Meurtre de Kévin à Cannes: "Je suis seul responsable", avance son meurtrier présumé devant les assises de Nice

Connu pour des vols à l’arraché, Kevin Remiki a tué Kévin Ribal en 2018 à Cannes. Son mea culpa n’apaise pas une famille qui cherche les raisons de ces coups de couteau fatals. Le procès a débuté ce lundi devant les assises de Nice.

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Ch. P Publié le 06/02/2023 à 22:00, mis à jour le 09/02/2023 à 18:13
Kévin Ribal avait 23 ans. DR

A deux pas du célèbre tapis rouge du Palais des Festival à Cannes, Kévin Ribal, 23 ans, s’effondre sur le trottoir dans une mare de sang. Nous sommes le dimanche 28 octobre 2018 à 4 heures du matin. Il vient d’être poignardé à deux reprises par Kevin Remiki à la sortie du "Ka", une discothèque de la Croisette. L’étudiant décédera quelques heures plus tard. Les raisons? Il n’y en a aucune et c’est ce qui révolte au plus haut point la famille Ribal venue en nombre assister au procès de l’accusé.

"Je suis là pour assumer"

Lundi matin, Kevin Remiki 31 ans, regarde surtout la pointe de ses baskets. Invité par la présidente Catherine Bonnici à s’exprimer, il se redresse et ose un regard furtif en direction des parents de sa victime: "Pour commencer, je demande pardon à la famille pour le grand tort que je leur ai causé. C’est que des mots. Ça ne fera pas revenir leur proche. Je ne suis pas là pour mentir. Je suis là pour assumer. Je suis dégoûté par ce que j’ai fait."

Les mots lui manquent et ils sont parfois maladroits. Enfant du quartier des Moulins, père inconnu, mère dépassée, il a très vite quitté les bancs du collège, exclu pour son comportement et ses absences répétées. Sa formation au lycée hôtelier à Nice a tourné court.

Il s’est mis ensuite à arracher les colliers et les sacs à main. Cela lui a valu trois séjours en détention. Condamné à trois ans de prison, il avait été libéré depuis moins d’un an quand il a tué Kévin Ribal. Il s’étonne, sans mesurer la portée de sa remarque, face au Dr Serge Suissa l’expert-psychiatre: "J’ai mis deux coups au niveau de la ceinture. Y a une femme, elle a mis dix-neuf coups de couteau, la victime n’est même pas morte." L’expert n’a pas diagnostiqué chez lui de maladie mais insiste sur son "immaturité", son "instabilité", son "impulsivité".

"Les psys, ça m’angoisse"

La présidente s’étonne que Kevin Remiki n’ait pas mis à profit ses quatre ans de détention provisoire pour rencontrer un psychologue. "L’univers des psys, ça m’angoisse", rétorque l’accusé. La présidente Catherine Bonnici réagit, interloquée: "Mais votre univers, comment le gérez-vous? Vous tuez quelqu’un sans savoir pourquoi et vous n’éprouvez pas le besoin de voir un psychologue? Tuer quelqu’un sans savoir pourquoi, c’est effrayant....Vous ne vous faites pas peur?" "Je suis dégoûté, je regrette", répond l’accusé, soutenu par Me Christian Scolari, son conseil.

La magistrate résume à grands traits la déposition du psychiatre, un brin dépitée: "Il n’y a pas de formation, pas d’insertion, pas de troubles mentaux, pas d’élément déclencheur, pas de demande de suivi psychologique..." De quoi se perdre en conjectures.

Kevin Remiki, sous l’effet de la vodka, a bien eu des mots avec un client dans la boîte peu avant le drame, évoque avoir été "piétiné" quinze jours auparavant par d’autres jeunes. Eprouvait-il le besoin de se venger, quitte à s’en prendre à un inconnu? Il admet n’avoir jamais croisé sa victime ni même échangé de mots avec elle avant l’agression. "Un acte absurde", conclut le psychiatre. "Cela aurait pu être mon fils, le vôtre mesdames et messieurs les jurés", remarque Me Gérard Baudoux, conseil de la famille Ribal, qui anticipe sur sa plaidoirie.

Le docteur Suissa, psychiatre et Me Scolari, avocat, s’interrogent sur la personnalité de l’accusé Kevin R.. Nice Matin.

Trois coaccusés dont deux dans le box

Kevin Remiki est jugé pour le meurtre de Kevin Ribal. Il encourt trente ans de réclusion criminelle. Il n’est pas le seul à être poursuivi.

Wassim Belkhacem, 23 ans, (Me Gorlier) comparaît, lui, pour complicité de meurtre et violence en état d’ivresse suivie d’une incapacité supérieure à huit jours. Il a notamment frappé Anthony, l’un des amis de Kevin Ribal. Il est libre après plus de trois ans de détention provisoire. Il nie toute complicité dans l’homicide.

Le troisième accusé, Abderrazek Zendaoui, 26 ans, (Me de Souza) est renvoyé aux assises pour avoir fait disparaître l’arme du crime, un délit puni de trois ans de prison. Il a été détenu pendant un an et sept mois dans le cadre de cette procédure. Il aurait dû être jugé libre mais il a été condamné entre-temps pour trafic de stupéfiants. Il purge actuellement une peine de trois ans de prison.

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