Un an ferme pour avoir tabassé une prostituée à Monaco

Contrarié par une prestation tarifée qui ne correspondait pas à ses attentes, un homme a tapé violemment plusieurs fois la tête d’une jeune femme sur le bitume du boulevard des Moulins.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 12/10/2022 à 07:45, mis à jour le 11/10/2022 à 20:01
Le prévenu devra également versé 5.000 euros à la victime. Photo S. B

Quel sauvage! Sur la vidéo montrée au cours de l’audience de flagrance, c’est un client déchaîné qui s’acharne sur une prostituée en plein boulevard des Moulins. Des images insoutenables où la jeune femme blonde chute. S’ensuit une avalanche de coups de pied et de poing. Allongée sur le sol, l’homme la saisit encore par les cheveux et tape plusieurs fois la tête de sa victime sur le bitume le lundi 3 octobre 2022, vers 5 heures, entre Le Regina, Le Montaigne et le carrefour de la Madone.

Pour un téléphone…

Le visage ensanglanté et tuméfié, en pleurs, elle se présentera dans les minutes suivantes au poste de police de Monte-Carlo pour conter son calvaire. Une semaine après, son bourreau a comparu menotté devant le tribunal correctionnel. Dans le box échoit un gérant de société de 34 ans, à la double nationalité: brésilienne et danoise. Venu de São Paulo pour le Yacht Show, il avait consommé trois verres de vin et deux gin tonic à l’hôtel Fairmont où il rencontrait la jeune femme.

Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle (*), inquiété par ce comportement incompréhensible, n’est pas convaincu par des conséquences uniquement dues à une alcoolisation de 0,86 mg/l. Sans oublier la détention d’une dose de 0,35 gramme de cannabis.

"Quand Madame vous abordait, vous contestiez le prix de 500 euros. Vous aviez monnayé à 300 euros et vous étiez montré très réticent à la proposition de prendre une chambre au palace. Elle vous proposait de venir dans son domicile de Beausoleil. Puis, comme vous ignoriez le chemin pour retourner à l’hôtel, cette personne projetait de vous raccompagner. Et au niveau du boulevard des Moulins, c’est l’altercation parce qu’elle vous avait pris votre téléphone portable pour effacer des images. Vous auriez filmé vos ébats à son insu. Comme vous tentiez de le récupérer, elle le jetait à terre. Pourquoi autant de violence?"

Quatre jours d’ITT

Le prévenu a aussitôt rectifié les propos du magistrat. "Cette femme voulait voler mon portable. Au cours d’une petite bagarre, je lui portais un coup sur la poitrine. Déstabilisée, elle chutait." Effarement du président: "Vous avez vu la vidéo…"

L’homme a marmonné avec la voix du remords "une perte de sang-froid à cause des prises de médicaments pour la dépression. Mon ivresse explique cet accès de brutalité. Je n’avais pas pris de stupéfiants. J’étais aussi énervé, frustré par la piètre prestation sexuelle en fonction du tarif exigé. Je le reconnais, ma réaction était disproportionnée, inacceptable. J’ai passé à Monaco les plus mauvais jours de ma vie…"

La victime réclame justement que son client paye pour les hématomes diffus sur son corps, pour les coups, pour les soins et les quatre jours d’interruption totale temporaire (ITT). La jeune femme a estimé son préjudice à 5.000 euros.

"Il a tapé cinq fois"

À l’heure des réquisitions, le parquet va soumettre les faits au crible de son analyse. "Monsieur a changé plusieurs fois de version et même nié tout acte délictuel au début, a rappelé le premier substitut Valérie Sagné. Aucun problème avec l’alcool et la drogue? Pourtant, le certificat d’un psychiatre a mis en avant ces substances."

Et de poursuivre en élevant clairement la voix: "Une voleuse qui ne parle que d’argent? Une prestation tarifée exagérée? En garde à vue, le prévenu a décrit la victime comme ‘‘une pute qui n’est jamais contente’’. Mais lui n’est qu’un client. Client qui a longtemps contesté la narration de ce qui s’est véritablement passé: avec ses deux mains, il a tapé cinq fois la tête de la victime au sol et lui a porté des coups de pied et de poing! Oui, le portable de cet homme révélait une captation chez Madame et dans la rue. L’alcoolisation une excuse? Non. Une circonstance aggravante. C’est l’incompréhension de son comportement: il a tous les droits. Aucun pardon envers la plaignante. On ne peut pas accepter cela."

La parquetière a réclamé une condamnation à dix mois de prison ferme.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public avec un an à la maison d’arrêt et le versement de la somme de 5.000 euros à la partie civile. L’avocate réfléchirait à un éventuel appel.

*Assesseurs: Olivier Schweitzer et Alexia Brianti.

"Madame n'a pas accepté la ristourne sollicitée"

Pourtant, Me Maeva Zampori va défendre son client avec la conviction que les propos relevés au cours de sa garde à vue "apparaissent erronés à cause des médicaments consommés pour traiter des troubles d’anxiété sévères. Je note pourtant des regrets à cette audience. Le désaccord? Sur le prix à régler avant la prestation, Madame n’a pas accepté la ristourne sollicitée en revenant plus tard sur la somme consentie initialement. Si la relation sexuelle se passe si mal, pourquoi accepte-t-elle de le raccompagner à l’hôtel? Pourquoi jette-t-elle le portable au sol? Il n’y a aucune vidéo! Énervé, ce dirigeant d’entreprise va commettre l’inacceptable. Il est prêt à indemniser la victime. Alors, pourquoi ne pas préférer une très grosse peine d’amende?"

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