Prison ferme requise contre un médecin mentonnais

Condamné à Nice pour des agressions sexuelles, un praticien mentonnais a défendu « son honneur » devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Mais il s’expose à une peine plus sévère

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Christophe CIRONE Publié le 20/11/2019 à 10:19, mis à jour le 20/11/2019 à 10:19
Me Bruno Rebstock (à gauche) a défendu « l’honneur » du médecin, face à ses accusatrices représentées par Me Olivier De Fassio (à droite, lors du procès à Nice) et Marie Audier.
Me Bruno Rebstock (à gauche) a défendu « l’honneur » du médecin, face à ses accusatrices représentées par Me Olivier De Fassio (à droite, lors du procès à Nice) et Marie Audier. archives NM et CC

Je veux absolument être rétabli dans mon honneur, et pouvoir exercer la médecine, à la satisfaction de l’immense majorité de mes patients ».

Tel est le message que le Dr Raymond Hayek est venu délivrer, à Aix-en-Provence comme à Nice. à 62 ans, ce médecin mentonnais a été reconnu coupable d’agressions sexuelles, le 25 février dernier, par le tribunal correctionnel de Nice. Depuis, il continue de clamer son innocence. C’est donc pour laver « son honneur » qu’il est venu s’expliquer devant la cour d’appel, ce lundi. Au risque de s’exposer à une sanction plus sévère.

En première instance, le tribunal avait infligé deux ans de prison avec sursis-mise à l’épreuve à Raymond Hayek. Avec interdiction d’exercer pendant cinq ans. Depuis, la médecine est en suspens pour ce gastro-entérologue de la Palmosa. Au-delà, c’est la réputation d’un homme qui est en souffrance.

Deux plaignantes

Jusqu’alors, le parcours du Dr Hayek forçait le respect. Réfugié de la guerre civile au Liban, venu étudier la médecine en France, il y a gagné ses galons de praticien chevronné. Elu gouverneur du Rotary Club pour les A.-M., le Var, Monaco et la Corse, Raymond Hayek se distinguait pour ses actions humanitaires. Jusqu’à cette plainte de 2013.

Une patiente, trentenaire, l’accuse alors d’avoir pratiqué des attouchements sur elle, un soir où il était de permanence à l’hôpital. Puis d’avoir pratiqué un examen trop intime le lendemain, à son cabinet, où elle venait le consulter au sujet d’une épilation. Une seconde plainte s’ensuit en 2016. Cette fois, c’est une visiteuse médicale qui accuse le Dr Hayek de l’avoir coincée contre une porte, après avoir extrait sa poitrine de son pull.

Dans les deux cas, Raymond Hayek a toujours contesté les faits, nié toute violence. Il disait vivre « un cauchemar permanent depuis six ans ». Devant la cour, le médecin compte bien y mettre fin. Et rappeler à la justice que le ministère public, à Nice puis à Aix, avait classé ces plaintes sans suite.

Ambiance lourde

Mêmes protagonistes, changement de décor. De nouveau, ses accusatrices sont venues soutenir le regard de Raymond Hayek. Quatre heures durant, leurs versions s’affrontent dans une atmosphère crispée, dans la petite salle d’audience où les bancs du public se sont vidés. Les victimes racontent, longuement. Leurs récits sont parfois rythmés de sanglots.

« L’audience a été très douloureuse pour elle, du fait qu’il ne reconnaisse rien, et de cette froideur émotionnelle difficilement soutenable pour les victimes, réagit hier Me Marie Audier, avocate de la visiteuse médicale. Il faut avoir le courage d’évoquer ces faits humiliants ! Si elle est allée au bout, c’est pour que cela n’arrive plus à d’autres femmes à l’avenir. »

La vague #metoo ? La première plaignante ne l’a pas attendue pour dénoncer une agression sexuelle, rappelle Me Olivier De Fassio. Son conseil cite deux nouveaux signalements (pour des faits prescrits), qui lui sont parvenus à la suite de notre article du 26 février. Me De Fassio s’étonne, au passage, de la « solitude à la barre » du Dr Hayek.

Certes, ses collègues de travail féminines n’ont pas fait le déplacement cette fois-ci. Mais leurs témoignages louangeurs sont cités par Me Bruno Rebstock, nouvel avocat du médecin.

Réquisitions plus lourdes qu’à Nice

Me Rebstock concède une « maladresse » de la part du Dr Hayek envers sa patiente. Lors de l’examen de sa pilosité, le praticien lui avait présenté des images pornographiques. « Il n’aurait pas dû, c’est très clair... Mais il n’y a jamais eu d’agression sexuelle ! Sinon, il paraît assez étonnant qu’elle se rende à son cabinet médical le lendemain. » Me Rebstock brocarde les incohérences et le flou des témoignages, pour plaider la relaxe.

L’avocat général ne l’entend pas ainsi. Ses réquisitions sont plus lourdes qu’à Nice : trois ans de prison, dont une année ferme (aménageable). La mise à l’épreuve prévoit l’interdiction de contacter les victimes et une obligation de soins. L’interdiction d’exercer la médecine serait étendue de cinq à dix ans, et la peine d’inéligibilité confirmée.

La cour se prononcera fin janvier. Relaxe ou condamnation ? Sa décision scellera le sort pénal et professionnel du Dr Hayek.

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