Le voleur de la montre à 278 000 € extradé et jugé : deux ans ferme

Il n’est pas sûr que la victime, délestée de sa montre Patek Philippe Grande Complication à 278 000 euros dans les vestiaires du spa de l’hôtel Métropole, soit rassurée à l’annonce de la condamnation de l’auteur des faits à deux ans de prison ferme.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 25/01/2020 à 10:32, mis à jour le 25/01/2020 à 10:32
Le prévenu était en détention à Monaco depuis son extradition le 11 avril 2019.
Le prévenu était en détention à Monaco depuis son extradition le 11 avril 2019. Archives MM

Il n’est pas sûr que la victime, délestée de sa montre Patek Philippe Grande Complication à 278 000 euros dans les vestiaires du spa de l’hôtel Métropole, soit rassurée à l’annonce de la condamnation de l’auteur des faits à deux ans de prison ferme. Cette pièce que l’on qualifie de sommet de l’art horloger, a été revendue par le voleur contre 43 000 euros à un inconnu dans un supermarché de Budapest. Mais en attendant le malfaiteur ne court plus dans la nature. Extradé de Slovénie le 11 avril dernier, puis entendu par le juge d’instruction, il a comparu menotté à l’audience de flagrance.

Retour au 30 septembre 2017. Un ressortissant hongrois arrive au centre de remise en forme du palace. Au même instant, un client dépose ses affaires dans son casier. Inquiété par la présence de l’individu, il dissimule sa montre de valeur dans ses chaussettes et glisse le tout dans une chaussure. Précaution inutile. Au retour, la fameuse horloge de poignet a disparu…

Alertés, les policiers scrutent les images des caméras de l’établissement de l’avenue de la Madone. Un quadragénaire entre et ressort huit minutes plus tard du spa. Il monte dans sa chambre et quitte l’hôtel.

« Tellement choqué par mon extradition »

La vidéosurveillance urbaine prend le relais. Ce même homme est repéré à l’arrêt du bus pour l’aéroport. Pas question de lâcher pour les inspecteurs. Ils parcourent les fiches d’accueil. Très vite, un nom et un visage apparaissent. Mais le numéro de passeport ne correspond pas ! Le document est faux. Certainement pour brouiller la véritable identité.

Alors, les limiers de la Sûreté publique passent au plan B : les prélèvements des traces papillaires dans la chambre du suspect. Bingo ! Cet homme est connu d’Interpol pour plusieurs implications dans les vols de montres de luxe dans les palaces. Il a été condamné deux fois en France et cinq fois en Suisse pour vols et dégradations.

« Vous avez toujours contesté les faits, malgré la vidéo et les traces ADN retrouvées dans votre chambre », note le président Florestan Bellinzona. « Tellement choqué par mon extradition de Slovénie, j’ai gardé le silence, certifie le prévenu. Aujourd’hui, je reconnais les faits. »

Le magistrat s’interroge également sur les multiples présences de ce personnage à Monaco et du signalement diffusé par les autorités suisses pour des vols de montres dans les hôtels. « En Principauté, je faisais du tourisme avec ma copine, garantit le détenu. Pour le reste, je revends ces montres à des personnes. Je n’appartiens pas à un réseau. À Monaco, j’avais besoin d’argent. À cause de la perte de mon œil dans un accident, j’ai abandonné ma fonction de sapeur-pompier. »

« Je reste persuadé qu’il y a eu des complicités »

Des propos fantaisistes et mensongers pour la partie civile. Me Richard Mullot s’inquiète avec véhémence sur la facilité du vol avec pour seul outil un limonadier. « Dans un hôtel 5-étoiles, où mon client paie 19 000 euros d’abonnement annuel, en huit minutes on peut cibler un casier, voler un objet de valeur sans être repéré ? Que de mystère… Je reste persuadé qu’il y a eu des repérages et des complicités au sein du palace ! Le scénario est trop bien huilé ! Cette montre ne sera jamais remboursée. On est face à un réseau organisé et un processus qui rapporte gros. Mon client se sent depuis en insécurité. Nous réclamons 278 000 euros de dommages plus 50 000 euros pour les frais de deux ans de procédure. »

« Largement mérité »

Suit une précaution oratoire remarquée dans les réquisitions du premier substitut Cyrielle Colle. « Le parquet ne fait pas de cadeau au prévenu, comme le pense la partie civile. Je déplore tout autant ce vol éclair avec un comportement douteux. Aucun élément n’est fourni pour essayer de retrouver le nombre de complices, les commanditaires. On a un maillon du réseau avec des faux passeports de qualité. C’est un pro ! Deux ans de prison, c’est largement mérité. »

In fine, Me Xavier-Alexandre Boyer reconnaît que cette affaire « tient plus du manque de professionnalisme de l’hôtel que de son client. Il est venu à Monaco en dissimulant son identité parce qu’il y a des gens fortunés. Car après son accident, il est entré dans la délinquance. Cet engrenage l’a conduit à des peines, en grande majorité assorties du sursis. Il lui sera difficile de payer le prix de la montre et les frais réclamés. Tenez compte des onze mois de détention. »

Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public et allouera la somme de 280 000 euros au demandeur. Quant au prévenu, dans sept mois il sera dehors…

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