Où étiez-vous quand les All Blacks sont tombés à Mayol?

À trois mois de l’ouverture de la Coupe du monde en France, qui va faire vibrer Nice, Toulon, Marseille et toute la région, on vous invite à faire un saut dans le passé. Pour évoquer une des pages glorieuses du rugby d’ici que l’on assimile au grand Sud-Est.

Olivier Bouisson Publié le 10/07/2023 à 00:01, mis à jour le 13/07/2023 à 09:53
Une sélection des meilleurs joueurs de Provence et de la Côte d’Azur est appelée à s’unir sous les mêmes couleurs. À porter le même maillot: d’un bleu Méditerranée rayé du rouge et du jaune des Provençaux. Archives Var-Matin/Félix Golési

Nous sommes en 1990. Trois ans après après avoir décroché la première Coupe du monde de rugby sur ses îles coiffées d’un long nuage blanc, la Nouvelle-Zélande débarque en France pour une tournée de huit matchs. Si elle battra par deux fois le XV de France, ce 17 octobre 1990, elle s’avance au stade Mayol de Toulon pour sa première sortie sur le sol français. Comme il était de coutume à l’époque, une sélection des meilleurs joueurs de Provence et de la Côte d’Azur est appelée à s’unir sous les mêmes couleurs. À porter le même maillot: d’un bleu Méditerranée rayé du rouge et du jaune des Provençaux. "Un maillot incroyable mais d’une laideur rare. Les Blacks ont pris peur en le voyant!", se marre le Toulonnais Eric Champ, âgé de 61 ans depuis quelques semaines. Sous la houlette de Jean-Claude Ballatore, Christian Seguin et Jean Archippe, le groupe se retrouve trois jours avant la rencontre.

Ils ont rangé les haches

Le principal contingent est sans surprise toulonnais avec Champ, Melville, Roux, Braendlin, Jaubert et quelques anciens de la maison rouge et noire (Bianchi, Tordo, Pujolle). Niçois, Grenoblois et Nîmois complètent le quinze de départ, qui reçoit même l’apport du Toulousain David Berty à l’aile. Une anomalie. Trois jours pour s’entendre, faire corps. Pour enterrer les haches que se jetaient les joueurs dans le dos en championnat. 

Andrieu à terre a pu transmettre à Champ, en soutien, qui va relancer... Archives Var-Matin/Félix Golési.

Si l’antagonisme entre Nice et Toulon s’était estompé, les Toulon-Grenoble, entre les deux plus gros paquets d’avants de l’époque, étaient des matchs à laisser les enfants à la maison. S’ils s’étaient joués aujourd’hui, les trente joueurs auraient été convoqués en commission de discipline le lendemain. Le Niçois Patrick Barthélémy, qui fêtera ses 60 ans en octobre en bouclant son premier triathlon, se souvient: "On avait tout de suite compris que c’était sérieux. À table, pas une déconnade et aux entraînements, pas un ballon tombé."  "On jouait les Blacks à Mayol et chacun d’entre nous pouvait postuler à une place en équipe de France. Individuellement, chaque joueur s’est préparé à disputer un test-match. La veille, l’osmose était parfaite", soutient Eric Champ.

Mayol est quasiment plein au coup d’envoi (14 000 personnes) malgré les orages qui se sont abattus lors des dernières 24 heures. "J’adorais jouer à Mayol, c’est un stade de challenge", souffle "Barthé" qui y a disputé son tout premier match en minimes face à un certain... Eric Champ. Les All Blacks entonnent leur impressionnant haka, amplifié par la sono du stade. Sean Fitzpatrick est le capitaine d’une équipe fortement remaniée. Suffisant, pensaient les champions du monde, pour battre quinze gars du sud-est de la France.

Le début du match leur donne raison. Malgré la farouche résistance de la Sélection, ils dominent en mêlée, le centre Stanley perce et marque. Il faudra un drop d’anthologie de Patrick Barthélémy des 40 mètres à droite pour redonner de l’élan aux Arlequins provençaux avant la pause. En deuxième période, les Français d’en bas se rebellent. Les avants se déchaînent. Champ et Tordo sont sur tous les points chauds. Sur un dégagement, Barthélémy récupère et claque un deuxième drop des 22 mètres. "Je faisais souvent des concours de drop à l’entraînement et je l’ai joué à l’instinct. On n’avait pas les consignes terrifiantes d’aujourd’hui", plaque le demi d’ouverture. C’est encore lui qui intercepte une passe de l’ouvreur Mannix, Champ est au relais puis, Braendlin, Tordo, Roux et Jaubert pour conclure. Mayol se fissure. Oui, les All Blacks sont tombés (19-15)...

*L’équipe de la sélection Provence - Côte d’Azur: 15.Jérôme Bianchi (Nîmes, ex-Toulon), 14.David Jaubert (Toulon), 13.Marc Andrieu (Nîmes), 12.Jean-Claude Langlade (Nîmes), 11.David Berty (Toulouse), 10.Patrick Barthélémy (Grenoble, ex-Nice), 9.Gilles Camberabero (Béziers), 8.Marc Cécillon (Bourgoin), 7.Eric Melville (Toulon), 6.Eric Champ (Toulon), 5.Hervé Chaffardon (Grenoble), 4.Yvan Roux (Toulon), 3.Yann Braendlin (Toulon), 2.Jean-François Tordo (Nice), 1.Marc Pujolle (Nice).
.

La suite dans Nouvelle Ere

Découvrez la suite de ce reportage, les réactions des anciens joueurs et les photos d'archives dans notre magazine Nouvelle Ere.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.