Et du jour au lendemain, tout a changé. Eux qui démarchaient les patrons de boîtes de nuit ou de karaokés pour leur proposer de chanter gratuitement se sont retrouvés propulsés tout en haut du classement des ventes.
À partir du 12 août 2006, Façon Sex, leur morceau phare, est resté numéro un pendant cinq semaines. Aussi bien qu’Andrea Bocelli et Hélène Ségara avec Vivo Per Lei, les Fugees avec Killing Me Softly, ou encore Haddaway avec What Is Love.
Près de seize ans plus tard, les voilà embarqués sur la tournée Back To Basic, passée par Nice en juin. Et avant une La Kermesse, un nouveau concert revival à Nice (le 8 juillet avec Fatal Bazooka, Tragédie, Willy Denzey, lire plus bas). David Ployer et Anthony Kruger, alias Nony, nous parlent de ce morceau r’n’b vitaminé, "écrit dans une voiture, après une soirée" par le second nommé, avec une véritable affection.
"On n’a jamais eu marre de ce titre. C’est notre tube, ça reste notre fierté. Encore plus aujourd’hui, quand on voit la réaction des gens, qui reprennent les paroles avec nous", assure Nony.
"Dix fois par jour sur NRJ"
Ce hit, il aurait pu ne jamais sortir de leur coloc’ antiboise, là où les deux amis alsaciens avaient élu domicile, lorsque David, agent de piste avait été muté à l’aéroport de Nice.
"On n’y croyait pas, on ne voulait pas le faire écouter. On avait des textes plus profonds et ça nous embêtait un peu de montrer ce côté-là de nous sur une première chanson. Au final, je me dis que ces paroles très simples ont peut-être aidé des femmes à se décomplexer", estime Nony, aujourd’hui basé à Mougins.
La première étape de leur chemin vers le succès, ce fut Le Modjo, un club de Saint-Laurent-du-Var. Un vigile les branche avec Jean-Michel Padilla, un producteur de Cagnes-sur-Mer. Le duo, habitué aux promesses foireuses, est méfiant. Mais il a frappé à la bonne porte.
Avec l’oreille attentive d’un dénommé Shaft, Padilla flaire le bon filon. Adieu les Innosang ("c’était pas terrible, mais on était jeunes", plaide David), bonjour les Tribal King.
Un styliste intervient et le contact est établi avec Pascal Nègre, alors big boss d’Universal.
"Deux jours après, on passait dix fois par jour sur NRJ avec Façon Sex. On continuait d’enregistrer la suite de l’album et on recevait un tas de messages de félicitations sur MySpace. Après le clip tourné en Tunisie, les gens nous reconnaissaient dans la rue, parce qu’on avait fait un clip. C’est parti très vite, c’était presque incontrôlable", se rappelle David, qui se consacre aujourd’hui à la réalisation de courts-métrages depuis le cap Corse.
Traversée du désert et retour inattendu
Hit Machine sur M6, Star Academy sur TF1, le groupe est partout. Son deuxième single, Hey Girl, atteindra la quinzième place dans les charts. Et derrière, rideau.
"C’est redescendu aussi vite que c’est monté. Moi j’avais vingt-sept ans et Nony vingt. On découvrait un peu tout, l’argent nous brûlait les doigts. On dépensait les chèques sans penser au lendemain ni aux impôts... La chute peut être très dure si on n’est pas entouré. Moi, j’étais casé, j’avais une certaine stabilité. Pour Nony, c’était plus compliqué", expose David.
Son acolyte, longtemps obsédé par la célébrité, participant même à l’émission Secret Story 11, confirme avoir connu des heures sombres.
"Aujourd’hui, je ne suis plus du tout à la recherche de la notoriété. Je veux surtout que mes chansons soient écoutées et vivre de ma passion." En solo, l’an dernier, il a sorti un EP baptisé Rêveur.
Les Tribal King sont aussi retournés en studio pour un nouveau single, C’est quoi la suite. "On a surtout conçu ce titre pour pouvoir le jouer sur scène. On verra s’il se passe autre chose...", estime David.
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