Le postier volait dans les courriers

Un Mentonnais a comparu devant le tribunal correctionnel de Monaco pour le vol de valeurs dans les courriers qui lui passaient sous la main. L'agent de La Poste, licencié, a été condamné

J.-M. F. Publié le 25/06/2016 à 22:15, mis à jour le 25/06/2016 à 05:05
Cyril Dodergny

Un agent de La Poste de Monaco avait une manière originale de trier le courrier. Il palpait les enveloppes et, au jugé de l'épaisseur, il les ouvrait pour s'approprier frauduleusement leur contenu. Essentiellement des bons d'achat et des cartes cadeaux.

Aujourd'hui au chômage, ce Mentonnais de 33 ans a comparu devant le tribunal correctionnel pour vol. Il a été condamné à une peine de deux mois d'emprisonnement avec sursis. Il devra également verser à l'administration postale la somme de 2.500 € de dommages.

Identifié grâce aux caméras

La situation aurait pu perdurer longtemps. Mais c'est un retard dans un courrier qui a fait apparaître la rouerie du postier. En juin 2015, une dame adresse sous enveloppe deux bons d'achat de 100 € chacun à sa fille, en région parisienne.

Une semaine plus tard, la destinataire n'a toujours pas reçu le pli envoyé par sa mère. Cette dernière dépose une réclamation à La Poste de Monaco et proteste auprès de l'émetteur des formulaires.

Mais à l'issue des recherches, surprise, le terminal démontre une opération réalisée avec un des bons dans une grande surface de Fontvieille, le 2 juillet. Les enquêteurs de la Sûreté publique exploitent les images de la vidéosurveillance et repèrent vite l'importun. Le directeur de La Poste leur confirme que c'est un de ses salariés. Employé au centre de tri.

"Vous êtes interpellé sur votre lieu de travail, précise le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. On retrouve dans vos affaires des cartes cadeau, un carnet de tickets restaurant et les tickets de caisse correspondant aux paiements effectués avec le bon d'achat.

Plus deux enveloppes à destination des États-Unis et de la Norvège. Au cours de la perquisition à votre domicile, on découvre aussi l'autocuiseur et la tondeuse à barbe achetés dans la galerie commerciale de Fontvieille, des places de cinéma et des pièces de monnaie. D'où venait l'ensemble?"

« Des problèmes financiers »

Le prévenu reconnaît que la majorité des objets ont été dérobés au centre de tri. « Mais les pièces de collection m'appartiennent et les cartes cadeau m'ont été offertes par un ami ! »

Le président, étonné : « Vous n'aviez pas peur de perdre votre emploi pour pas grand-chose ? » L'homme acquiesce et avoue « ne pas avoir pensé aux conséquences sur le moment. J'avais des problèmes financiers. Je ne pensais pas me faire attraper. Aujourd'hui, je vis d'allocations ».

Le magistrat, stupéfait : « Drôle de façon de régler ses problèmes financiers ! Et les enveloppes pour l'étranger, vous pensiez que les destinataires, lointains, ne porteraient pas plainte?" Le prévenu réfute cette version: "Je n'ai pas eu le temps de les ouvrir…"

Il implore la clémence

Pour la partie civile, Me Alexis Mancilla, du barreau de Nice, juge "grave de constater pareil résultat après la prestation de serment ! Afin de ne pas ternir l'histoire de mon client avec la Principauté, je viens vous réclamer trois préjudices. Financier : 1.500 € ; d'image : 2.000 € ; dommages : 1.500 € ».

Quant au procureur général Jacques Dorémieux, il suggérera dans ses réquisitions, pour ce monsieur repentant, une peine de trois mois d'emprisonnement assortie du sursis. En finalité, le prévenu, sans avocat pour sa défense et sans casier judiciaire, implorera la clémence des juges.

Licencié par La Poste après les faits, il est toujours à la recherche d'un emploi. Le tribunal atténuera les réquisitions du ministère public et octroiera 2.500 € à la Poste.

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