Quelques rares exceptions ont démontré que chez l'être humain l'organisme pouvait sécréter quelquefois de l'éthanol à partir de sucres ingérés au cours de repas. C'est le "syndrome d'auto-brasserie". Mais aucune fermentation du genre n'affecte le retraité mentonnais venu soutenir devant le tribunal correctionnel que la boisson n'est pas la cause de son alcoolémie constatée avec 0,59mg/l.
Ce sont pourtant les raisons évoquées très sérieusement à l'audience afin de pallier son ivresse! Le cas apparaît particulièrement comique. Mais il est loin d'avoir fait rire les juges…
Cette histoire rocambolesque est liée à une conduite hasardeuse. Le 25 octobre dernier, vers 1 heure, sur le boulevard du Larvotto, plus connu sous la dénomination de "voie rapide", un véhicule se déporte plusieurs fois sur la chaussée.
Les policiers constatent cette trajectoire sinueuse et contrôlent la personne au volant. C'est un septuagénaire. Il est ivre.
Conduit à la Sûreté publique, il relate une soirée au Café de Paris où il a bu trois verres de rosé et une coupe de champagne… "Les écarts de votre véhicule résultent de l'effet de la boisson", pressent le président Jérôme Fougeras Lavergnolle.
"J'allumais la radio"
"Pas du tout, assure avec aplomb le prévenu. J'allumais la radio…" Le magistrat sceptique : "Pourtant vous étiez une fois et demie au-dessus du taux délictuel…" Cela n'a aucun rapport pour le fautif. "Je n'étais pas saoul. Mon cardiologue m'a prescrit du Kardégic et quand j'en prends cela fait monter le taux. C'est simple! Je vous le répète : je n'étais pas ivre…"
Le président sur un ton sérieux: "Je ne suis pas médecin. Mais après quatre verres, votre alcoolémie est cohérente. N'oubliez pas: au bout du troisième verre on est bon!"
Le procureur Alexia Brianti a entièrement raison de souligner que ce genre d'assertion est devenu récurrent à la barre: "On entend trop souvent de la part des mis en cause qu'ils se sentent en état de conduire et ils réfutent la moindre ivresse. Combien il est désagréable et inquiétant de ne pas avoir conscience du danger. Je doute que les zigzags aient un rapport évident avec le réglage du poste de radio…"
Au moment de requérir une peine de 800 euros d'amende et une contravention à 45 euros, la représentante du parquet "espère cette comparution bénéfique, afin de réfléchir à l'heure de la prochaine sortie au restaurant".
Évidemment, la répression réclamée mécontente le retraité qui réaffirme: " Je n'ai pas zigzagué et on ne m'a jamais signalé que j'étais ivre!"
Finalement, le tribunal relaxera le prévenu pour l'infraction de défaut de maîtrise et le condamnera à une amende de 500 euros avec sursis pour l'ivresse au volant.
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