Mais la douleur s’est rapidement estompée dès le rappel du différend qui a opposé prévenue et plaignante, le 10 septembre dernier, vers 7h15, sur le boulevard du Larvotto. C’est l’heure de la balade matinale pour les deux chiens.
Au moment de se croiser sur le trottoir, une Danoise n’arrive pas à retenir son animal de compagnie. Il agresse le canidé d’une passante et lui transmet un virus fatal. Mordue et bousculée, sa maîtresse chute au sol.
"Habituellement je le prends par les oreilles"
La prévenue, poursuivie pour blessures involontaires, raconte au président Florestan Bellinzona (*) ses difficultés face à un molosse de quelque 60 kg. "Habituellement, je le prends par les oreilles pour le retenir. Mais cette fois j’ignore ce qui s’est passé…" La plaignante estime avoir laissé une distance suffisante afin de ne craindre aucune attaque.
"J’étais à l’extrémité du trottoir pour éviter toute situation embarrassante. En voulant tranquilliser mon animal, j’ai allongé mon bras…"
Son conseil, Me Arnaud Cheynut, démontre la culpabilité évidente de la maîtresse du gros chien. "Cette dame n’était pas en situation de faire face à pareille attaque. C’est une sacrée masse, certes de race, qui s’est jetée sur ma cliente, frêle, qui souffre toujours de blessures de ses morsures et de sa chute. Sans oublier la perte de son compagnon à quatre pattes."
Une provision de 3.000 euros et une expertise sont sollicitées.
La projection des images de vidéosurveillance vient conforter les revendications de la partie civile et les réquisitions de la procureure Alexia Brianti.
"On voit le dogue de Bordeaux se jeter sur le petit chien. La prévenue n’est pas en mesure d’éviter les agissements de son animal. En ville, tout le monde doit être responsable de ses actions pour circuler. La victime ne peut être tenue responsable de n’avoir pas traversé afin d’éviter cette rencontre. Il faut faire preuve d’un minimum de responsabilité quand on a un animal: 3.000 euros d’amende."
"Soyons sérieux"
La défense apparaît stupéfaite par l’ampleur prise par cette affaire. "À qui incombe véritablement la faute? se demande Me Sophie Lavagna. Il est difficile de l’affirmer. Le chien de ma cliente, examiné par la police et un vétérinaire, a été défini comme pas agressif. La prise en charge des dommages par l’assurance a été totale et immédiate. Soyons sérieux également: on ne met jamais sa main dans la gueule d’un chien pour l’empêcher d’agir. La relaxe s’impose!"
Le tribunal a certainement pris en compte la plaidoirie en réduisant l’amende à 1.500 euros avec sursis et la provision de 1.000 euros suivie de l’expertise.
*Assesseurs: Françoise Dornier et Morgan Raymond.
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