Refoulé de Monaco, il revient pour aider sa femme handicapée

Venir, même en lisière de la Principauté, avec une interdiction de territoire et des stupéfiants dans la poche est une situation des plus risquées.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 27/09/2018 à 05:13, mis à jour le 27/09/2018 à 05:13
E.D.

Venir, même en lisière de la Principauté, avec une interdiction de territoire et des stupéfiants dans la poche est une situation des plus risquées. Il n'a pas fallu longtemps aux policiers pour interpeller ce barman de 37 ans, lundi 24 septembre vers 17 h, devant l'immeuble « L'Herculis ».

Pour comprendre les raisons de la comparution de ce père de famille, menotté, devant le tribunal correctionnel, il faut s'intéresser à l'histoire de son couple. Lui, frappé par une mesure de refoulement du 5 janvier 2018, depuis sa condamnation par la justice monégasque à quatre mois assortis du sursis pour violences conjugales, vit à Nice. Avec 21 mentions sur son casier judiciaire français, on ne s'étonne pas de la décision prise par le ministre d'État de l'écarter du pays. C'est la raison pour laquelle il n'a jamais pu assister à la naissance de sa fillette, le 26 juin dernier. Car sa compagne, handicapée, demeure dans un appartement aux Moneghetti.

Malgré cette situation matrimoniale précaire, l'épouse, très fatiguée, lui demande, en début de semaine, de l'aider pour quelques emplettes à la supérette proche. Comme il vit très mal cet éloignement, le père prend son scooter et profite de la corvée alimentaire effectuée à Beausoleil pour retrouver un instant d'intimité familiale. Mais il croise sa belle-mère dans l'ascenseur. Au moment de repartir, les agents sont au pied de l'immeuble…

« Je croyais que l'immeuble était à Beausoleil »

À l'audience de flagrance, le président Florestan Bellinzona s'étonne de la tentative de retour à Monaco du prévenu avec de tels antécédents. « Depuis 2001, vous n'arrêtez pas de vous faire remarquer. Stupéfiants, port d'arme, contrefaçons, vols, escroqueries, conduite sans permis, abus de confiance… Quand on veut être un bon père, on n'accumule pas 21 mentions sur son casier. On ne se drogue pas également avec de la résine et de la cocaïne… »

Le coupable se défend d'être resté sur le territoire monégasque et d'avoir enfreint la mesure. « Je voulais juste déposer les courses et quitter les lieux. Je n'avais pas conscience d'être à Monaco. Je croyais que l'immeuble était situé à Beausoleil. Mon épouse souffre du dos. Elle a deux tiges avec 26 vertèbres en moins et ces déplacements sont compliqués Je n'avais pas vu ma femme et ma fille depuis trois mois. D'autre part, je consomme de la résine de cannabis le soir, car je souffre de ne pas voir mon enfant. Quant à la cocaïne, c'est la première fois de ma vie que j'en consommais… »

En prison pour 4 mois et 10 jours

Pour le procureur général adjoint Hervé Poinot, « on pense que cette femme, sous curatelle, n'a pas envie de vivre avec son mari. C'est un beau parleur qui a la pratique des prétoires et son parcours est ponctué d'usage de stupéfiants. Monsieur ne peut plus bénéficier du sursis. Vous le sanctionnerez avec une peine d'un mois ferme qui viendra révoquer les quatre mois de la précédente condamnation. Nous verrons la réalité des relations avec son épouse quand elle viendra le visiter en détention. »

En défense, Me Thomas Brezzo essaiera d'esquiver la prison ferme pour son client : « Une porte s'ouvre pour le tribunal avec la liberté d'épreuve ! Au fait, n'est-il pas venu en Principauté à la seule demande de son épouse ? Madame me l'a confirmé. Alors, on peut comprendre que ce père de famille a réagi avec son cœur afin de voir sa fille pour la première fois depuis sa naissance… »

Le tribunal prendra en compte cette particularité en limitant la peine à dix jours de prison ferme. Plus les quatre mois !

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