C’est atroce. Presque insupportable de constater à quel point le père et la mère d’un enfant, fruit d’un court amour vécu, se haïssent. L’affaire d’abandon de famille et de harcèlement évoquée devant le tribunal correctionnel rapporte des violences inquiétantes où tout restait alors confiné dans la sphère privée.
Jusqu’au jour où la période de concubinage a éclaté sous les sujets de discorde insurmontables. Jusqu’à l’irréparable…
Trois ans plus tard, les faits demeurent le glaive du combat d’une victime sortie de l’ombre de l’indifférence. Elle affûte sa vengeance en luttant de ses ultimes forces contre un prévenu. Un Italien sans emploi mais au train de vie confortablement assuré par ses parents. Cette mère est déterminée à ne plus subir les faiblesses de son agonie relationnelle afin d’élever son gamin dans la dignité.
Un traceur GPS pour pister son ex-compagne
À l’audience, au fil des dégradations successives rappelées, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle évoque " des droits de garde du père d’abord réduits et encadrés. Puis supprimés, entre autres mesures prises pour protéger l’enfant, par le juge tutélaire. Vos mots sont toujours menaçants ! Vous posez un traceur GPS afin de connaître la position exacte de votre ex-compagne. Et vous êtes restés plus de deux mois sans verser d’indemnité compensatoire… "
Ce serait l’arrivée du couple à Monaco qui aurait tout déclenché d’après le prévenu.
" Le but était de rester aux États-Unis et de se marier. Je l’ai suivie… Et j’ai été victime de violence de sa part, car elle était dépressive après son divorce. Quant au traceur, c’était pour savoir où était mon enfant, car cette femme pouvait partir n’importe où sur un coup de tête… "
Harcèlement, menaces
Le magistrat rappelle le harcèlement, menaces, mails, grossièretés, pleurs du bambin. Tout est réfuté. " Ce sont des faits qui n’ont jamais eu lieu, mais inventés afin de me mettre en mauvaise situation. "
Quelle sera la réponse sur la vidéo de son fils prise à la crèche de Fontvieille et postée sur Facebook ? " Pour montrer qu’il était difficile de lui remettre un cadeau pour son anniversaire ! "
Et le véhicule de Madame recouvert d’excréments dans un parking ? " Je conteste encore ! Quoi qu’il puisse arriver, c’était toujours de ma faute. J’étais toujours dans l’illégalité. "
Et l’obligation de verser les 100 euros ? " C’est une décision prise à mon encontre comme tant d’autres, car cette dame avait produit de faux documents. Je ne verse rien à la mère, mais j’ai mis l’argent dans une tirelire ".
Finalement le président tranche : " Vous ne vous considéreriez pas comme un paranoïaque ? Tout est hostile ou délibérément mis en place pour vous nuire. Mais cela vient de votre comportement. Ce qui compte ici c’est l’intérêt de votre fils. "
" Tout est fait en conscience "
Une vérité reprise par la partie civile, dont les intérêts sont placés sous la dictée de Me Christine Pasquier-Ciulla. Pétrie d’une science certifiée contre l’injustice au féminin, l’avocate est cinglante.
" Est-ce le procès de ma cliente, de la justice ou de Monsieur ? Ce n’est pas la victime ! Je suis choquée. Madame a dû faire une procédure aux États-Unis afin de récupérer l’enfant. C’est une défense théâtrale pour la salir. Délits sur délits sont commis et ils ont rendu la mère amaigrie et dépressive. Comment ne pas avoir un euro pour son petit quand on fait des rallyes ? Les rares paiements envoyés sont libellés avec ironie : " pour boire au Sass Café ". Je m’énerve… Mettez un terme avec une mesure d’éloignement et un préjudice chiffré à 23 000 euros. "
Il ne faut pas s’attendre au moindre signe de compréhension depuis la chaire du ministère public. " Ce père traite la mère de son enfant comme une moins que rien sur les réseaux sociaux, proteste le premier substitut Cyrielle Colle. Son attitude est inqualifiable ! La justice a même calibré les horaires afin d’éviter au couple de se heurter et ne pas lui retirer la garde du bambin. Tout est de sa faute. L’enfant en paiera les conséquences. Cet homme n’a aucune pathologie, aucun trouble. Tout est fait en conscience. La sanction ? L’interdiction de rentrer en contact avec la victime pendant cinq ans. Une peine de prison d’un an avec liberté d’épreuve et obligation d’indemniser la victime. En cas de manquement, il ira à la maison d’arrêt. "
Le tribunal a préféré une condamnation à six mois avec sursis, liberté d’épreuve pendant deux ans, obligations de soins et d’indemniser la victime, plus 5 000 euros de provision pour la partie civile.
Assesseurs : M. Florestan Bellinzona et Mme Geneviève Vallar.
" On fait passer mon client pour ce qu’il n’est pas ! "
La défense surprend avec une demande de relaxe réclamée d’emblée.
" Il manque des cases dans l’élément de l’infraction, avance Me Sarah Filippi. Depuis deux ans, le comportement de mon client est inadapté. Mettez-vous à sa place : il ne voit pas son enfant et il assure tout ce qui est possible. Mais il a donné à la mère les moyens de l’attaquer en ne lui remettant pas l’enfant. Il dit la vérité. On a deux personnes incapables de s’entendre. Le traumatisme de la plaignante ? Sa fragilité est bien antérieure à celle concernant le conflit avec le prévenu. On fait passer ce personnage pour ce qu’il n’est pas ! On lui fait dire ce qu’il ne dit pas ! Une injonction de soins n’est pas compatible avec une mesure de refoulement, car il doit justifier d’un suivi sur Monaco. Il vous reste la relaxe… "
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