Initialement condamnée en première instance à douze mois d’emprisonnement, dont neuf avec sursis, la Cour d’appel, dans son arrêt, a infligé au pourvoyeur la sanction d’un an ferme et trois ans d’interdiction du territoire monégasque.
À l’époque, la filière n’était pas facile à démanteler. Les rotations fréquentes du chauffeur et la proximité des intéressés évitaient l’utilisation du portable… Alors, la police monégasque commençait à pister un consommateur mentonnais, suspecté d’être au centre d’un trafic de stupéfiants. Remarqué sur son lieu de travail au Larvotto, il était souvent en compagnie du livreur tous les deux jours.
Des stupéfiants achetés à Nice
Or, ce dernier est connu de la justice française. Il a été condamné à de la prison ferme pour des affaires de drogue, de violences, de vols, de recel, et de conduite en état d’ivresse.
En prenant connaissance du dossier, les magistrats n’ont pas été dupes. L’employé d’une société de Carros, ne transportait pas uniquement des produits alimentaires. Quand il déposait la marchandise pour le compte d’un restaurant, "il en profitait pour remettre au destinataire le produit illicite. La drogue, achetée 50 euros le gramme dans un quartier de Nice, était négociée à 60 euros".
Cette “inflation” permettait à ce père de famille avec trois enfants de pallier les fins de mois difficiles. Ou encore de financer sa propre dépendance.
"Ce n’est pas Pablo Escobar !"
À la barre, le transporteur a minimisé sa responsabilité tout en reconnaissant des cessions, entre 60 et 80 euros le gramme, à son unique client. Cela étant, il n’avait aucune connaissance de la répartition des quantités comme des prix pratiqués, qui suivaient un mouvement ascendant logique au cours du partage avec les trois autres toxicomanes. Ce milieu en effet n’échappe pas aux règles de l’offre et de la demande.
Au moment de requérir, le ministère public a sollicité la même peine ferme de deux ans pour le livreur et dix ans d’interdiction de territoire.
Pour prouver le rôle infime du chauffeur dans ce trafic de cocaïne, son avocat a exhorté les juges à résister à la tentation de présenter son client "comme un Pablo Escobar. On n’a rien trouvé à son domicile. Il n’a pas le train de vie d’un grand trafiquant ! Il n’a pas un rond ! Aucune certitude sur les quantités vendues. Son job c’est livreur. Ne lui faites pas remettre un pied en prison…"
La Cour en a décidé autrement.
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