Le dealer monégasque planquait la coke dans son slip

Un jeune de 22 ans a été jugé pour détention de drogue. Le tribunal lui offre une chance: s’il arrête de se droguer, il sera dispensé de peine. Sinon, ce sera la prison.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 10/08/2020 à 20:47, mis à jour le 10/08/2020 à 21:48
Les juges ont fait preuve de clémence à l'égard de ce jeune dealer présumé. Illustration V.R 

Cette affaire a replongé le tribunal correctionnel dans l’intimité de la drogue. Très intime, même, s’agissant d’un des deux dealers de cocaïne. Il avait planqué des sachets dans son slip… Sombre cachette secrète et inviolable. Mais peu sûre face à l’intime conviction des policiers monégasques, le 31 août dernier.

Ils sont interpellés dans la nuit, vers 1h30, dans les environs de la gare… À l’audience, seul un intérimaire (à l’époque des faits) de 22 ans est présent. L’autre, d’un âge équivalent et sans emploi, n’a pas jugé utile de faire le déplacement depuis Roquebrune-Cap-Martin.

Évidemment, il avait intérêt à faire le mort, avec une peine récente de trois mois de prison ferme à Monaco et dix-neuf condamnations sur son casier français.

"À ce prix, vous vous êtes fait avoir"

La présidente Françoise Barbier-Chassaing note que le prévenu est bien connu des services de la Sûreté publique. "Or, vous vous mettez dans une situation difficile. Pourtant, vous aviez l’air de vous être calmé en 2016. Pourquoi êtes-vous retombé dans la délinquance en faisant un saut pour rejoindre votre copain dans la station ferroviaire? Vous avez même de la chance de trouver un emploi dans l’administration en consommant à nouveau. Ce n’est pas sérieux…"

Le jeune Monégasque sait que silence et mensonges ne lui seront pas du meilleur secours. Alors, face aux juges, il joint la contrition à la volonté de ne plus commettre d’autres infractions sur les stupéfiants. "J’avais des problèmes… Je voulais faire comme les autres. Alors, j’ai acheté la coke et le cannabis pour 180 euros. Mais j’ai changé…"

Réaction éclair de la magistrate: "Pour quoi faire? Consommer? Revendre? Habituellement, ceux qui font du trafic mettent la drogue à cet endroit. De plus, à ce prix, vous vous êtes fait avoir. C’est étrange pour un consommateur… Vous vous rendez compte que vous participez à une économie parallèle qui pourrit la population comme un cancer?"

Le "contrat de confiance" du tribunal

Les ravages de la drogue sont également rappelés par la procureure Alexia Brianti qui regrette de retrouver ce compatriote devant le tribunal. "Outre son comportement déviant, agressif, on peut s’interroger sur une éventuelle revente. Je rappelle que l’importation et le transport de stupéfiants sont punis jusqu’à vingt ans d’emprisonnement. Comme le prévenu affirme se reconstruire, je requiers une peine assortie du sursis de quinze jours à un mois. Pour l’autre individu, vu sa personnalité et ses antécédents, ce sera deux mois ferme."

Dans une plaidoirie convaincante, Me Christophe Ballerio met en avant la sincérité et la spontanéité de son client face aux policiers comme devant les juges.

"Ne barrez pas la route de mon client"

"Le tribunal ne doit pas douter de sa parole. L’homme que je défends ne cherchait pas à cacher les pochons. Il n’avait aucune intention de les vendre. Atteint par des drames familiaux, il n’a pu supporter cette période difficile. Toutefois, aujourd’hui, il s’est inséré pour de bon et il s’est responsabilisé grâce à ses efforts. Ne lui barrez pas la route avec une sanction."

L’avocat sollicite in fine une peine adaptée où la clémence favoriserait les mots du pardon de son candidat à la réinsertion.

Le tribunal prononce un ajournement de la peine. "C’est un contrat de confiance, affirme la présidente. On fera le point le 1er décembre prochain, à 9 heures, avec le prévenu. Avions-nous eu raison? Si les résultats des analyses toxicologiques et la poursuite de son emploi sont satisfaisants, nous prononcerons une dispense de peine. Sinon, c’est la prison."


*Assesseurs: Jérôme Fougeras Lavergnolle et Florestan Bellinzona.

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