C’est une affaire de mésentente superficielle! Mais envenimée par des égocentrismes démesurés!
L’abus de mots blessants et l’exagération des facultés réciproques ont conduit en effet deux jeunes Niçois devant le tribunal correctionnel, cités à la fois en tant qu’auteur et victime d’une altercation musclée.
Le 25 février 2020, vers 16h30, dans le parking du centre commercial de Fontvieille, la manœuvre hasardeuse d’un manager de 35 ans au volant de son véhicule provoque la colère d’un autre conducteur à la recherche d’un emplacement de stationnement.
Face à l’irritation de sa compagne indignée par l’attitude impertinente du second personnage, un hôte d’accueil de 26 ans sort de l’habitacle. Visiblement, il n’est pas content. Il est même plutôt furieux. Les deux adversaires s’insultent, se provoquent et en viennent rapidement aux mains. Chacun, conscient d’être agressé, cherche à se défendre. Au point d’invoquer à tour de rôle la légitime défense à l’audience.
Pour l’apprécier, le président Florestan Bellinzona intervient et écoute les doléances des deux prévenus.
"Se battre comme des chiffonniers"
"Après un coup de poing au visage, l’autre conducteur cherchait à m’étrangler, prétend le manager. Sa femme m’a tapé avec son pied au niveau du tibia. Des gens sont venus nous séparer. J’ai dû aller à l’hôpital pour être soigné. Cela a entraîné une ITT de trois jours. J’ai porté plainte le surlendemain, car mon épouse venait d’accoucher".
L’hôte d’accueil parle également de violences à son encontre. D’où la raison pour sortir de ses gonds: "D’un coup de tête, je vais te défoncer, rapporte-t-il, avec une interruption temporaire identique".
Comment séparer le bon grain de l’ivraie?
Le premier substitut Cyrielle livre sa version dans ses réquisitions. "Se battre comme des chiffonniers! Les faits me glacent! Les propos sont totalement contradictoires. Toutefois, c’est le véhicule de l’hôte d’accueil qui a perturbé la manœuvre. Rien ne justifie de réagir de cette façon. Si ce dernier n’était pas sorti de sa voiture, il n’y aurait eu aucune altercation. Dès lors, ce personnage ne peut pas se prévaloir de la légitime défense car il est à l’origine de la dispute. En revanche, il n’est pas démontré que le manager était dans l’obligation de porter un coup de poing pour se sortir de cette situation. Il n’a pas cherché à éviter l’altercation. Leur condamnation doit remettre les choses dans l’ordre".
Des peines d’amende avec sursis et ferme
Cette affaire de coups et blessures réciproques est donc sanctionnée respectivement par deux amendes de 2.000 euros et 1.000 euros pour les prévenus.
Le tribunal n’a pas totalement suivi cet avis. Des peines d’amendes, respectivement de 500 euros avec sursis et 2.000 euros ferme, sont prononcées.
Plus un versement mutuel de 500 euros pour les demandeurs.
Défenseur du manager, Me Yann Lajoux considère son client comme l’unique victime et chiffre le préjudice à hauteur de 3 000€ pour les dommages causés.
"Monsieur n’est pas l’initiateur. Il venait au MacDo pour se restaurer avec un sandwich. Il a dû relever l’immatriculation afin de déposer plainte. Sur le fond, cet homme n’a fait que se défendre dans le cadre d’une expédition punitive entreprise par un couple agressif…"
In fine, l’avocat plaide la relaxe.
Son contradicteur, Me Xavier-Alexandre Boyer, conseil de l’hôte d’accueil, souligne les conséquences identiques au niveau du certificat médical.
Puis il soulève une contradiction sur le déroulé des faits. "Quand tout le monde s’est énervé, mon client n’a pas porté le premier coup. L’excuse de provocation serait réciproque pour un problème de stationnement qui dégénère. Vacataire au Grimaldi Forum, cet homme n’a aucun revenu. Préférez le sursis et ramenez les demandes adverses à de plus justes proportions. Notre préjudice est chiffré à 1.500 €."
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