Jugé à Monaco, l'agent sportif est-il un escroc ou une tête en l’air?

Un Italien est soupçonné dans plusieurs affaires d’utilisation de faux documents, d’émission de chèques sans provision et d’ordres de virements illusoires. Son jugement sera rendu le 10 mai.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 12/04/2022 à 14:00, mis à jour le 12/04/2022 à 12:42
Le substitut a demandé une peine d’emprisonnement d’un an pour le prévenu et deux mois avec sursis pour sa compagne. Photo archives NM

Retour sur la scène judiciaire pour un agent sportif et gérant de société italien, après son opposition à un précédent jugement. Condamné par défaut, à l’époque, à deux mois avec sursis et au versement d’une somme de 3.052 euros à la partie civile, le prévenu a affirmé cette fois à la barre avoir effectué l’intégralité des paiements délictueux… à la veille de l’audience. Bénéficiera-t-il pour autant de clémence? Les mauvaises intentions reprochées auraient-elles pour origine des erreurs involontaires? De la simple négligence sans mauvaise intention? Voire des incompréhensions comme il a été soutenu par le quinquagénaire?

Car devant les juges, ce personnage assez théâtral a réfuté tout dessein d’escroquerie. Ce sera au tribunal de séparer le bon grain de l’ivraie afin de rendre sa décision dans plusieurs semaines, vacations judiciaires obligent.

De multiples infractions retenues dans les trois dossiers

Le 16 juin 2020, l’agent sportif négociait un contrat de voyage avec la SAM Platinium Group. Pour sceller l’accord, il remettait un chèque de 40.000 euros afin de lancer des réservations pour des joueurs.

L’agence, confiante, effectuait les démarches auprès du Monte-Carlo Bay pour retenir cinq chambres, et d’Air France pour quatre billets d’avion. Elle puisait les 7.745 euros pour financer l’opération dans ses fonds propres. Entre-temps, le comptable déposait le chèque à l’encaissement, sans se douter un instant qu’il était lié à un compte postal clôturé depuis le 15 novembre 2015. "C’était celui de votre épouse, note le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. Vous n’étiez pas au courant? Quand l’agence vous fait part de ses réclamations, vous lui adressez une capture d’écran d’un virement de la somme engagée. C’est un faux!"

L’intéressé reconnaît erreurs, négligences et incompréhension. Dans le deuxième dossier, il est question d’un appartement en location à l’Europa Résidence payé avec un chèque en bois de 29.000 euros, au préjudice de l’agence Gramaglia. "Le syndic dépose plainte le 27 novembre 2020, poursuit le magistrat. Que répondez-vous pour des locataires prêts à mettre 144.000 euros par an?" Ce serait encore une erreur d’avoir utilisé deux chèques signés d’avance dans le carnet d’un compte clôturé appartenant à son épouse, d’après le prévenu. "Et ceux de 3.100 euros et 29.180 euros tirés sur une société dont vous étiez le gérant et liquidé en janvier 2017?", rappelle le magistrat. Ils n’étaient pas destinés à être encaissés affirme le Transalpin. "Pourtant, l’agence a attendu un an pour les présenter", avance le président.

Dernier chapitre: la location d’un jet privé auprès de la SARL MonacoJets Private Flying pour rencontrer des joueurs de foot à Liège (Belgique).

"La aussi, coche le président, vous donnez le numéro d’une carte bancaire d’une société anglaise dont vous étiez le bénéficiaire économique. Mais l’enquête va démontrer qu’en mars 2021 il n’y avait pas la somme nécessaire pour effectuer le règlement. Vous proposez à nouveau un ordre de virement et c’est un faux ! Vous faites l’acquisition d’un sac Hermès d’une valeur de 28 000 euros, et vous fournissez au gérant de Monte-Carlo Antiquités le même faux ordre de virement utilisé pour la location du jet privé. Deux ordres avec un numéro identique, c’est impossible. Enfin, vous vous acquittez de billets de train, d’un montant de 31 326 euros pour des déplacements, toujours avec un faux ordre de virement au nom de votre propre père. Alors?"

Tout a été réglé, rappelle encore le prévenu. "Sauf dans ce dernier cas j’ai volontairement omis le versement de 6.000 euros, car des billets étaient destinés à des voyous du football marseillais. "

"Monsieur est malhonnête"

Après la jonction des trois dossiers, le substitut Emmanuelle Carniello se demande s’il faut faire confiance au prévenu après autant de faux entrepris avec un aplomb non dissimulé. "Jusqu’où ce personnage est prêt à aller. Il a sa version. Des infractions? Non! Des erreurs! C’est presque naturel de produire des faux. Monsieur est malhonnête. A l’écouter, c’est presque la faute des victimes! Un an ferme pour l’ensemble de son œuvre. Deux mois avec sursis pour son épouse."

Pour la défense, après des prolégomènes nécessaires à la compréhension de la personnalité de son client, il faut passer aux choses sérieuses. "Cet homme a payé l’intégralité des sommes reprochées, déclare Me Jean-Denis Flori, du Barreau de Nice. Quel est l’intérêt de le poursuivre quand on connaît sa situation ? Les principales infractions n’existent plus. Prononcez une peine avec sursis où le prévenu aura compris le sens de la condamnation. Pour son épouse, ce n’est pas elle qui a remis les chèques sans provision d’une banque postale en France. Entrez en voie de relaxe!"

L’affaire est mise en délibéré jusqu’au mardi 10 mai, à 14 heures.

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