Jacqueline Franjou: "Le monde artistique nous apporte une vérité"

Jacqueline Franjou, fondatrice et présidente du Festival de Ramatuelle, est un livre à elle toute seule. Elle a eu la bonne idée de profiter du confinement pour rassembler presque tous ses souvenirs de ce festival qu’elle a créé avec Jean-Claude Brialy, en 1985.

Alain Maestracci Publié le 03/07/2020 à 15:03, mis à jour le 03/07/2020 à 16:48
Jacqueline Franjou avec Michel Boujenah, qui en 2007, a succédé à Jean-Claude Brialy au poste de directeur artistique du festival de Ramatuelle. Photo Philippe Arnassan

Bien sûr, comme elle nous l’a confié quand nous l’avons appelée, Jean-Claude Brialy lui manque : "Pendant vingt-trois ans, on ne s’est jamais fâché avec Jean-Claude. Il avait des yeux de bon chien. D’ailleurs, ces yeux-là je les garde dans ma tête, avec sa voix bien sûr. Michel Boujenah a aussi cette bonté dans les yeux et il a un cœur qui est beaucoup plus gros que lui".

Brialy était très militaire dans l’organisation de sa journée. Il était aussi colérique, parfois. "à Ramatuelle, raconte Jacqueline Franjou, les jours où il était de bonne humeur, on hissait un drapeau blanc et les jours où il était furax, c’était un drapeau rouge, question de prévenir les techniciens".

Elle ajoute en s’en amusant encore : "Il a mis un ou deux ans pour s’en apercevoir".

Au départ, ce livre ne devait comporter que peu de photos mais... "elles sont tellement belles".

Et ça c’est vrai! Que de belles images et autant de beaux souvenirs.

Et quel casting! Hors de prix, pourrait-on dire, mais certainement pas hors de talent. Que du lourd.

On ne peut pas citer tout le monde mais quel plateau avec Annie Girardot, Gérard Depardieu, Juliette Gréco, Michel Galabru, Anouk Aimée, Jean-Pierre Marielle... et Michel Bouquet, "un des maîtres absolus du théâtre", assure celle qui a autrefois travaillé au cabinet de DSK à Sarcelles.

Et le théâtre, elle l’a en quelque sorte dans la peau : "Les artistes de théâtre savent parler et écrire, et racontent des choses de la vie qui reposent sur l’histoire, et notre histoire est très importante. Quand on pense que Molière, ça a quatre siècles et que l’on joue toujours Molière".

Donc, on l’a bien compris, elle aime les artistes. Pourquoi?

Parce que "le monde artistique nous apporte une vérité, une liberté et aussi une humanité dont on a besoin dans les relations avec les autres. Les artistes m’ont toujours beaucoup appris sur l’humanité à travers ce festival, où l’on doit également apprendre à dialoguer et traiter des conflits".

Et ce Festival de Ramatuelle, pourquoi a-t-il autant de succès?

"La recette du succès, estime Jacqueline Franjou, c’est le public bien sûr, mais aussi parce que les artistes y viennent. Et puis, aussi bien avec Jean-Claude Brialy qu’avec Michel Boujenah, c’est que nous avons été et nous sommes un homme et une femme complémentaires avec tous les compromis que cela implique."

En attendant de faire monter cet été encore de nombreux artistes sur les planches de Ramatuelle, Jacqueline Franjou a un souhait : elle aimerait bien que la municipalité donne le nom de Jean-Claude Brialy à une rue de la ville.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.