Unis par les liens du sang, ils le sont désormais aussi par leur destin judiciaire. Marc et Patrick B., deux frères résidant à Cagnes-sur-Mer âgés d'une trentaine d'années, ont été mis en examen et placés en détention provisoire hier soir. Ils sont suspectés d'avoir alimenté le marché de la drogue avec une denrée plus rare - au moins dans les affaires judiciaires - que le cannabis ou la cocaïne : la MDMA.
Pays-Bas, Côte d'Azur, Etats-Unis. Tel serait l'itinéraire emprunté ici par la méthylènedioxyméthamphétamine - la MDMA donc, amphétamine plus connue dans sa version comprimé sous le nom d'ecstasy. C'est un trafic original et transatlantique qu'a démantelé la police judiciaire de Nice, grâce à une enquête menée par-delà les frontières.
La face cachée du web
L'affaire part d'un signalement en provenance de Miami, émanant de la direction de la coopération internationale. Une ressortissante américaine est interpellée, après avoir reçu des colis contenant plusieurs kilos de MDMA à Chicago. Des colis en provenance du sud de la France, en l'occurrence Cagnes-sur-Mer.
Le parquet de Grasse confie l'affaire à la police judiciaire de Nice. L'enquête menée par la brigade des stups va explorer les coulisses d'Internet, à savoir le darknet, cet espace d'échange virtuel basé sur la discrétion des internautes, très prisé par les trafiquants de tout poil. Dans ce dossier, c'est par le darknet que transitaient les bitcoins, cette monnaie d'échange dématérialisée, afin de rémunérer les livraisons de drogue.
Darknet, bitcoin, comptes à l'étranger... « On est véritablement dans une entreprise mondialisée », constate le procureur adjoint de Grasse, Philippe Toccanier. Mais tout cet ingénieux stratagème n'aura pas suffi à tromper la police judiciaire. Mardi dernier au matin, les limiers niçois font irruption chez les deux frères, respectivement âgés de 31 et 33 ans, invités à venir s'expliquer à la caserne Auvare.
Gélules par centaines
Les perquisitions s'avèrent fructueuses. Les policiers saisissent 1,6 kg de MDMA, une quantité rare lors de telles saisies. Mais aussi 324 gélules - chacune d'entre elles pouvant s'écouler 5 à 10 e. Une petite quantité de cannabis, du produit de liquéfiant et quelques espèces complètent l'inventaire. Simple aperçu d'un trafic qui s'évaluerait en dizaines de kilos.
A ce stade des investigations, la PJ a établi que les deux frères se fournissaient aux Pays-Bays, réexpédiaient une partie de la drogue aux Etats-Unis et écoulaient le reste dans le milieu des nuits azuréennes, tout en alimentant leur consommation personnelle. Peu connus de la justice, les voilà mis en examen dans le cadre d'une instruction pour importation, exportation et trafic de stupéfiants.
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