Dès que ce Beausoleillois, grand, maigre et pâle, s’approche de la barre, son avocat, Me Roland Tamisier, du barreau de Nice, soulève, d’emblée, une nullité.
"Quand on interpelle mon client à la gare, ses papiers sont en règle. Pourtant, on va au-delà du contrôle en lui demandant s’il a quelque chose dans ses poches. On le fouille! C’est contraire à la Constitution monégasque et à la Convention des droits de l’Homme. Il est interrogé sur la voie publique sans aucune circonstance de flagrant délit."
C’est un rejet pur et simple de la part du procureur Alexia Brianti. Elle explique: "Il y a bien un délit de constatation de flagrance en remettant aux policiers du cannabis et une cigarette artisanale. La drogue était cachée dans son appareil photographique. Tous ses droits lui ont été notifiés…"
"Il a changé de vie"
Le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle peut alors évoquer les faits à l’audience. "À la gare SNCF, le 29 novembre dernier, vers 9h, les agents ont trouvé sur vous des sachets suspects. Ils contenaient 3,54g de résine de cannabis et 0,85g d’herbe destinés à votre consommation personnelle. Vous avez déclaré avoir acheté la drogue à Nice quelques jours auparavant. Mais c’est la seconde fois que vous êtes confronté à la justice pour un problème de stupéfiants…"
Le 14 mars 2017, en effet, ce serveur professionnel avait écopé de huit jours de prison assortis du sursis, toujours pour détention de stupéfiants. Si la quantité, aujourd’hui, n’est pas assez importante pour laisser suspecter un trafic, ce que confirmeront les investigations effectuées par les enquêteurs, le prévenu ne peut plus bénéficier de la clémence du tribunal. La peine prononcée sera donc ferme.
À la barre, le coupable apparaît presque résigné et parle peu… "Ce jeune homme savait bien que le sursis serait révoqué s’il était condamné dans les cinq ans, rappelle à son tour la représentante du parquet général. La première leçon ne lui a pas profité et il ne pouvait pas l’ignorer. Vous en tiendrez compte et prononcerez une peine ferme de cinq jours."
La défense, dans sa plaidoirie, essaie d’amener une lueur d’espoir sur l’avenir de son client au regard des "progrès accomplis depuis sa précédente condamnation. À l’époque, il était inactif. Aujourd’hui, il a changé de vie et il s’est installé dans la région lyonnaise pour travailler. Il a toujours ses parents qu’il vient voir à Beausoleil. Je vous assure, il a entendu l’avertissement que votre tribunal lui a lancé…"
Mais le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.
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