Interrompu par le confinement en mars, le procès en appel de Wojciech Janowski, condamné à la perpétuité pour avoir commandité l'assassinat de sa belle-mère, la milliardaire monégasque Hélène Pastor, doit s'ouvrir lundi à Aix-en-Provence, pour un mois, dans un contexte incertain.
Les avocats, comme la cour d'assises d'appel d'Aix-en-Provence, espèrent que la situation sanitaire permettra cette fois-ci de tenir les débats jusqu'au bout, malgré le nouveau confinement en vigueur pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
Les quinze jours d'audience de mars ne compteront pas et tout doit reprendre à zéro sans public, à l'exception de quelques journalistes.
Ce crime avait secoué la principauté de Monaco, dont Hélène Pastor était une des plus grosses fortunes, héritière d'un empire immobilier estimé à 12 milliards d'euros. Wojciech Janowski, 71 ans, redira sans doute, comme il l'avait clamé en mars, qu'il n'est "pas le commanditaire" et qu'il est "innocent".
L'ex-consul honoraire de Pologne à Monaco "sera présent, il va mieux malgré un cancer colorectal confirmé et traité à la prison des Baumettes à Marseille où il est incarcéré depuis six ans", assure son avocat, Me Jean-Jacques Campana.
Aveux avant rétractation
En 2018, il avait été condamné à la prison à vie pour avoir été l'instigateur du guet-apens qui a coûté la vie à sa belle-mère et à son chauffeur.
Le 6 mai 2014, Hélène Pastor, 77 ans, et Mohamed Darwich, 63 ans, avaient été mortellement blessés par balles, devant hôpital L’Archet à Nice où la milliardaire venait de rendre visite à son fils, Gildo.
Ce dernier, consul général de Monaco à New York, ne pourra pas être présent mais a demandé à être entendu en visio-conférence. Il entend réitérer sa "conviction de la totale culpabilité de Monsieur Janowski dans l'organisation de l'odieux assassinat de sa mère et de son chauffeur", écrit-il dans un communiqué.
Sa sœur, Sylvia Ratkowski-Pastor, qui partagea la vie de Wojciech Janowski pendant 28 ans, sera elle présente, assure son avocat, Me Dominique Mattei.
Juste après le drame, Wojciech Janowski avait avoué en garde à vue avoir commandité le meurtre mais il s'était ensuite rétracté, niant, durant les cinq semaines du procès en première instance, toute implication, en faisant valoir que ses aveux lui avaient été "extorqués" par les policiers.
Jusqu'au spectaculaire coup de théâtre de son avocat de l'époque, Me Éric Dupond-Moretti.
Le coach face à son ancien patron
"Wojciech Janowski est coupable d'avoir commandité l'assassinat d'Hélène Pastor. Ces mots que vous attendiez de lui sortent de ma bouche", avait lancé l'avocat, aujourd'hui ministre de la Justice. Dans le box, Janowski était resté muet, en pleurs. Le lendemain, avant le verdict, il s'était borné à dire qu'il n'avait "rien à ajouter".
Neuf mois plus tard, à l'été 2019, l'homme, que des témoins et l'accusation ont décrit comme manipulateur, provoquait un nouveau rebondissement en reprochant à Me Dupond-Moretti d'avoir plaidé coupable contre son gré.
Pour l'accusation, le mobile de Wojciech Janowski était avant tout l'argent : au bord du gouffre, il voulait s'approprier une partie de l'héritage laissée par Mme Pastor à ses deux enfants, Sylvia et Gildo.
Demain, comparaissent à ses côtés quatre autres protagonistes du guet-apens mortel.
Trois ont fait appel de leurs lourdes condamnations. Samine Said Ahmed, accusé d'avoir tiré, et le guetteur présumé, Al- Haïr Hamadi avaient écopé de la perpétuité.
Pascal Dauriac, le coach sportif que Janowski aurait chargé d'organiser les crimes, avait lui été condamné à 30 ans de réclusion.
Omer Lohore, un proche du guetteur accusé de lui avoir permis de recruter le tueur mais acquitté en première instance, comparaît aussi après un appel du parquet général.
Pascal Dauriac, le seul à avoir reconnu sa participation à la machination, reste le principal accusateur de Wojciech Janowski qui lui aurait ordonné, selon lui, de faire tuer la milliardaire et d'organiser le vol de son sac pour faire croire à un crime crapuleux.
M. Dauriac « assume » mais il a fait appel parce que « sans nier quoi que ce soit de sa culpabilité, la peine de 30 ans de réclusion est un petit peu élevée », estime son avocat, Me Jean-Robert Phung.
Et surtout, "avec la volte-face de Janowski, on ne pouvait pas être absent de la cour d'appel", ajoute-t-il.
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