Réminiscences de l’enfance ? On peut en douter pour un Niçois et un Beausoleillois avec leur comparution à quelques jours d’intervalle, menottés, devant le tribunal correctionnel. Âgés respectivement de 29 et 34 ans, les deux prévenus avaient pénétré dans le local à vélos de l’établissement FANB afin de s’emparer de trottinettes électriques. Certes, ourdir pareilles nuisances était un jeu d’enfant pour ces individus parfaitement familiarisés dans la pratique de la fauche. D’autant que ces engins de déplacement personnel étaient attachés sommairement. Ils n’ont pas eu à batailler pour les emporter et s’enfuir avec leur butin peu commun en direction de la gare SNCF pour rejoindre la cité niçoise.
Déjà connus des services de police en France et à Monaco
Mais grâce aux images de vidéosurveillance, les enquêteurs s’étaient vite aperçus du stratagème des deux individus. Comme ils étaient déjà connus des services de police pour des actes similaires - le plus âgé serait recherché pour un vol de bijoux - ils étaient rapidement identifiés.
Le plus jeune étale vingt et une mentions sur son casier judiciaire français, dont treize pour vols. L’autre, outre trois mentions en Principauté, fait mieux avec trente-cinq en France, dont quinze pour vols.
Le premier était interpellé dès le lendemain au sortir de la station ferroviaire. Le second, reconnu trois jours plus tard par un policier sur le boulevard Princesse-Charlotte, était en récidive d’une infraction de refoulement.
Propos fantaisistes pour les deux prévenus
Dans le box, interrogés pour chaque affaire par les présidents Léa Parienti-Galfre et Florestan Bellinzona (*), les prévenus font part d’une forte alcoolisation. Ils étaient venus en train jusqu’à Beausoleil pour retirer de l’argent en fin de matinée dans une banque où l’un des deux compères avait son compte. Avant de quitter la commune limitrophe, ils faisaient un crochet par l’ancien collège des Franciscains. Ils remarquaient rapidement les trottinettes dont l’antivol était mal positionné. Utilisées pour effectuer le trajet jusqu’à la gare, ils les embarquaient tout de même dans le train.
En réponses aux observations pertinentes des magistrats, les lascars s’estimaient toujours alcoolisés le jour de leur interpellation.
À tour de rôle, les deux détenus annonçaient d’abord un traitement médical sous cachets et l’ignorance d’avoir pénétré dans un établissement scolaire, sans intention de voler mais plutôt d’uriner.
Puis, on passait à la séquence dysfonctionnement cérébral. Le Niçois avait la mémoire qui flanche. Il ne se souvenait plus bien des faits reprochés. Il aurait laissé la trottinette à Nice. Pour tenter en vain de se justifier, ces personnages mettront des mots fantaisistes sur les raisons de leurs maux.
Les magistrats irrités
D’où l’irritation des magistrats face à l’accumulation d’arguments qui n’avaient aucun sens. « Vous rentrez dans le local et vous ressortez une minute plus tard avec une trottinette chacun : vous étiez venus pour voler ! Quel copain les aurait échangées contre 150 euros, pourtant estimées à 350 l’une ? Vous dérobez les biens de collégiens utiles pour se déplacer de chez eux à l’école : c’est moche ! N’agressez pas la partie civile en la pointant du doigt, ordonnait le président Florestan Bellinzona. C’est vous le coupable et c’est la troisième fois que vous venez à Monaco malgré une condamnation depuis 2018. Vous pensiez que d’interdiction de territoire ne courait plus ? »
Dans ses réquisitions, le substitut Emmanuelle Carniello est formelle : « D’après vos comportements, vous êtes venus à Monaco pour voler ! Retirer de l’argent et se promener ne tient pas debout. Cachets et alcools ne peuvent excuser les infractions. Vous soutenez occuper la profession d’ouvrier paysagiste sans dévoiler le nom de votre employeur. En France, ces prévenus ont fait l’objet de plusieurs mesures de liberté surveillée. Il y a bien une volonté de nuire et un risque pris par le second individu en récidive légale. C’est sa trente-cinquième comparution devant un tribunal et il aura passé un tiers de sa vie en prison. Un an ferme pour chacun. »
Tant bien que mal, la défense va plaider pour deux clients dans la contrition avec un passé de toxicomanes. Chaque avocate va tenter d’émouvoir en décrivant une enfance malheureuse avec une mère qui ne s’est jamais occupée de son rejeton.
In fine, le tribunal a condamné respectivement les deux prévenus à six mois d’emprisonnement, dont quatre avec sursis, et trois mois plus quarante-cinq jours avec la révocation du sursis. Ils devront verser chacun 500 euros aux parties civiles.
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