Le mal comme abîme ! C'est bien dans les profondeurs de la pédopornographie qu'avait sombré un capitaine de bateau entre janvier et novembre 2016. Pris dans cette tempête de la sexualité répréhensible, le sexagénaire au long cours s'était confié corps et âme le jour de sa comparution devant le tribunal correctionnel. Il espérait qu'une sanction des juges lui procurerait un arrimage salvateur, afin de stopper sa dérive, après la découverte de plusieurs centaines de fichiers à caractère pédopornographique téléchargés sur ses deux ordinateurs [lire nos éditions du 6 novembre dernier]. Il a été entendu.
Après en avoir longuement délibéré, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle a fait part de la condamnation : « Dix-huit mois d'emprisonnement assortis du sursis et liberté d'épreuve pendant trois ans ! »
La sanction, mesurée, adaptée, devrait aider l'officier à se hisser hors de cet enfer contemporain, avec toutes ses horreurs et turpitudes dont l'être humain est capable. Il avait eu, à l'époque, la mauvaise idée de choisir le camp des mœurs dépravés. Empêtré dans cette addiction mettant en scène des jeunes filles mineures, il n'avait jamais réussi à y échapper et il semblait vivre ensuite comme un banni. Il errait, en effet, depuis cette perversion initiée au moment de la séparation du couple parental.
« L'impression que le psychiatre ne pouvait pas faire grand-chose »
« J'avais huit ans, déclarait-il à l'audience. Par la suite, elle s'est amplifiée avec Internet. J'allais sur les sites aux contenus illicites sans avoir pour autant conscience du système, qu'en même temps que je téléchargeais je diffusais également. J'ai bien été voir un psychiatre. Mais j'ai eu l'impression qu'il ne pouvait pas faire grand-chose dans mon cas. »
Le magistrat répondait par une remarque assez forte pour déstabiliser la position sociale du coupable : « Pourtant, le juge d'instruction vous avait mis sous contrôle judiciaire avec obligation de soins. L'expertise psychiatrique avait démontré votre timidité et aucun comportement mental anormal. Quand vous aviez été arrêté, 406 téléchargements étaient en cours. C'était pour peaufiner le vice ? Comment pouviez-vous sauver votre couple avec de telles pulsions ? »
« Une peine ferme n'est pas la réponse »
Dans sa contrition parfaite, le capitaine assurait n'avoir jamais eu la déviance de passer à l'acte. « Je n'ai jamais été condamné. Mais depuis cette affaire, j'ai été licencié… » Alors, ces intentions répréhensibles étaient-elles un jeu pour susciter l'excitation. Peut-être un trouble de la préférence sexuelle ? Ou bien des maux confinés au chapitre des rêves ?
Cette attirance pour les fillettes pubères, abusées, apparaissait presque incompréhensible pour le procureur Alexia Brianti : « Quand on est capable d'en mesurer la portée ! Ce sont des agissements inacceptables. Mais une peine ferme n'est pas la réponse à apporter. Il faut un suivi afin d'arrêter cette déviance et que Monsieur ne recommence plus. Trois ans avec sursis, liberté d'épreuve et obligation de soins ! »
La plaidoirie de Me Sarah Filippi, imprégnée à la fois de justice divine et humaine, compréhensive et compatissante, aura-t-elle influé dans la décision des magistrats ? Le tribunal a diminué de moitié les réquisitions du ministère public.
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