Le tribunal de Monaco condamne un retraité pour le vol d'un appareil photo qu'il dit avoir "ramassé pour offrir à sa famille"

Le retraité de la Société Monégasque d'assainissement prétend que l'objet était abandonnée. Son propriétaire estime l'avoir oublié quelques minutes sur le capot de sa voiture. Le prévenu a été condamné au remboursement et à du sursis

J.-M. F. Publié le 29/06/2020 à 10:04, mis à jour le 29/06/2020 à 12:08
Tribunal de Monaco Photo C.D.

Il n’y avait pas photo pour le tribunal correctionnel. Un retraité de la SMA a bien volé un reflex numérique le 4 juin 2019, sur le quai Rainier-III. Pourtant, l’intéressé prétend toujours l’avoir trouvé ce même jour à proximité de la rampe d’accès de la digue flottante.

"Le boîtier était au sol"

Condamné par défaut à huit jours d’emprisonnement avec sursis au cours d’une précédente audience en son absence, le prévenu avait fait opposition au jugement.

De retour à la barre, il clame encore son droit à l’image d’honnête homme sans reproche. Car c’est un comportement banal pour ce Comorien de 67 ans. "Le boîtier était au sol, rappelle-t-il. J’ai regardé autour de moi. Il n’y avait personne. Alors, je l’ai ramassé pour offrir à la famille un cadeau à l’occasion d’un précédent retour au pays."

Mais pour le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle*, c’est bien un vol.

"Vous ne deviez pas conserver cet objet. Il fallait le ramener à la Sûreté publique. Comme personne n’a rien vu, après la dénonciation de la victime, les enquêteurs ont exploité la vidéo des caméras de surveillance. On distingue le visage du suspect. Quand vous êtes contrôlé à la gare de Monaco, les policiers font le rapprochement avec la diffusion du portrait du personnage. C’est vous!"

Ce résident de Beausoleil soutient mordicus qu’il n’a rien maraudé. Alors le magistrat fait appel au plaignant. Il assure que son 24x36 était bien posé sur le capot de sa voiture quand il s’est absenté un instant.

Au retour, l’appareil avait disparu… Il a demandé le remboursement de l’appareil à la barre et du préjudice moral. Soit 1.000 € (à la précédente audience, seulement 330 € avaient été réclamés).

"Nous n'avons pas la même lecture du vol"

La procureure Alexia Brianti n’est pas dupe au moment de requérir à nouveau une peine de dix jours d’emprisonnement assortie du sursis. "Nous n’avons pas la même lecture du vol que le prévenu. On ne s’approprie pas un objet qui ne nous appartient pas. La démarche honnête était de le remettre à la police au service spécialisé pour tout ce qui est trouvé sur la voie publique. La première condamnation était adaptée pour un appareil qui est surtout un outil de travail. Les propos de ce personnage ne sont pas convaincants."

Cinq jours d’emprisonnement avec sursis et 500€ à verser

La défense rage en silence et refuse des demi-mesures. Car Me Charles Lécuyer a la conviction que son client n’a commis aucun vol et réclame une plus juste mesure.

"Voler, c’est soustraire frauduleusement et intentionnellement. Or, dans cette affaire, il n’y a ni repère ni attente de la part du prévenu. Ce retraité est passé à côté des poubelles où se trouvait l’appareil photo. Dix-sept minutes se sont écoulées après l’avoir pris. Donc il n’a rien dérobé et il doit être relaxé. Une peine avec sursis me paraît sévère. Quant aux demandes de la partie civile, elles sont dérangeantes".

Le tribunal en tiendra compte. À l’issue du délibéré, Il a prononcé une peine de cinq jours avec sursis et une somme de 500 € pour la partie civile.

*Assesseurs: Geneviève Vallar et Florestan Bellinzona.

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