Habituellement, il se montre sévère dans les affaires d’abus de faiblesse.
Cette fois-ci, le tribunal correctionnel a relaxé une auxiliaire de vie italienne de 57 ans, actuellement au chômage. Elle était au service d’une marquise d’origine slave depuis juillet 1988, décédée le 7 janvier 2016 à Monaco, où elle résidait, à l’âge de 86 ans.
Si une partie appelante ne se manifeste pas prochainement, l’employée devrait hériter d’un patrimoine d’une valeur de 5 millions d’euros.
À l’audience, il n’était pas facile de séparer le bon grain de l’ivraie dans les rapports entre la noble octogénaire et sa dame de compagnie. D’autant que les soupçons et dénonciations d’une des banquières, gérant à l’époque la fortune de la soi-disant victime, étaient vraiment alarmants. Notamment des retraits importants réalisés en numéraires.
Loyauté
Mais la prévenue a affiché loyauté et clarté dans ses réponses au président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. « On note un montant total de 295.000€ en espèces, retiré sur une période de six mois, en 2015, rappelle le magistrat. Puis le paiement d’une pierre précieuse à 160.000€, des bagues pour 280.000€. Pour les autres paiements, la carte American Express et les chèques… »
L’octogénaire, qui vivait seule depuis la disparition de son époux, avait l’habitude de « payer tout en espèces afin d’éviter les ponctions du fisc italien », assure l’auxiliaire. Qui réfute toute influence de sa part dans les établissements bancaires ou chez les bijoutiers.
« Je n’ai jamais pris la parole quand Madame accomplissait ses affaires. Pour la carte, j’avais le code, uniquement pour régler la pharmacie. Pour tous les autres paiements, comme les chèques, elle était toujours avec moi. Je les remplissais. Elle les signait. C’est vrai, j’ai eu des cadeaux : montres, fourrures. Elle m’a également prêté 10.000€ pour acquérir une Mercedes… »
"Aucun délit"
Le président fait état de quatre légataires universels. « Ils ont tous été écartés en septembre 2015. Vous restiez la seule héritière… » La quinquagénaire affirme : « Je ne le savais pas… »
Pour le premier substitut Cyrielle Colle, les faits ne sont pas assez caractérisés pour entrer en voie de condamnation. « Il n’y a aucune utilisation des moyens de paiement par cette dame. Les perquisitions n’ont rien donné. Il n’y a rien non plus sur le compte bancaire de cette dame. Dès que l’état de santé de la marquise s’est dégradé, il n’y a plus eu de retraits. Ni modification du testament. Le médecin a diagnostiqué une dépendance physique mais aucun trouble cognitif. »
L’héritière est une femme de ménage. Cela génère des questions pour la défense. « Dans cette affaire, l’un avait besoin de l’autre. Ma cliente n’a commis aucun délit, observe Me Christine Pasquier-Ciulla. La marquise était une femme coquette, toujours parée, maquillée, pomponnée. Le jour où elle a voulu retirer 300.000€ pour s’acheter un diamant rose, les banquières ont eu des soupçons. À part cela, il n’y a rien dans ce dossier qui tienne la route. Je ne comprends pas pourquoi nous sommes-là. »
Le tribunal s’est assez donné de temps pour mûrir sa décision et mettre fin aux poursuites.
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