Le gérant de l'enseigne Monaco Watch était suspecté de vendre des montres volées. Il a comparu devant le tribunal correctionnel pour recel (voir Monaco-Matin du mercredi 29 mars).
À l'heure du délibéré, l'horloger, un Ukrainien naturalisé allemand, a été relaxé pour les montres exposées dans sa boutique du boulevard des Moulins.
A l'exception d'une « Patek Philippe » : les juges ont retenu l'infraction de recel de vol, après dénonciation de sa disparition par la victime et sa revente, entre-temps, par le coupable. Ils l'ont condamné à deux mois d'emprisonnement avec sursis et ont octroyé la somme de 15 000 € à la partie civile.
La justice avait ouvert ce dossier à la suite d'une plainte déposée par le plaignant qui avait remarqué dans la vitrine du magasin ses deux montres prestigieuses dérobées. Si la première, une « Jaeger-LeCoultre », lui a été restituée, la seconde a fait le bonheur d'un acheteur pour la somme de 11 000 €. À l'audience, après de deux ans d'enquête, le ministère public avait réclamé une peine de douze mois d'emprisonnement avec sursis, 100 000 € d'amende et la confiscation des montres.
« Un monde inhabituel et fortuné »
Au cours des débats, le président Florestan Bellinzona s'était intéressé à la fameuse montre non déclarée. Le gérant reconnaissait que « ce n'était pas très clair » et qu'il risquait « d'avoir des problèmes. Mais je ne voulais pas perdre les 8 000 € que j'avais versés pour la Patek Philippe ». La partie civile, en rage, ne supportait pas de pousser la complaisance jusqu'à la bassesse.
« Comment peut-on se présenter dans la boutique pour vendre cette montre sans aucun document ? tonnait Me Déborah Lorenzi-Martarello. On offre 8 000 € en liquide et on promet 500 € de plus si on apporte un certificat ! Il était impossible que Monsieur ne connaisse pas son origine frauduleuse. Pourquoi ne l'a-t-il pas rendue ? Il n'avait pas beaucoup de vergogne sur celles déposées… La plupart de ses vendeurs ont des casiers judiciaires longs comme le bras. Mon client sollicite 30 000 € en tout ! »
Le premier substitut Olivier Zamphiroff acquiesce. « Le prestigieux chronographe est vendu à un Italien non identifiable. Cet homme s'entoure de bons larrons pour l'aider à redonner une authenticité aux montres. Tout est trouble dans ses déclarations et évolutif. » Et de requérir en finalité une peine exemplaire. Me Thierry Fradet, du barreau de Toulon, intervenait pour rappeler : « On est dans un monde inhabituel et fortuné. Mon client n'a commis aucune faute. Il ne sait pas que les montres ont été dérobées. Pour la plupart, il ne les a pas eues dans les mains. C'est son père… C'est d'ailleurs un casse-tête ! Le doute doit lui profiter. »
Le tribunal en a jugé autrement.
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