
Depuis le début de la semaine, la cour d’assises des Alpes-Maritimes juge les kidnappeurs de Jacqueline Veyrac.
Procès Veyrac: comment 3 secondes se sont révélées cruciales pour l’enquête
Le 08/01 à 06h50 MàJ 08/01 à 06h52Trois secondes. Trois secondes d’un appel téléphonique accidentel vite raccroché, passé par celui qui est présenté comme le "cerveau" de l’affaire, Giuseppe Serena. Une boulette. C’était au soir de l’enlèvement de la millionnaire, Jacqueline Veyrac, le 24 octobre 2016. "On aurait pu ne pas tomber dessus. L’erreur a duré trois secondes, et c’est Monsieur Serena en personne qui va nous mettre sur la piste." Droit comme un "i", costume bleu, chemise blanche, le major Georges Pied, de la PJ de Nice, a été passé sur le gril de la cour d’assises ce jeudi après-midi. C’est lui qui a analysé la bagatelle de 3,6 millions de communications téléphoniques. Quinze fois plus que dans une enquête criminelle classique.
Une enquête téléphonique hors normes
Un travail hors normes. Le major prévient: "La téléphonie c’est une aide, pas une preuve. On croise ces données avec tout ce qu’on a dans l’enquête." Il a été attaqué de toutes parts par les avocats de la défense qui ont tenté d’enfoncer un coin dans les zones d’ombre.
Tout l’après-midi, sans aucune note, le major a détaillé son enquête, alignant horaires, noms, adresses exactes des relais téléphoniques et données, sans ciller.
Cet appel de trois secondes ? Il va mettre les enquêteurs sur la piste de trois téléphones "fantômes" utilisés par la bande. Des lignes "dédiées" dans le jargon policier. Il s’agit d’appareils pré payés que tout un chacun peut acheter quasi anonymement dans un point de vente. Le cauchemar des enquêteurs. Utilisés par le grand banditisme, ils permettent de rester quasi invisible. La seule règle pour ne pas se faire pincer: ne les utiliser qu’entre eux, en circuit fermé. Ne surtout jamais appeler un numéro extérieur.
des millions de données
"C’est là que Serena commet son erreur. De retour à son domicile, vraisemblablement tout à sa joie de l’enlèvement et de la demande de rançon, il se trompe", explique le major Pied. Depuis sa ligne "fantôme", Serena appelle une ligne "extérieure", le numéro personnel d’un des membres de la bande. "Se rendant compte de son erreur, il a vite raccroché au bout de trois secondes."
Ce numéro inconnu, va intriguer. Les enquêteurs vont l’exploiter et découvrir qu’il avait permis d’envoyer les textos de demande de rançon.
La PJ a ensuite déroulé la pelote, s’aidant d’un logiciel baptisé "Mercure", mis à la disposition de la PJ depuis 2012. Il permet de croiser des millions de données.
Pour résoudre l’affaire, les limiers ont joué de chance à plusieurs reprises. Mais comme le souligne un enquêteur, "on n’est pas un bon policier si on n’a pas un peu de chance".
Ce matin, le temps fort de la semaine est attendu avec l’audition de la victime, Jacqueline Veyrac.
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