Le tribunal criminel de Monaco a condamné, ce mardi, Sander Sarik et Tanel Kull à une peine de six ans de prison ferme chacun.
Ces deux accusés, soupçonnés d'appartenir au « gang des Estoniens », sont les auteurs du braquage éclair (pas plus de 40 secondes) de la bijouterie Zegg et Cerlati, le 2 mai 2008, à Monte-Carlo, pour un préjudice de 73.000 euros*.
Les deux hommes, âgés respectivement de vingt-cinq et trente et un ans, encouraient la réclusion criminelle à perpétuité pour vol à main armée. Pour le troisième homme, Rauno Kuklase, qui purge actuellement une peine en Grande-Bretagne, une demande d'extradition est en cours afin qu'il comparaisse également devant ce même tribunal pour être jugé.
« Des jeunes prêts à tout »
À l'issue de la première partie du procès (voir « Monaco-Matin » d'hier) le président Marc Salvatico s'est attaché à connaître le déroulement des faits. Comme les raisons de leur enrôlement dans le « gang » et leurs intentions d'entrer en délinquance. Les deux accusés ont reconnu les faits et ils ont décrit cette peur qui les a poussés à commettre d'autres braquages en Italie, en Grande Bretagne, en Suisse, en Belgique et en Finlande.
Hier matin, le procureur Alexia Brianti a relaté à nouveau les faits en mettant en exergue la froideur et la violence des braqueurs.
«Ce sont des jeunes prêts à tout pour emporter un butin. Voilà des criminels professionnels. Ils appartiennent à un réseau organisé. Ils sont redoutables!»
Avec toujours le même mode opératoire, décrit comme «rapide et précis».
Ces hommes sont intervenus à trois, avec des lunettes de soleil pour dissimuler en partie leur visage découvert.
Quand le premier individu tient en respect le personnel de la bijouterie à l'aide de son arme, un pistolet factice, les deux autres cassent la vitrine à coup de marteau et ils remplissent leurs sacs avec des montres de luxe et une prédilection certaine pour les Rolex. Les voleurs repartent ensuite le plus tranquillement du monde en se débarrant de leurs vêtements.
«Les employés vous ont raconté leur cauchemar! Leur peur! Le bruit des marteaux sur les vitres qui volent en éclats ! La terreur ressentie face à trois individus aux gabarits impressionnants les tenant en respect! Ils ne savaient pas que l'arme était factice. Ils ont craint pour leur vie! Ils ne peuvent plus oublier ces visages… Les larmes ne mentent pas… Quant aux accusés, ils se gardent bien de révéler leur chef du gang. C'était l'argent facile à n'importe quel prix. Il faut une peine de six ans de réclusion!»
«Ces deux hommes sont des pions»
Pour la défense, Mes Charles Lécuyer et Thomas Giaccardi vont s'efforcer de montrer ce qu'il reste d'humanité dans la tête de leurs clients. Ce ne sont que «des chevilles ouvrières», des «petits soldats» que l'on envoie sur les champs d'agression.
Ils «regrettent d'en être arrivé là à cause de l'argent facile». Et d'insister sur cette «peur pour eux, pour leur famille. La seule solution pour s'en sortir, c'était de se faire arrêter. C'est celle-là que vous allez juger…»
Certes, «ces deux hommes ne sont plus les mêmes que ceux de 2008. Ce sont des pions! Pas des chefs de réseaux. Ils ont changé de vie, la vision de leur vie.»
Les renvoyer six ans en détention? «Cette décision doit avoir un intérêt. Ils sont très jeunes encore! On peut faire des erreurs…»
Aucune sanction modérée. Le tribunal criminel suivra les réquisitions du représentant du Parquet général.
*Surprenante absence. La bijouterie visée n'était pas représentée à l'ouverture du procès, ni ne s'était constituée partie civile.
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