Avec le réchauffement de nos rivières, les espèces aquatiques en souffrance dans les Alpes-Maritimes et le Var

La température dans nos rivières est-elle en train de battre des records, à l’instar des mers et océans ? Nous sommes allés vérifier, dans le Var et les Alpes-Maritimes, une réalité déjà redoutable pour certaines espèces aquatiques.

S.B. Publié le 25/09/2023 à 08:15, mis à jour le 25/09/2023 à 09:56
reportage
La pêche électrique est autorisée à des fins scientifiques. Chaque poisson est identifié, mesuré et pesé, avant d’être remis à l’eau, parfaitement indemne.

Quand une rivière se réchauffe, elle perd de l’oxygène. La vie aquatique souffre et cherche des zones refuges, où il y a davantage d’eau, davantage de fraîcheur, davantage de courant. À l’instar des mers du globe, comment évoluent les températures des rivières des Alpes-Maritimes et du Var? Et de quelle façon quelques degrés de plus peuvent-ils agir sur les écosystèmes?

On commence à peine à connaître les répercussions des épisodes de sécheresse et de chaleur sur des cours d’eau, dont les débits affichent des baisses partout. 2023 se révèle être le 4e été le plus chaud jamais enregistré en France.

Jusqu’à +2°C en moyenne

"Depuis 20 ans, les parties basses et intermédiaires de nos cours d’eau se sont réchauffées d’un peu plus d’1°C, constate Christophe Barla, président de la fédération de la pêche des Alpes-Martimes. De 0,5°C pour les secteurs les moins impactés, à +2°C pour les plus exposés." Ces moyennes révèlent une tendance qui n’a rien d’anodin.

Au bord de la Nartuby, pêche inventaire auMuy. Photo So. B..

Un seuil létal

"La contrainte thermique est le premier critère qui impacte les poissons, abonde Olivier Bonnefous, délégué de la fédération de la pêche du Var. À partir de 20, 21°C, la truite stresse, se nourrit moins."

Au-delà de 25°C, le poisson ne pourra pas récupérer. "Nous anticipons que l’aire de répartition de la truite va se réduire." Sur le terrain, les observations sont déjà criantes. La hausse moyenne masque des pics qui dépassent déjà le seuil létal, selon les espèces.

"Quand le bas des fleuves a tendance à chauffer, les truites ont besoin de remonter le cours d’eau, décrit Christophe Barla. D’où la nécessité d’une continuité écologique", c’est-à-dire que "le poisson ne soit pas bloqué" par des ouvrages hydrauliques. Cette quête de naturalité des rivières est une priorité de l’Agence de l’eau, afin de "permettre aux espèces de circuler".

"Depuis le début du printemps 2022 jusqu’à aujourd’hui, on n’est pas sorti d’une période de sécheresse, observe Annick Mièvre, directrice à la délégation de Marseille. Nous avons constaté un grand nombre de rivières en assec, avec des impacts importants. Ce sont des mortalités immédiates ou bien les cycles de développement et de reproduction qui sont perturbés. La rivière est l’habitat du poisson. Si le poisson ne réalise pas son cycle, c’est le signal. Il est l’indicateur du fonctionnement du milieu."

Photo S.B..

 

Prise de conscience

Fondé il y a un an, l’Observatoire départemental de l’eau des Alpes-Maritimes a choisi de s’investir sur "trois bassins-versants jugés déficitaires", autour de trois fleuves côtiers, la Cagne, la Siagne, le Loup. Là où il est devenu prioritaire de mieux gérer – et économiser – la ressource en eau.

"Nous travaillons à trouver des propositions communes pour réduire les prélèvements en eau. Nous avons besoin d’une prise de conscience, pour faire face au changement climatique", livre Jean-Marc Gambaudo, coordinateur du dispositif. Une démarche de préservation, qui ne coule pas (encore) de source.

Photo S.B..

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