégées en Méditerranée, la lutte contre les sacs plastiques,... Par ailleurs, je vais de nouveau présider la commission Ramoge durant deux ans.
Le prince a un rayonnement qui dépasse très largement ses frontières et la France a un réseau dans le monde. Nous travaillons donc en parfaite entente.
* En matière de fiscalité, l’arrêt du Conseil d’État du 11 avril 2014 crée une jurisprudence permettant aux Français nés à Monaco et y ayant toujours résidé d’être considérés comme fiscalement domiciliés à Monaco.
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