Le 27 juillet 2019, vers 7 heures du matin, le pilote, résidant à Vintimille, a renversé un homme de 90 ans engagé sur un passage protégé. Si le pire a été évité, la victime, sérieusement blessée, a été transportée par les services de secours au CHPG. Quand elle sortira quelques jours plus tard, les médecins lui prescriront une ITT de quatre-vingt-dix jours.
Placé en garde à vue, l’auteur des dommages corporels a reconnu les faits.
"À 90 ans, on ne court pas!"
À l’audience, interrogé par la présidente Françoise Barbier-Chassaing, le prévenu évoque "un accident malheureux" à cause d’un "manque de visibilité". Mais le conseil de la partie civile ne comprend pas pareil comportement.
"On a l’impression que le conducteur recherche le partage des responsabilités, s’étonne Me Hervé Campana. Or, il est bien responsable à 100 % de l’accident. Il n’a pas ralenti! Il ne voit pas le piéton qui aurait surgi précipitamment. Mon client, nonagénaire, n’a pas pu courir. Sous le choc, soulevé, il est retombé sur le sol de façon violente."
Et de poursuivre, pour sensibiliser les juges sur les demandes financières: "Gêne, séquelles, douleurs sont toujours présentes au quotidien. Et ce n’est pas terminé pour autant. À la sortie de l’hôpital, les séances de soins se poursuivront pendant six mois. Aujourd’hui, des lésions fonctionnelles persistent encore et le plaignant est diminué par des pertes de mémoire. Nous réclamons une somme totale de 33.000 euros, tous préjudices confondus."
Même à une vitesse de 50 km/h, la faute demeure établie pour la procureure Alexia Brianti.
"Photos et témoins confirment que la victime était bien au milieu du passage protégé quand elle a été renversée. L’auteur des faits n’a pas été prudent au moment d’aborder les bandes blanches. Quant à soutenir que la personne âgée courait, on peut en douter logiquement. À 90 ans, on ne court pas à toutes jambes. Vous condamnerez le prévenu à une peine de deux mois d’emprisonnement assortie du sursis."
1.000 euros d’amende, 18.000 euros de réparation
À nouveau, la défense va rappeler les circonstances de l’accident pour une meilleure compréhension. "Mon client a pensé que la victime n’allait pas traverser, enchaîne Me Xavier-Alexandre Boyer. Il s’est donc abstenu de marquer un temps d’arrêt. Le choc était alors inévitable. C’est une faute d’imprudence, certes. Mais involontaire! Alors, faites preuve de clémence en prononçant juste une amende avec sursis. Prenez en compte également la somme réclamée par le demandeur au titre des préjudices corporels. Il n’y a aucune expertise pour les évaluer sérieusement."
Après en avoir délibéré, le tribunal a consenti à limiter la condamnation à 1.000 euros d’amende et a ramené les demandes de la partie civile à une plus juste proportion: 18.000 euros.
*Assesseurs: Jérôme Fougeras-Lavergnolle et Florestan Bellinzona.
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