Volait-elle dans la caisse du service de l’Expansion économique sans scrupule, ni remords?
Dérober 1.540 euros dans le coffret en métal et dans les enveloppes, au mois de juin dernier, ne semblait pas véritablement dicté par une envie irrésistible, voire maladive d’argent.
Même s’il était très facile de s’emparer de la somme convoitée avec "la clé du tiroir-caisse dissimulée dans le pot à trombones", a précisé le président Florestan Bellinzona au cours de l’évocation du dossier.
Alors, cette agente d’entretien a-t-elle manqué de bon sens pour se mettre dans des difficultés inutiles et lourdes de conséquences? Jusqu’à comparaître devant le tribunal correctionnel pour le délit reproché.
"Aujourd’hui, je l’ai remboursé"
À l’audience, la prévenue, 38 ans, a reconnu spontanément le vol, mais rejette l’argument péremptoire. "Le montant est de 1.000 euros, assure-t-elle avec précision. Je n’ai jamais pris les 540 euros supplémentaires annoncés. Cet argent devait aider ma mère à payer une opération chirurgicale. Aujourd’hui, je l’ai remboursé…"
Le magistrat réagit aussitôt: "La situation d’urgence ne justifie pas de soustraire frauduleusement la somme nécessaire. Vous pensez que votre employeur va vous garder? Qu’il va renouveler votre permis de travail? Les soupons du directeur s’étaient portés sur le personnel d’entretien présent dans le service de 12 heures à 14 heures et le soir. Vous avez transféré la somme à votre mère quelques jours plus tard…"
Pour le conseil de la partie civile, Me Hervé Campana, il convient de distinguer cette infraction d’un vol ordinaire en relation avec une personne en situation difficile et tout de même illégale.
"La prévenue a admis avoir volé et remboursé 1.000 euros. Il reste donc 540 euros. Toutefois, la somme avouée dérobée ne correspond pas avec les transferts effectués. À aucun moment cette dame n’a pu quantifier les divers montants puisés dans le tiroir-caisse. A-t-elle volé beaucoup plus? Sans s’acharner sur sa personne, pour l’État de Monaco je sollicite le remboursement des espèces manquantes déclarées par l’Expansion économique."
"Les éléments à charge sont absents"
Il est temps, cependant, de remettre bon ordre au niveau des responsabilités de la prévenue comme du demandeur.
Le premier substitut Cyrielle Colle aborde ses réquisitions avec la ferme intention de faire le ménage dans cet amalgame de culpabilité, frustration, reproche, conjecture.
"Ce sont des grosses coupures qui ont disparu. Et non des pièces… Ce service n’est pas capable de fournir une comptabilité exacte. Dès lors, on ne peut pas en déduire que la prévenue ment. Le calcul n’est pas bon et les éléments à charge sont absents. Si Madame n’avait pas avoué spontanément, on n’aurait jamais pu démontrer l’infraction. Une peine d’amende de 500 euros est adaptée."
Le tribunal va se montrer magnanime envers l’agent d’entretien en prononçant une peine de 1.000 euros d’amende avec sursis.
Tout en ayant bien soin de préciser, face aux craintes de l’intéressée: "La juridiction n’a aucune prise sur le contrat de travail comme sur le permis."
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