Deux prévenus arrivent menottés pour être jugés en comparution immédiate par le tribunal correctionnel. La justice leur reproche les vols de deux trottinettes, le mercredi 13 septembre, vers 16h15, au niveau du square Beaumarchais.
À l’heure d’instruire l’affaire, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle brise le long silence. "À 16h45, les policiers constatent deux personnes en trottinette sur le trottoir de l’avenue d’Ostende. Contrôlés, vous n’êtes pas en mesure de fournir les documents appropriés. Les caméras de vidéosurveillance montrent vos arrivées à Monaco. Un quart d’heure plus tard, vous êtes repérés près de l’enseigne Zara, chacun de blanc vêtu et couvert d’un béret. Vous vous rapprochez d’une trottinette, vous faites quelques mètres, vous revenez et vous jetez un objet…"
Multiples condamnations pour vols à l’étalage
Les deux individus observent la tactique de la mauvaise foi. Ils affirment que les objets convoités n’étaient pas attachés. Aucune intention de voler, maugréent-ils. Plutôt une envie de se déplacer facilement et sans effort dans Monaco. Enfin pour éviter de douter sur leur probité, ils étayent la conviction de restituer leur moyen de transport à la fin de leur virée monégasque. Mais peut-être pas au même endroit… "Et l’objet jeté?", relève le président.
– C’était un banal paquet de cigarettes vide!
– Et la pince coupante retrouvée sur les lieux?
–…
– Vous êtes venus en Principauté pour commettre des infractions! Interpol Paris informe que vous faites l’objet d’un signalement Schengen pour des vols!
– Oui, reconnaît un des prévenus, pour un ticket de tram…
– Non! Pour des vols à l’étalage! Avec de multiples condamnations à Rennes (2005), Vannes (2006) et récemment à Nice. Comme vous êtes d’anciens toxicomanes, vouliez-vous vendre les trottinettes pour vous fournir en drogue?
– Nous n’avons jamais volé pour acheter des stupéfiants », affirment-ils.
Le substitut Emmanuelle Carniello ne supporte plus ces arguments fallacieux. "Vous avez bien sectionné les cadenas qui sécurisaient les trottinettes, puis jeté les pinces. Dès votre retour en France, les infractions ont recommencé. À Monaco, en trois minutes vous avez volé les moyens de locomotion de salariés qui en ont besoin pour travailler. Pour ce comportement inadmissible je requiers trois mois de prison ferme pour chacun."
Me Grégoire Gamerdinger assure qu’après leur mutisme en garde à vue, "les prévenus ont exprimé des regrets et ils acceptent la sentence. D’ailleurs, une des trottinettes a été restituée dans un état parfait. Le plus âgé que je défends, travaille. L’autre non! Certes, mon client est un ancien toxicomane. Il essaie toutefois de se soigner. Faites la différence par la clémence au niveau des peines."
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public et ordonne le maintien en détention des coupables.
* Assesseurs: Florestan Bellinzona et Alexia Brianti.
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