Un Monégasque interpellé avec du cannabis dans les poches

Il est libre Max (1) !

Article réservé aux abonnés
JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 25/05/2019 à 10:16, mis à jour le 25/05/2019 à 10:16
archive Frantz Bouton

Il est libre Max (1) ! Pourtant, il est arrivé menotté devant le tribunal correctionnel à cause de son addiction au cannabis. Sans espoir de retrouver la délivrance après deux condamnations antérieures pour des faits identiques ! Les magistrats (2) ont délibéré pendant une quarantaine de minutes afin de scruter à la loupe le Code pénal pour trouver l’article qui pouvait encore sauver cet adulte de 22 ans de l’incarcération d’office.

À l’heure de la sanction, le message de la présidente Françoise Barbier-Chassaing aura-t-il responsabilisé le prévenu ? « Les textes monégasques, souligne-t-elle fermement, ne permettent pas de vous rendre une nouvelle fois accessible au sursis. Mais en vous condamnant à une obligation d’astreinte médicale pendant deux ans, c’est votre dernière chance de ne pas retourner en prison. À la prochaine comparution vous partirez directement en cellule ! »

« Je n’arrive pas à m’en passer »

Dans le box, le jeune adulte acquiesce par des flexions de la tête et un léger sourire... peut-être dus à l’émotion. Car il n’a ni la gestuelle ni l’oralité du délinquant. Certes, l’habit ne fait pas le moine... Du moins le jeudi 16 mai dernier où il a été interpellé par les policiers dans la rue. Il a 6 grammes de la résine dans sa poche. Il s’approvisionne régulièrement à Nice, Pas question de vendre son dealer ni de pratiquer de revente.

« À l’issue des peines précédentes, rappelle la présidente, vous aviez entamé une désintoxication. L’exercice d’un emploi avait même enclenché une période dégressive. Pourquoi êtes-vous retombé ? » Ce jeune, actuellement sans profession, n’aurait pas trouvé l’énergie nécessaire pour se délivrer du servage d’une drogue chère à Baudelaire. « Je suis angoissé. Je n’arrive pas à m’en passer... En janvier dernier, mes analyses affichaient néant. Puis, en février j’ai repris. La tentation d’y goûter entre copains. Je suis retourné en acheter. Ça me détend. »

La magistrate s’inquiète sur la possession d’une montre Rolex et une ceinture Gucci au moment de l’interpellation. Ce sont des cadeaux, d’après le prévenu qui lance à la suite un SOS : « J’ai besoin d’aide ! »

« Ce n’est pas un Pablo Escorbar du cannabis »

La présidente s’emporte : « Comment le tribunal peut vous faire confiance ? Même pas la peur du gendarme vous impressionne. On vous a donné une chance avec un sursis et vous recommencez. Que va-t-on faire de vous ? À 22 ans vous profitez de quoi ? » Réponse singulière : « De trouver un emploi ». Mais pour la magistrate, « vous ne trouverez pas de solution avec la drogue. Vous êtes un garçon à côté de la plaque. » Aussitôt, le premier substitut Olivier Zamphiroff tonne : « Ce n’est pas un patient. C’est un délinquant ! Il n’est pas utile de parler de son passé. Il n’y a pas eu ce dégel de l’intelligence. Aujourd’hui, il faut le condamner. Car il peut s’en sortir. Les diplômes existent. Mais il préfère rester dans le train-train de suivi des psychiatres. Il ne va pas passer tout de même sa vie à apparaître aux auditions du tribunal. J’espère qu’il a d’autres ambitions. Préférez l’accompagnement judiciaire. Je reste sur une peine forte avec liberté d’épreuve : neuf mois afin qu’il trouve du travail. »

Pour Me Clyde Billaud, « ce n’est pas un Pablo Escobar du cannabis. Mon client ne se rend pas compte des conséquences judiciaires de son addiction, comme pour sa santé. » Après avoir rappelé toutes les mesures qui ont permis d’obtenir des résultats satisfaisants, l’avocat estime que « la prison n’arrêtera pas sa consommation. Une peine assortie du sursis avec suivi médical apparaît la plus adaptée... » Max a eu de la chance : le tribunal lui évitera une ultime fois la prison.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.