Fin de soirée mouvementée au Quai des Artistes, le 14 décembre 2019.
Une jeune Biélorusse, bien alcoolisée, s’est jetée sur un client de l’établissement et l’a mordu jusqu’au sang, à l’abdomen. Au point de trouer ses pull-over et tricot de peau.
A priori, cette femme n’avait aucune dent contre ce consommateur, également éméché, assis à la même table.
Une rencontre amicale gâchée autour d’un verre qui se voulait pourtant festive et un jour d’ITT pour le plaignant, prêt à se constituer partie civile à l’audience.
"Des Tchétchènes vont brûler le bar"
"Je ne connaissais pas cette femme, affirme-t-il. Elle était agitée, au point de déclencher l’intervention des serveurs pour la calmer. J’ignore ses raisons pour me blesser de cette façon. J’ai eu très mal. Mais aucune réaction violente de ma part. Le lendemain, au CHPG, on m’a délivré un certificat médical."
Afin de compléter l’instruction du dossier, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle fait part du témoignage du chef-barman.
"Ce soir-là, une dame avait un comportement bizarre. Énervée, elle a jeté son quatrième verre d’alcool au sol. Puis je l’ai vue mordre le ventre du client. Difficilement maîtrisable, je l’ai ceinturée pour la sortir de force de l’établissement. Elle se débattait et répétait: “Je vais vous ramener des Tchétchènes pour vous brûler le bar”. Je l’ai maintenue au sol jusqu’à l’arrivée des policiers..."
Qu’en pense la prévenue, célibataire au chômage à cause de la pandémie? Le comportement de la victime serait la cause de ce désordre.
"Cet homme n’est pas un étranger. Je suis amie avec sa copine, précise-t-elle avec arrogance. Il a commencé à me faire des avances. Agacée, je l’ai envoyé balader fermement. L’alcool aidant, je me suis emportée. Mais il continuait. Des affaires avaient disparu de mon sac. Tout s’est alors envenimé…"
"Et la blessure?", demande le magistrat.
"Je ne conteste pas avoir été violente. Mais je ne me souviens plus de ce qui s’est passé. Le lendemain, j’avais des traces de coups sur mon visage. Ce Monsieur voulait-il se venger de mon refus et d’avoir gâché sa soirée? Je pensais que chacun aurait pu assumer ses responsabilités, sans mêler la police et la justice. Je regrette mon comportement…" La partie civile enchaîne sur l’incompréhension des réactions.
"Elle ira se sevrer à la maison d’arrêt"
"L’important, pour Me Thomas Brezzo, c’est l’alcool. Il est à l’origine des agissements de la prévenue et de sa férocité. Pour les marques noirâtres sur la peau, la douleur de mon client et l’ITT d’un jour nous réclamons l’euro symbolique, 500 euros pour les vêtements de marque déchirés."
Le premier substitut Julien Pronier, pour sa première audience correctionnelle depuis son arrivée en Principauté le mois dernier, estime que la prévenue a toujours minoré sa responsabilité.
"L’alcool est une circonstance aggravante. L’intéressée connaissait les conséquences face à une consommation considérable de boissons. Elle est connue pour des faits de violences en France. La prochaine fois, elle ira se sevrer à la maison d’arrêt. Un mois avec sursis."
Le tribunal s’en tiendra à 600 euros et 1 euro pour le demandeur. Il est bon de citer Montaigne: "Le pire état de l’être humain, c’est quand il perd la connaissance et le contrôle de lui-même".
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