"Nous ne sommes pas en présence d’un Pierre Palmade": un chauffeur-livreur condamné après avoir percuté violemment une scootériste à Monaco

Outre une interdiction de conduire pendant deux ans à Monaco, il devra verser une provision de 2.000 euros à la victime qui a dû interrompre tout activé pendant 62 jours, plus huit mois d’ITT. L'avocat de la défense n'a pas hésité à comparer l'attitude de son client au cas Pierre Palmade.

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Jean-Marie Fiorucci Publié le 09/03/2023 à 15:05, mis à jour le 09/03/2023 à 16:58
La scootériste à l'arrêt a été violemment percutée par un chauffeur-livreur aux quinze mentions judiciaires et plusieurs retraits de permis. Photo Dylan Meiffret

Comment éviter ou du moins conjurer les conséquences douloureuses de blessures involontaires? La question trouvera-t-elle enfin réponse satisfaisante? En attendant, pour dissiper d’éventuelles iniquités, il faut encore passer par le tribunal correctionnel.

C’est la décision prise par la victime à la suite d’un accident de la circulation pour obtenir réparation des préjudices subis. Le 31 août 2021, vers 12h08, cette jeune femme remontait la voie du Crédit Lyonnais pour garer son scooter. Au même moment, un chauffeur-livreur se déportait, franchissait la ligne continue et percutait violemment la conductrice du deux-roues. Elle se retrouvait au sol avec des blessures graves, dont une fracture de la cheville. Hospitalisée, elle était privée de toute activité professionnelle pendant une dizaine de mois.

"Il y avait un soleil rasant"

Qui est l’auteur de cet événement tragique? Un chauffeur-livreur au lourd passif judiciaire. À la barre, il confie sa version apparemment crédible. "Il y avait un soleil rasant et je n’ai pu me rendre compte, ébloui, aveuglé, d’être carrément sur l’autre voie. Après le choc, j’ai vite compris la réalité de ma responsabilité. Je ne l’ai jamais niée et j’ai aussitôt porté secours à la personne à terre."

Le président Florestan Bellinzona semble refuser son assentiment. "Vous apparaissez plutôt comme un délinquant, un danger sur la route. À la lumière de votre casier judiciaire français, vous êtes entre deux eaux: vous conduisez deux mois et votre permis est suspendu pour six mois. Que de condamnations en France pour vols, conduite sans permis, refus d’obtempérer, stupéfiants, violences, escroqueries et ivresses en récidive. Que faites-vous aujourd’hui?

- Je pointe à Pôle emploi. Mais je fais tout pour m’en sortir et retrouver du travail…"

Représentant la partie civile, Me Grégoire Gamerdinger enchaîne sur un conducteur pernicieux de manière professionnelle et personnelle afin d’exprimer au mieux la souffrance de la victime. "Un soleil rasant à midi? J’émets des doutes, d’autant qu’il percute ma cliente quand elle est à l’arrêt. Après sa longue immobilisation, désignez un expert et octroyez une provision pour les préjudices qui n’ont pas été pris en charge: 10.000 euros."

Un casier avec quinze mentions et des retraits de permis

Mes Christophe Sosso et Joëlle Pastor-Bensa, au nom de leurs assureurs respectifs, demandent de prendre acte de leurs réserves et des sommes payées. Le parquet, incrédule, s’interroge sur l’explication donnée par le prévenu. "S’il est aveuglé, n’avance-t-il pas au petit bonheur la chance? À 31 ans, ce Roquebrunois a un casier avec quinze mentions et des retraits de permis. Le jour de l’accident, il l’avait encore parce que la décision d’annulation est venue plus tard."

Le substitut Maxime Maillet requiert alors une peine pour éviter la réitération des infractions. "Après deux mois d’incarcération, infliger à nouveau de la prison n’est pas la bonne décision. Je sollicite 2.250 euros d’amende et l’interdiction de conduire en Principauté pendant un an."

La défense va plaider l’indulgence afin que son client bénéficie encore d’une chance à Monaco. "Certes, il y a ce palmarès judiciaire, reprend Me Yann Lajoux. Mais il ne doit pas influer sur une décision monégasque. Nous ne sommes pas en présence d’un Pierre Palmade: ni excès de vitesse, ni influence de stupéfiants. Aujourd’hui, ce chauffeur-livreur n’a plus de permis. Sans travail, il est suivi par psy! Sa situation financière ne lui permettra pas de payer l’amende…"

Le tribunal n’a aucune intention d’étrangler pécuniairement le prévenu. Il l’a condamné à quatre mois avec sursis, une interdiction de conduire à Monaco pendant deux ans. Quant à la partie civile, il ordonne une expertise et le versement d’une provision de 2.000 euros.

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