Il n’avait pas de pilotage automatique sur sa moto... Un employé des jeux s’est endormi complètement saoul au guidon de sa Honda dans la nuit du 17 janvier.
Ce lundi, vers 3 heures, à l’intersection de la route de la Piscine et de l’avenue Kennedy, en l’état de suspension de sa vigilance, il a "éclipsé" la priorité à un véhicule de la voirie. Même s’il devait rouler à très faible allure, le choc était inévitable. Jusqu’à entraîner la chute du motard qui s’en tire miraculeusement avec quelques hématomes anodins.
Pourtant, les employés ont eu les pires craintes quand ils ont vu le pilote allongé et immobile sur la chaussée. À chacun d’imaginer le genre de sommation pour son interpellation à l’arrivée de la police qui l’a sorti de sa torpeur alcoolisée?
"Vous étiez en train de ronfler, s’écrie le président Florestan Bellinzona à l’audience de flagrance où le prévenu a comparu menotté le lendemain. Vous vous rendez compte dans quel état vous étiez! Et s’il y avait eu un travailleur qui nettoyait la chaussée à ce moment-là? Quand on a bu plus que de raison, on n’enfourche pas son deux-roues. On prend un taxi pour retourner au domicile. Vous êtes alcoolique. Quel drame horrible doit-il arriver pour mettre fin à votre addiction?"
Aucun souvenir pour le prévenu
Cet homme de 52 ans franco-italien, n’a aucun souvenir de son improbable chevauchée mécanique. L’accident? Il peut juste indiquer son départ d’un établissement de la Principauté après avoir consommé trois whiskies.
"Je pensais boire un seul verre avec des amis à la fin de mon service. C’est vrai: j’ai un problème avec l’alcool. Je me soigne et pensais aller beaucoup mieux car j’avais terminé mon suivi..."
En récidive légale
Le magistrat note aussitôt: "Depuis 2011, il y a quatre condamnations sur votre casier. La dernière fois c’était en 2018. Vous êtes donc en récidive légale. On n’a pas le choix. C’est une peine ferme..."
Pour le prévenu, la sanction de la prison est une situation des plus dramatiques. "Je vais perdre mon travail. Si je n’ai plus de boulot, je ne pourrai plus payer la pension en tant que divorcé, le loyer et bien d’autres charges..."
La réitération des faits est l’unique prise en compte pour les réquisitions du premier substitut Julien Pronier. "La juridiction ne va pas attendre pour mettre cet individu hors d'état de nuire. Il faut anticiper! La Principauté lui a tendu la main! Quelle que soit sa profession, c’est la case prison. Prononcez une peine de six mois, dont trois avec mise à l’épreuve pendant trente-six mois et l’annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant deux ans."
Le tribunal complétera les réquisitions du ministère public: trois mois de prison ferme, annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant vingt-quatre mois et deux fois 45 euros d’amende.
Il est impensable pour la défense de laisser planer une condamnation requise aussi forte. Alors, les mots de l’avocate font aussitôt place à une autre lecture poignante et exaltante du dossier.
"Écoutez la profonde détresse de mon client, confie Me Maeva Zampori en tournant son regard émouvant vers le détenu. Il a suivi tous les soins possibles pour guérir de cette maladie, de ce fléau social. Mais il y a eu un mauvais moment. Il a suffi de la tentation du démon de la boisson cette nuit-là pour qu’il se remette à boire. Une peine ferme va avoir une incidence importance sur son avenir et ce n’est sûrement pas la solution idéale pour l’aider à s’en sortir véritablement. Préférez une grosse amende ou encore une exécution fractionnée. Là, vous contribuerez au moins à le détourner durablement de l’alcool!"
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