A quoi va ressembler le nouvel ensemble immobilier et culturel de l'Esplanade des pêcheurs à Monaco?

Au cœur d’un contentieux entre le promoteur Caroli et l’État, le complexe immobilier et culturel est désormais sur de bons rails. La désaffectation du site a été votée au Conseil national.

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Marie Cardona et Thibaut Parat Publié le 30/07/2022 à 10:00, mis à jour le 01/08/2022 à 11:03
Sur les 17 élus présents dans l’hémicycle mercredi, la majorité s’est prononcée en faveur de la désaffectation du site, deux élus se sont abstenus et un a voté contre. Photo Cyril Dodergny

Objet d’un lourd contentieux entre l’État monégasque et la société Caroli Immo ces dernières années, le dossier dit de "l’esplanade des Pêcheurs" – un ambitieux complexe immobilier et culturel – est désormais sur de bons rails.

Ce mercredi soir, dans l’Hémicycle du Conseil national, les élus ont voté le projet de loi prononçant la désaffectation d’une parcelle de 13 282 m² du domaine public de l’État, répartis sur le quai Rainier Ier Grand Amiral de France et une partie du quai Antoine Ier.

En se voyant céder ce terrain stratégique et âprement convoité, le promoteur Antonio Caroli renonce ainsi aux 157 millions d’euros d’indemnisations (intérêts compris) que devait lui verser l’État monégasque, condamné en 2020 par le Tribunal suprême de Monaco après son retrait unilatéral, en 2015, du protocole d’accord signé une année auparavant.

À l’époque, l’exécutif avait motivé cette décision par les risques supposés que faisait peser le projet sur la tenue du Grand Prix de Monaco.

Trois conditions pour un accord

Face à cette condamnation menaçant de créer un gouffre dans les finances publiques, le prince Albert II avait réclamé en personne qu’une solution amiable soit trouvée, "protectrice de l’État et des intérêts de la Principauté".

Un accord obtenu, en concertation avec le Conseil national, qui a donc conduit au projet de loi de désaffectation voté ce mercredi.

"L’atteinte de cet accord devait se faire en respectant rigoureusement trois conditions : assurer la pérennité du Grand Prix, garantir la desserte du site par les services de secours, préserver les intérêts de la Principauté", a réagi Pierre Dartout, Ministre d’État, lequel s’est saisi de l’épineux dossier à sa prise de fonctions en septembre 2020.

Objectifs atteints selon lui.

"Quand on connaît l’historique de ce dossier aux intérêts difficilement conciliables, je crois pouvoir dire qu’il s’agit, avec ce vote, d’une sortie par le haut", a salué Stéphane Valeri, président du Conseil national, néanmoins sévère sur l’action passée du gouvernement qu’il juge fautif sur ce dossier.

L’Etat y trouve (financièrement) son compte

La nouvelle mouture du projet, plus allégée que celle d’origine, offre ainsi les surfaces nécessaires pour la pérennité des Grands Prix automobiles en Principauté : environ 5.800 m² pour accueillir le "TV Compound" et des structures couvertes modulables abritant, notamment, les pneumatiques.

Quant aux autres composantes de l’ensemble immobilier et culturel (lire ci-dessous), conçu par l’architecte de renom Rudy Ricciotti, l’État monégasque y trouve son compte financièrement.

Le nouveau protocole tripartite, qui sera signé, lui assure de significatives rentrées financières et des dations importantes se traduisant notamment, par la construction d’un immeuble de logements domaniaux – se substituant au musée de la famille princière initialement envisagé –, de parkings, d’espaces commerciaux et de jardins publics, la création d’un musée d’archéologie sous-marine.

En complément, l’État recevra en pleine propriété l’entièreté du deuxième étage de l’immeuble de logements privés. Ce qui, à la vente, pourrait lui rapporter plus de 100 millions d’euros.

"C’est un projet beaucoup plus équilibré financièrement et plus en phase avec les intérêts de Monaco et des Monégasques", a salué l’élu Primo ! Balthazar Seydoux.

Les conseillers nationaux ont unanimement applaudi la clause de sauvegarde permettant à l’État de recevoir sa part sur d’éventuels surprofits réalisés par le promoteur sur cette opération.

À hauteur de 30 % de cet excédent. Et de 50 % dans les futurs accords entre l’État et des opérateurs privés dans le cadre de désaffectations.

La nouvelle mouture du projet

Le nouveau programme sera de moindre ampleur par rapport à celui initialement envisagé, conformément au "souhait du souverain", a rappelé le Ministre d’État, Pierre Dartout.

23 logements domaniaux

Mais que prévoit-il ? Tout d’abord, un point essentiel qui ne figurait pas dans le projet initial : la construction d’un immeuble – à l’emplacement de l’ancien Yacht-club – destiné à des commerces et 23 logements domaniaux d’une superficie d’environ 3.100 m², loggias comprises.

Des logements pour lesquels le gouvernement a confirmé qu’ils "répondront, sur le plan des surfaces et de leur équipement, aux dispositions de la dernière version du programme détaillé des logements domaniaux réalisés par l’État dans le cadre du Plan national pour le logement des Monégasques".

Des logements privés

Ce nouvel ensemble comprendra aussi un immeuble privé de 18.100m² sur l’esplanade, dont le deuxième étage (soit 1 870m²) sera remis en dation à l’État.

"On parle là de plus de 100 millions d’euros de contreparties si l’État vend ces appartements", a estimé Stéphane Valeri, président du Conseil national. Ainsi que des locaux (d’environ 1.550m² de surface) pour le relogement des professionnels du port et de la police maritime.

Un musée d’archéologie sous-marine

Le site accueillera bien un musée, "de dimension très légèrement réduite", précise le projet de loi. Cet espace, dénommé « Centre de l’Homme et de la Mer » sera dédié à l’archéologie marine.

Il rassemblera, sur une surface d’environ 5.400 m² , les collections de l’archéologue sous-marin Franck Goddio, une unité scientifique et de recherches, ainsi que divers pôles d’activités scientifiques et pédagogiques, multimédia et à vocation culturelle.

Divers équipements

Sont également prévus : des jardins publics (2.000m²), une liaison mécanique entre le projet et "les jardins se trouvant sur la partie haute de la Porte Neuve" et un ensemble de parkings de 182 places pour lesquels le Conseil national a soulevé un point logistique.

"Les places de parking dédiées aux logements domaniaux ne pourraient pas être occupées par les locataires durant la période des Grands Prix, les emplacements étant alors réquisitionnés pour le stockage des pneumatiques, a expliqué Brigitte Boccone-Pagès. Le gouvernement a proposé que les locataires puissent, durant la période d’indisponibilité, garer leurs véhicules gratuitement au sein du parking de la Digue." Une solution plus pérenne est souhaitée.

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