Peines de prison avec sursis et fortes amendes pour les fêtards à la cocaïne

La fête est finie !

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 13/05/2019 à 10:11, mis à jour le 13/05/2019 à 10:11
Six jeunes de Monaco et des communes limitrophes viennent de comparaître pour usage de cocaïne et autres plaisirs interdits. L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 11 juin.	(Archive N.-M.)
Six jeunes de Monaco et des communes limitrophes viennent de comparaître pour usage de cocaïne et autres plaisirs interdits. L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 11 juin. (Archive N.-M.)

La fête est finie ! C’est même la fête de trop quand on écoute les sept prévenus faire le bilan à la barre de ce qui s’est passé entre 2015 et 2017. Il y avait six jeunes gens de Monaco et des communes limitrophes. Des fils et filles à papa insouciants de 28 à 35 ans, cocaïnomanes « pour le fun ». Plus « l’épicier » qui s’approvisionnait principalement à Nice et Beausoleil. Ils ont comparu devant le tribunal correctionnel pour avoir trop rapproché les liens entre la vie de plaisirs et le désordre de la consommation de drogue dans les toilettes des établissements publics de la Principauté.

Certes, le territoire monégasque est propice au théâtre régulier de rassemblements de personnes mêlant les diverses consommations festives avec des prises de risques. Ivresses, bagarres, outrages, cannabis, indécences… sont devenus les litanies des jours d’audiences. Mais cette ville glamour, où tout brille de mille paillettes, ne doit pas ternir son image. Ni devenir un terrain, un laboratoire, propice à la recherche des pratiques festives sous l’angle de l’addiction aux psychotropes. À l’inconvenance facile !

« Un trafic qui pollue la jeunesse »

Avec cet énième épisode de la « Münegu Connection », la justice affiche sa volonté d’enrayer ce trafic qui pollue la jeunesse, organisé principalement par les dealers basés en périphérie des frontières de Monaco. L’image ne concorderait pas avec un pays qui fait rêver. Alors, Eleonora, Léa, Jérémy, Davy, Mathieu, Haikel, Martika ont exprimé pendant plus de quatre longues heures, leur expérience avec la poudre blanche. Leurs idées impossibles de faire la fête sans la drogue, tellement la ligne, le sniff, l’inhalation, la piquouse jouent un rôle socialement exutoire.

Ils seraient presque convaincants dans leurs définitions de l’exaltation apportée par l’usage de l’adjuvant euphorisant. Combien ils étaient en osmose au cours de leurs soirées de débauche pour partager la coke, afin d’outrepasser les interdits imposés par la bienséance de la vie quotidienne. L’audace, l’impertinence, la désinvolture, enfin, renforçaient la sacralisation de leurs règles. D’autant plus facile avec leur bienfaiteur Jérémy. Une « ONG » à lui tout seul !

Barman altruiste, philanthrope, il achetait, partageait, offrait la drogue au sein du groupe sans retour financier grâce à ses 1 200 euros € de pourboires hebdomadaires.

« On lui proposait un restau, un apéro pour le dédommager », avance-t-on parmi ses amies proches. Quelque 75 grammes de cocaïne en trois ans ont alimenté sa consommation et sa générosité. Mais le bonheur des paradis artificiels ne dure qu’un temps. Une délation anonyme, en décembre 2016, fournissait le fil d’Ariane aux enquêteurs de la Sûreté publique pour pousser leurs investigations méthodiques, minutieuses, à partir d’un certain Benjamin.

Des délais éprouvants de garde à vue, de deux à quatre jours, suivront pour les nécessités de l’enquête ou chacun fera part de sa cuisine narcotique. Une tambouille soi-disant thérapeutique, où les ingrédients se payaient au prix de 80 €à 100 euros le gramme. Où la posologie oscillait entre 5 et 25 grammes par an. Au cours de l’interminable instruction, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle tente une reformulation des dangers de la drogue. S’il veut tout savoir sur le comportement des sept prévenus, il ne se limite pas aux méfaits de l’alcaloïde uniquement lié à la dépendance.

« La fin d’une erreur de jeunesse »

Il met en garde les prévenus qui lui font face sur l’éventuelle marginalisation qui les guette. Si consommer ne mue pas obligatoirement en toxicomane asocial, semble-t-il marteler, l’addiction peut détourner le dépendant des liens sociaux habituels. L’antidote du magistrat ne sera pas vain.

Tous les intéressés ont annoncé dans leur contrition la fin « d’une erreur de jeunesse » et le « retour au bénéfique emploi nécessaire pour changer ». Le désir de retrouver une vie saine, en couple quelquefois, où en émigrant à l’étranger et s’éloigner durablement des nocivités précédentes.

« Ce ne sont pas des patients, mais des délinquants »

Pour le premier substitut Olivier Zamphiroff, ce n’est plus le produit qui est mis en cause, mais les pratiques qui tournent autour, « afin de ne plus être cette même personne adonnée à des plaisirs idiots et interdits. Alors, ne jugez pas ces jeunes gens comme des victimes de trafiquants. Ce ne sont pas des patients, mais des délinquants. La culture de la coca n’est pas l’image de paysans qui labourent. De chimistes en blouse blanche. Il y a des assassinats, du chantage. Du sang associé à ce produit… Prononcez des peines de quatre à dix mois de prison avec sursis, assorties d’amendes de 3 000 à 10 000 euros ».

Pour les avocats, Mes Sylvie Castel, Christian Scolari, Patrick Berard, (tous les trois du Barreau de Nice), Christophe Ballerio, Thomas Brezzo et Clyde Billaud, procès et peines sont disproportionnés.

La consommation de stupéfiants de leurs clients respectifs est perçue, dans l’imaginaire collectif de la jeunesse, comme inhérente à la fête. Les niveaux de consommation signifient-ils pour autant qu’ils se droguaient comme des fous ? Non ! L’effet de dépendance a surtout focalisé l’attention et une drogue illicite ne doit pas briser leur vie. À l’unanimité, ils réclament la relaxe ou la plus grande clémence. Comme l’éviction de toute infraction de cession en Principauté et du couperet de la mention sur leur casier. Mention propice à l’interruption des reconversions des prévenus…

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré jusqu’au 11 juin 2019.

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