Un retraité de Monaco condamné pour avoir ramassé un téléphone portable et "oublié" de le rendre

Un retraité avait ramassé un téléphone perdu dans la galerie commerciale de Fontvieille. Il avait ensuite "oublié" de le rendre. Il écope d'une peine d'amende de 600 euros.

Article réservé aux abonnés
Jean-Marie FIORUCCI Publié le 23/11/2020 à 10:31, mis à jour le 23/11/2020 à 10:31
Les juges n’ont pas cru une seconde le retraité. Photo S.B.

À l’audience, un retraité de 68 ans comparaît pour le vol d’un portable commis le 11 mars dernier. Un vol qu’il réfute d’emblée devant les juges. Il assure n’avoir pas pu l’accomplir.

Ce résident de la Principauté n’avait matériellement aucune volonté de commettre une mauvaise action.

Alors, pourquoi lui imputer absolument ce malheur dès l’instant où il avait l’intention de restituer le téléphone à son propriétaire? Peut-être légèrement "encouragé" par sa convocation à la Sûreté publique pourrait-on penser?

À moins que la décision du sexagénaire eût été éventuellement différente s’il n’y avait pas eu plainte de la victime et l’intervention des enquêteurs…

"J’attendais que le propriétaire m’appelle"

Au cours de l’instruction du dossier, le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle ne penche pas vraiment pour un vol purement éventuel.

"Quand la plaignante sort d’un commerce situé dans la galerie commerciale de Fontvieille, elle fait tomber son portable sans s’en apercevoir. Dès qu’elle constate la disparition, elle alerte les services de sécurité. Sur les enregistrements de la vidéosurveillance, on aperçoit deux hommes qui discutent. L’un d’entre eux s’avance et se baisse avant de se rendre au parking pour enfourcher son scooter. Une fois l’immatriculation relevée, vous êtes convoqué à la police et vous remettez le téléphone. Vous l’aviez effectivement volé!"

L’assertion semble surprendre le prévenu. "Oui, je l’ai bien ramassé. Mais comme je n’avais pas le temps de faire les démarches habituelles, j’ai pensé le ramener dans les jours suivants. Puis, avec le confinement et la détresse d’un décès entre-temps, cela m’est sorti de la mémoire. Évidemment, dès ma convocation j’ai remis l’objet aux policiers."

Le magistrat, loin d’être satisfait de l’explication apportée, suppute une autre probabilité: "Et si vous l’aviez gardé?" Impossible pour le ressortissant franco-italien: "Mais je ne sais même pas m’en servir! J’étais pressé. J’attendais que le propriétaire m’appelle pour le lui remettre…"

L’excuse du confinement

Le doute continue de s’installer, à l’heure des réquisitions. "Je ne crois pas à cette histoire du confinement et d’affliction à la suite d’un deuil, déclare le procureur général adjoint Olivier Zamphiroff. C’était l’aubaine du jour. Il était pourtant facile, dans un centre commercial, de remettre le téléphone au service de sécurité. Peut-être, l’occurrence pouvait-elle passer? Non! C’est un vol d’opportunité. On peut épargner au prévenu la peine de prison avec sursis. À la place: 1.000 euros d’amende."

La juridiction, face aux éléments liés aux circonstances de l’infraction, a fait le choix de prononcer une peine moins sévère, fixée à la somme de 600 euros. En quelque sorte, le prix d’un portable dernier cri et neuf…

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.