C’est un personnage singulier qui a comparu, lundi après-midi, menotté, à l’audience de flagrance du tribunal correctionnel. Samedi dernier, dans la matinée, sur le quai de la gare de Monaco, ce quadragénaire sans profession attire l’attention des policiers qui luttent contre les pickpockets, attirés par la foule dense pendant la période du Grand Prix de F1. Il entre véritablement dans leur champ visuel quand les agents repèrent son attitude. Dès que les fonctionnaires s’approchent pour le contrôler, celui-ci essaie de remonter dans le train… Est-ce uniquement à cause d’une mesure de refoulement notifiée le 23 février 2003?
Le président Florestan Bellinzona semble avoir une opinion assurée. Ses questions tourmentent le prévenu sur les raisons de son arrivée en Principauté.
"J’allais voir un ami à Menton, répond calmement ce résident niçois. Mais à Monaco, le train n’allait pas plus loin. J’avais conscience de l’infraction. Pourtant, avant de monter dans la rame, je m’étais assuré sur sa destination. On m’avait annoncé Vintimille… Je voulais repartir sur Nice. J’ai rendez-vous à l’hôpital L’archet pour un poste d’employée polyvalent."
Le magistrat, sceptique, fouille dans la personnalité du détenu.
"Nous n’avons pas d’information spécifique sur l’arrêt des trains… Mais vous avez commencé tôt dans le domaine de la délinquance. De 1985 à 2015, vous avez été condamné de nombreuses fois pour vols, recels, escroqueries, vols aggravés, soustraction de reconduite à la frontière, etc. Et vous êtes connu par les policiers comme un pickpocket…"
"Je ne vole plus, je n’ai plus le droit de mentir. Aujourd’hui, je m’en sors proprement et je remercie le bon dieu! Je ne suis pas fier de mon passé. Ni d’être à cet instant devant vous. C’est un concours de circonstances malheureux…"
Si un doute subsiste, il va profiter au prévenu. Le procureur Cyrielle Colle reconnaît l’usage de navettes ferroviaires spéciales pour transporter le public jusqu’à Monaco pour le Grand Prix.
"Certes, Monsieur n’avait pas le droit d’être en Principauté et il doit le comprendre avec ses antécédents judiciaires. Votre décision doit cependant poursuivre sur la voie de l’insertion. Cinq jours avec sursis ou 500 € d’amende."
Une fois n’est pas coutume, Me Clyde Billaud acquiescera aux réquisitions du ministère public.
"Ce n’était pas une bonne idée de circuler en train ce jour-là. Quand on oblige mon client à descendre, connaissant l’interdiction, il panique en voyant les policiers et il essaie de remonter dans un autre train. Depuis quinze ans, il n’est plus venu à Monaco et il ne vole plus. Une peine ferme l’empêcherait de décrocher cet emploi…"
Le tribunal optera pour une amende de 1.000 € avec sursis.
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