Hémal, un quinquagénaire résidant à Dubaï, est ressorti du tribunal correctionnel menotté et entouré de policiers. Il est en détention à la maison d’arrêt depuis ce mardi matin pour avoir échangé, le 2 juin 2015, 350 faux billets de 100 euros contre des jetons au Sun Casino. Il lui a suffi, à l’époque, de passer à la caisse pour convertir sa monnaie de singe en 35 000 € déclinés dans des coupures authentiques, évidemment… Pourtant, le jour de son procès, cet aristocrate indien se prétendait toujours innocent et victime d’une ténébreuse machination. Il a été condamné à un an de prison ferme, il a été arrêté à l’audience et envoyé derrière les barreaux.
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Pour sa part, son avocat, Me Nino Parravicini, du barreau de Nice, convaincu de la bonne foi de son client, espérait la relaxe. "Il a dépensé en Principauté quelque 300.000 euros, rappelait-il. La somme ne montre-t-elle pas l’ampleur de son addiction au jeu? Les 35.000 euros en faux billets? Il a tenu a indemnisé la SBM dès sa connaissance de l’affaire. La caution? Il a payé les 100.000 euros dans la journée. Le dossier autrichien? L’affaire du Casino de Salzbourg, avec une mise constituée de 450 faux billets de 100 euros, a été classée sans suite et aucun délit reproché. Cet homme ne s’est jamais comporté comme un délinquant. Il n’est pas responsable."
Le joueur fera appel du jugement
C’est la raison pour laquelle son conseil a confirmé aussitôt qu’il faisait appel de la décision. Il est utile de rappeler cependant que le joueur, "étiqueté bon client au casino", était absent à la première audience du 17 avril 2018. Les juges l’avaient condamné à une peine de deux ans de prison ferme par défaut et obligation d’indemniser la partie civile, avec mandat d’arrêt.
Extradé d’Allemagne le 26 novembre dernier, il arrivait en Principauté pour être incarcéré. Le détenu faisait aussitôt opposition au jugement. Laissé en liberté sous caution, avec interdiction de sortir du territoire en attendant sa prochaine comparution, il se trouvait enfin à la barre pour quatre heures d’audience.
Face aux propos révélateurs du président Jérôme Fougeras-Lavergnolle et du premier substitut Cyrielle Colle sur sa connaissance de l’origine des fausses coupures, le prévenu apparaissait indigné des infractions reprochées.
"Pourquoi jouer avec des billets contrefaits? J’ai une fortune personnelle. J’ai assez de sang royal et de liquidités disponibles pour ne pas tremper dans ce genre d’affaire. C’est ma collaboratrice qui s’est occupée de changer les francs suisses en euros. D’ailleurs, elle n’est plus à mon service depuis qu’elle m’a volé. J’ai porté plainte. Je ne sais pas quoi vous dire sur la provenance de cet argent médiocre."
Le tribunal double la peine requise
Les magistrats ont plutôt la conviction d’être face à un individu habitué au double jeu de la contradiction et de la mauvaise foi. Il serait immensément fortuné avec de nombreuses sociétés. Or, les documents fournis attestent son statut d’administrateur d’une seule. Ses cartes bancaires émises en 2008 et 2009 sont périmées. Les Bentley et Rolls-Royce ? On peut en douter, car ce richissime personnage ne communique aucun élément sur son immense fortune.
Le ministère public souligne même une procédure de chèque sans provision aux États-Unis datée de 2015, puis une vente de diamants, la même année, afin de prouver une défaillance. Il sera requis six mois d’emprisonnement ferme et en cas de sursis le tribunal devra prévoir une forte amende. Ce sera un an de prison ferme !
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