La formation collégiale du tribunal correctionnel n'a jamais sanctionné autant de voleurs affamés au cours des dernières audiences. Encore hier, un prévenu a comparu selon la procédure de flagrant délit, menotté, pour avoir dérobé le sac à main d'une dame dans un train entre Menton et la Principauté.
Ce SDF de Roquebrune-Cap-Martin s'est emparé des 170 € rangés dans une pochette parce qu'il n'avait plus un sou pour manger, avant de rendre l'objet aux policiers de faction à la gare de Monaco. Il a écopé d'une peine de cinq jours de prison avec sursis.
« Je l'ai trouvé... »
Les faits se sont produits dimanche. La victime s'est assoupie après avoir pris son train à Menton à 8 h 28. Peut-être tracassée par la peur de manquer la station de destination, cette dame se réveille en sursaut. Stupeur : son son sac, posé sur la tablette, a disparu. Elle alerte le contrôleur et des voyageurs confirment le vol.
Le président Michel Soriano demande au quinquagénaire de s'expliquer sur ce vol. Devant les trois juges, le prévenu persiste et signe : « Ce n'est pas moi qui l'ai volé ! Je l'ai trouvé sur le marchepied quand je suis descendu en gare de Monaco, et je l'ai ramené à la police. Je n'ai rien à me reprocher… »
« Sauf que vous avez pris l'argent », rétorque le président. Dubitatif, l'aigrefin se défend : « Cette femme a tout récupéré, j'ai aussi rendu l'intégralité de la somme. Je ne recommencerai jamais plus… »
Avec une intuition clairvoyante le magistrat relève : « C'est dommage d'avoir un casier vierge et de l'entacher à 54 ans… Dans la station ferroviaire, n'étiez-vous pas sur la passerelle au-dessus des voies quand les policiers vous ont aperçu avec un sac de femme ? Vous aviez attiré leur attention et vous êtes allé vers eux quand ils allaient vous rejoindre… »
Relaxé pour le vol du sac
Le prévenu fait profil bas. « Je travaillais dans une blanchisserie. À la suite d'une tentative de suicide, j'ai perdu mon emploi. Aujourd'hui, avec 800 € d'allocations, je cherche un logement. Ce n'est pas facile. De plus, je suis suivi par un psychiatre et je prends des médicaments en permanence… »
Avec beaucoup d'humanité, le procureur Cyrielle Colle ne sera pas opposé à une peine d'avertissement de l'ordre de cinq jours d'emprisonnement assortie du sursis. « Les témoins décrivent l'homme qui tenait le sac, vêtu d'un blouson noir. Le prévenu, qui est à la rue, n'a pas ce genre de vêtement. Mais les 170 € étaient dans sa poche : il avait bien l'intention de les garder, même s'il conteste le vol du sac. Pour le ramener à la police, il aurait dû sortir par le bas en direction du port et ne pas emprunter la sortie du haut qui conduit au pont Sainte-Dévote, à l'opposé… Il doit comprendre que l'on ne dispose pas de l'argent d'autrui. »
La défense, par la voix de Me Raphaëlle Svara, sollicitera la clémence pour son client : « S'il reconnaît avoir pris l'argent, il n'a jamais volé auparavant. » Le tribunal relaxera le SDF pour le vol du sac, mais suivra les réquisitions du ministère public pour l'argent.
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