Ivre, le pilote du scooter renverse un piéton qui traverse à l’aveugle à Monaco

Un conducteur de scooter en défaut de permis et alcoolisé a renversé un piéton, alcoolisé lui aussi, qui traversait le boulevard Albert-1er, les yeux rivés sur son portable

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 12/02/2020 à 10:30, mis à jour le 12/02/2020 à 09:30
Le conducteur du scooter et le piéton étaient tous les deux ivres : le premier roulait trop vite, le second a traversé ici sans prévenir. (Illustration Arnault Cohen) Photo illustration Arnault Cohen

L’huissier audiencier appelle un ressortissant italien. Il comparaît devant le tribunal correctionnel pour avoir renversé un piéton sur le boulevard Albert-Ier, au niveau de l’Automobile Club. Le 29 septembre 2019, vers 4 h, il pilotait un TMax à grande vitesse. Ce serveur de 34 ans n’a pas pu réagir au moment où un jeune homme s’engageait au pas de course sur le passage protégé.

Les services de secours, alertés, pratiquaient les premiers soins d’urgence aux deux personnes allongés, mais conscientes, sur la voie publique. Gravement blessées, elles étaient transportées à l’hôpital Pasteur, à Nice, où elles séjourneront entre quatre jours et une semaine pour le conducteur du deux-roues.

"Après, c’est le trou noir"

Prévenu et victime sont côte à côte à la barre. Le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle (*) est direct : "Vous étiez ivres tous les deux avec quelque 2 grammes dans le sang ! », demande-t-il au pilote du scooter. "J’ai bu au moins trois vodkas, indique l’intéressé. J’ai été surpris quand le piéton a surgi brutalement. Après c’est le trou noir. Je me suis réveillé à l’hôpital Pasteur."

Pour le magistrat, la vitesse excessive est une faute majeure. Mais l’histoire de conduire avec un permis italien n’est pas claire. "Le document français m’avait été retiré, explique le prévenu. Je devais le repasser. Alors j’avais conservé l’autre entre-temps, délivré lors de l’achat du TMax…" Le président n’est pas d’accord sur l’usage d’un tel subterfuge pour dissimuler une carence. "Vous devriez avoir un seul permis puisque vous résidez à Beausoleil. Je vous invite à faire le nécessaire rapidement auprès des autorités françaises."

C’est au tour du plaignant. "Vous traversiez en courant, alcoolisé, et vous consultiez votre portable", note le magistrat. Le jeune homme réduit ses commentaires en six mots : "Je ne me souviens de rien…" Son conseil niçois intervient aussitôt. "Mon client, placé sous comas artificiel, a arrêté son emploi pendant plus d’un mois. Aujourd’hui, il est toujours en soins. Il sollicite un préjudice de 3 000€ et une expertise."

Mais avec pareil taux, les gravités et conséquences connues, le premier substitut Olivier Zamphiroff va sévir dans ses réquisitions. "Quand un primo-délinquant roule avec un permis inadapté pour la conduite de son scooter, c’est clairement un délinquant de la route. Et surtout pas un bon élément qui va recevoir une promotion de son patron. Vous prononcerez une peine de deux mois assortie du sursis, une amende à hauteur de 1 500€ et une contravention à 45€."

"Partage des responsabilités"

La défense prend le contre-pied des affirmations du représentant du parquet. Me Sarah Filippi reproche le manque d’objectivité et la volonté de noirceur de son client dans ce dossier. "C’est un employé modèle qui a énormément travaillé pour cette période du Yacht Show. C’est un homme sans histoire qui a eu un accident et qui assume sa responsabilité. Aucun élément apparaît clairement sur la vitesse excessive. Il aurait dû ralentir ? Dont acte ! Pourquoi pareille amende ? Je demande un partage des responsabilités ! Car la victime, alcoolisée, a participé à son propre préjudice."

Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public, mais réduit l’amende au dixième de la somme requise, 150€, et fait droit aux demandes de la partie civile.

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